Commémorations à Fossemagne, Azerat et Thenon

Commémorations à Fossemagne, Azerat et Thenon

Trois commémorations ont été organisées sous l’égide de Dominique Bousquet, Conseiller général, Président de la Communauté de communes du Terrasonnais en Périgord Noir, Thenon, Hautefort, sur le lieu d’un maquis du Groupe Roger de l’Armée Secrète (AS) à Fossemagne, à Azerat ou un résistant de l’AS a été tué lors d’un accrochage avec un convoi allemand et, enfin, à Thenon, au Poteau d’Ajat, ou le nouveau chef départemental des opérations des Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF) et deux autres résistants ont été tués au combat

A Fossemagne

C’est Pierre Gaillard, Président du Comité de l’ANACR de Montignac, qui a rappelé l’histoire des maquisards dont les noms figurent sur la stèle implantée à l’emplacement du camp du groupe Roger auquel ils appartenaient. 

Ce détachement de l’Armée secrète (AS) a atteint une centaine de membres en juin 44. Il s’est distingué dans les opérations de sabotage de la voie ferrée Périgueux – Brive et le 9 août 1944 dans les barrages organisés pour arrêter la colonne allemande appelée en renfort par la garnison de Brive-la-Gaillarde. 

Elie Chatelier, dit Chastaing, 30 ans, de Périgueux, chef en second de la formation, est capturé lors d’une tentative de délivrance de prisonniers à Périgueux. Il est exécuté le 16 août à la caserne du 35ème Régiment. Son nom figure sur le mur des fusillés.

René Victor Heitzler, né en 1926 à Colmar avait été incorporé d’office dans le division Das Reich mais avait pu déserté alors qu’elle stationnait à Souges près de Bordeaux. Son périple pour rejoindre le maquis périgourdin et les circonstances de sa mort, survenue probablement accidentellement, ne sont pas connus.

9 août 1944 à Azerat:

La R.N. 89 a été le lieu de nombreux accrochages entre Allemands et Résistants. Entre Thenon et Azerat s’élève une stèle qui porte le nom de FAVARD Edgar, 21 ans, tué au combat, au cours de l’attaque par l’A.S., d’un convoi allemand parti de Périgueux et se dirigeant vers Brive. Ce convoi fut harcelé sur tout le parcours par les F.F.I.

31 mars 1944

La Dordogne doit faire face à la terrible opération menée par la division Brehmer, dépêchée par le commandement allemand pour tenter de briser la Résistance et empêcher la population de lui porter assistance. C’est que l’ennemi a pris conscience des coups portés à son effort de guerre.

Malgré les terribles exactions auxquelles elle se livrera, cette sinistre division échouera dans son désir de détruire la Résistance.

Le 31 mars 1944 au petit matin, les maquisards Francs-tireurs et Partisans de Gardette de retour vers leur base atteignent les abords de la RN 89, au lieu-dit Bellevue. Ils sont chargés de leurs sacs, des armes et des munitions. La marche de nuit a été pénible et ils se reposent un instant avant de traverser la dangereuse Nationale. Aux côtés du chef départemental Jean-Baptiste Delord qui vient d’être nommé en Dordogne commissaire aux effectifs, en remplacement d’André Bonnetot, parti à l’inter région, il y a notamment Samson Roche et Jean Givord, deux figures connues du maquis. Le jour s’est levé depuis un bon moment et des précautions supplémentaires s’imposent pour aller de l’avant.

Aussi est-il décidé que le franchissement de la route sera effectué séparément, avec intervalles entre chaque passage. Roche, puis Givord passent.

Qu’est-il advenu derrière ?

On le saura un peu plus tard, grâce surtout aux habitants situés à proximité, témoins bien involontaires de la scène, et qui ont eu à en souffrir cruellement.

Ce matin-là, en effet, un des éléments de la division Brehmer fait une station sur le plateau, avant de poursuivre sa progression vers Thenon et Terrasson. A une centaine de mètres de l’endroit où les maquisards ont décidé de franchir la route, une ou plusieurs automitrailleuses, masquées à leur vue par le virage, surveillent les alentours… Et leur mortelle présence n’a malheureusement pas été décelée. Si les deux premiers n’ont pas été immédiatement aperçus, il n’en sera pas de même pour les suivants, qui vont servir de cible. Tous les membres du groupe, sauf un qui rebroussera chemin, réussissent cependant à traverser la chaussée. Mais les trois derniers, avec Jean-Baptiste  Delord, se sont jetés dans les vignes, alors présentes à cet endroit et qui n’offrent pas un très bon couvert.

On ne connaîtra jamais exactement comment le nouveau responsable départemental et les deux autres garçons ont été touchés. Mais il apparaît que, voyant leur fuite compromise, ils ont, à un moment donné, fait face aux soldats qui s’étaient lancés à leurs trousses. La durée de l’engagement en témoigne et les gens du voisinage ont nettement perçu les tirs partant de la vigne, ainsi que les explosions des grenades défensives lancées en direction des assaillants. Perdu pour perdu, Delord a eu, selon toute vraisemblance, l’ultime réflexe de fixer l’adversaire afin de permettre à ses camarades de s’échapper. Le bilan est cependant très lourd. Jean-Baptiste Delord, 24 ans, et Jean Nadal, 21 ans, sont tombés au pied d’un cep. La troisième victime se nomme Jacques Tête, un garçon venu de Normandie. Il sera capturé vivant. Gravement blessé à un pied, il n’a pu aller plus avant.

Plusieurs fermes sont situées à quelques centaines de mètres du lieu de l’accrochage. La troupe allemande, en proie à la plus vive excitation, fait irruption dans celles-ci au cours des minutes qui suivent le début de l’accrochage.

Des occupants vont être embarqués et leurs maisons pillées, comme chez les Mercier et les Dubreuil. Ils seront libérés grâce à l’intervention courageuse du Maire René Salon.

Parmi les libérés, M. Dubreuil, paisible octogénaire est pourtant arrêté à nouveau sur la route. Le véhicule l’emportant bifurque sur la voie qui mène aux deux fermes de la Banargerie… desquelles s’élèvent des volutes d’épaisse fumée. Et quand leur parviennent les échos d’une courte rafale d’arme automatique, ils pressentent, qu’un crime vient d’être commis.

Ce n’est que le 8 avril que l’affreuse vérité sera découverte. Le corps calciné du malheureux octogénaire gît sous les décombres noircis de sa maison. L’on ne saura jamais s’il était déjà mort à ce moment-là.

Mais revenons à ce matin du 31 mars à la mairie, où Jacques Tête, blessé, est « questionné » et roué de coups. Ses gémissements de douleur ont été rapportés par les témoins qui ont entendu crépiter les armes derrière l’immeuble communal, où il a finalement été exécuté.

Les bourreaux vont dissimuler la tête tuméfiée de leur victime dans un sac et ils « réquisitionnent » deux employés de la mairie, pour la manutention de son corps ainsi que ceux des deux autres maquisards qui sont récupérés. Les trois corps sont placés sur un tas de fagots entreposés dans une dépendance.

Les allemands allument les feux. La ferme et ses bâtiments attenants ne seront bientôt plus que ruines fumantes.

Les restes des trois FTP, affreusement calcinés, seront découverts le lendemain 1er avril et une sépulture provisoire leur sera donnée, immédiatement après le départ de la force répressive.

Après le dépôt de gerbes et le rappel des faits par Jean-Paul Bedoin, président du comité départemental de l’ANACR, les participants se sont rendus à Thenon pour un hommage complémentaire aux quatre juifs assassinés par les nazis dont les noms figurent sur une plaque inaugurée récemment, adossée au Monument aux Morts. 

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