Transmission au Palace

Comme chaque année, une cérémonie a été organisée, ce 10 mai 2025, au Théatre Le Palace Ralph Finkler, ainsi rebaptisé l’année dernière en hommage à l’ancien résistant. Ce fût, à nouveau, l’occasion d’un recueillement en souvenir des 211 personnes rassemblées au Palace à Périgueux, en mai 1944, et déportées vers les camps de travail ou d’extermination.
Mais ce fût aussi ce 10 mai 2025 un acte de transmission de l’écharpe tricolore de la Maire de Périgueux, Delphine Labails a son premier adjoint, Emeric Lavitola.
Voici l’article de Grégoire Morizet publié le 11 mai sur le site du journal Sud-Ouest sur cette c érémonie commémorative chargée en émotions :

« Elle l’avait annoncé : la commémoration de la rafle du Palace serait son dernier acte en tant que première magistrate. Samedi 10 mai, elle a tenu parole
Elle ôte son écharpe tricolore et la pose en bandoulière sur le pupitre où il est écrit « Commémoration du 81e anniversaire de la rafle du 10 mai 1944 ». Il est 11 h 36. À cet instant précis, Delphine Labails n’est plus maire de Périgueux. Plus tard dans la journée, elle enverra sa lettre de démission à la préfecture de la Dordogne.
Samedi 10 mai, la première magistrate a mis à exécution son ultime promesse et a quitté sa fonction, redevenant par la même simple conseillère municipale (1). Quand bien même l’officialisation de la situation nécessitera l’aval de la préfète, la Ville est de facto dirigée par son premier adjoint, Émeric Lavitola, jusqu’au prochain Conseil municipal (la date n’est pas connue), dont l’ordre du jour n’aura qu’un seul point : l’élection d’un nouveau maire. »
« De l’émotion pure »
« C’est du soulagement… Non, pas du soulagement… C’est confus, vous savez. C’est de l’émotion pure », confessait-elle à chaud, juste après la cérémonie. En revanche, elle disait n’éprouver « aucun regret ». Pourtant, cette commémoration marquait le terme d’un marathon commencé le 18 avril. Ce jour-là, Delphine Labails était revenue aux affaires après une interruption de quatre mois pour soigner son « burn-out » survenu en décembre dernier.
D’emblée, elle avait prévenu : ce retour serait provisoire, le temps d’assurer une poignée d’inaugurations et de « transmettre tranquillement les clés du camion à Émeric Lavitola, courant mai ». Elle a tenu parole et a coupé les rubans du stade Rongiéras, de l’école André-Boissière, de la rue Taillefer et de place de la Clautre. Une frénésie d’apparitions publiques « intenses » assumée car « c’est ainsi que cette séquence a été construite ».
Avec une fierté mêlée d’orgueil, l’élue confesse « la satisfaction du travail accompli » à travers ces inaugurations qui sont autant « d’engagements tenus face à des défis qui étaient complexes, tant sur la gestion de la collectivité que sur les projets à mener ».
Les larmes de l’élue
La commémoration de la rafle du Palace (2) a mis un terme définitif à ce marathon politique. Mais l’un et l’autre se sont télescopés durant le discours de la maire, qui n’a pas caché ses larmes.
D’autant que Delphine Labails avait noué une relation intime avec Ralph Finkler, figure de la résistance qui avait œuvré pour la mémoire de cette rafle. À tel point qu’elle avait donné son nom au théâtre en 2024. « Sa photo n’a jamais quitté mon bureau. Il l’avait signée lors de la Journée nationale de la Résistance, le 27 mai 2019 : ‘’Du résistant de 1943 à la résistante de 2019’’, a-t-elle témoigné la voix brisée. Il est de ceux qui ont inspiré mon engagement, de ceux qui m’ont accompagnée tout au long de ces dix-sept années d’élue à la Ville de Périgueux. »
« Je vous transmets ce flambeau », furent ses derniers mots en descendant de l’estrade.
(1) Elle conserve néanmoins tous ses mandats : municipal, communautaire et régional.
(2) Le 10 mai 1944, 211 Périgordins juifs, francs-maçons, communistes, résistants ou simples suspects avaient été emprisonnés ici sur initiative de la milice. Certains avaient été déportés.