Un roman-photo Sur l’attaque des Rivières Basses
Février 1944, la Résistance s’organise en Dordogne, les sabotages se multiplient. Les parachutages permettent à certains d’entre eux de disposer d’explosifs, mais aussi de mitraillettes et de quelques fusils mitrailleurs. C’est le cas du Groupe Gardette de Sainte-Marie-de-Chignac qui a été équipé par les alliés pour l’opération qu’il a mené en partenariat avec les Groupes Sampaix et Gabrielli, de sabotage des locomotives du dépôt de Périgueux.
Ce 14 février, il a quitté son premier cantonnement de Claviéras à Sainte-Marie-de-Chignac pour la maisonnette des Golferies à Blis-et-Born. En fin de matinée, Jacotte, leur agent de liaison des Versannes se présente aux sentinelles. Elle vient prévenir le Groupe de la circulation d’un important convoi de soldats allemands sur la route des Eysies, afin que les maquisards restent cachés et ne prennent pas le risque d’une sortie ce jour là.
Mais l’heure est venue pour les Franc Tireurs et Partisans Français (FTPF) de passer de cette période de sabotages à une guerre ouverte contre l’occupant nazi pour répondre à la répression de plus en plus féroce qu’il exerce avec la collaboration active du gouvernement de Vichy. C’est une décision de l’Etat-major que Coco, le chef du Groupe Gardette, entend bien appliquer à la première occasion.
Ce 14 février, c’est Jacotte qui lui amène, sans le savoir, cette occasion de mener une première opération de guérilla. Elle en sera toute bouleversée et prendra ce jour là cet alias qu’elle conservera jusqu’à la libération : « La Panique ».
La suite est à découvrir dans le roman-photo publié par l’Association Regards de La Douze. Il a été présenté au fils de Jacotte, Philippe Garnier, au centre sur la photo, aux jeunes acteurs, tous bénévoles, et à la presse le samedi 15 février dernier
Après quelques mots d’accueil de Fanny Castaignede, Maire de Boulazac-Isle-Manoire, c’est Yannick Malleville, le Président de l’Association Regards, qui a relaté les origines et le déroulement de ce tournage en remerciant en tout premier lieu les jeunes acteurs, mais aussi les associations et collectivités partenaires.
La parole a aussi été donnée à Sylviane Ranoux, auteure de la préface, pour qu’elle rappelle l’importance de bien positionner ce type de récit dans le contexte de guerre totale dans laquelle ces jeunes Périgourdines et Périgourdins ont du s’engager, face à une armée structurée et entrainée.
Voici l’article publié par la Dordogne Libre le 22 février 2025 :
« Le roman-photo, édité par l’association Regards, est disponible dans les librairies. Les associations et les bénévoles se sont retrouvés, samedi 15 février, à la mairie de Boulazac, pour la découverte de l’ouvrage.
« C’est un honneur », a salué Philippe Garnier, fils de Jacqueline Daubisse, épouse Garnier, dont le roman-photo raconte l’histoire de cette journée du 14 février 1944, première journée d’actions de guérilla en Dordogne entre les Francs tireurs et partisans (FTP) et les Allemands (lire ci-dessous). Un honneur et surtout un hommage à celle qui est décédée en juillet dernier, à l’âge de 97 ans. Elle n’a pu voir l’aboutissement du projet, qui a mis des années à émerger. Les premiers échanges avec l’association Regards remontent en 2011.
« Elle a transmis ses valeurs »
Pour son fils, l’histoire de sa mère était plus que connue, et n’était pas un tabou. « Elle a transmis ses valeurs, on en parlait souvent, ce qui a peut-être mené à ce que ses deux enfants fassent une carrière militaire. J’en ai toujours entendu parler, avec les deux oncles. Je posais des questions, quand j’étais petit, sur les gens en photo dans les albums », raconte son fils. En ce samedi 15 février, il a désormais l’histoire de sa mère en roman-photo, entre les mains. Une histoire qu’ont voulu mettre en avant Yannick Maleville et Alain Chastenet. « On voulait attirer les jeunes, le roman-photo s’est imposé », assure Yannick Maleville, président de l’association Regards.
D’une première interview en 2011, il y a eu de multiples péripéties jusqu’au tournage à Saint-Geyrac et à La Douze, notamment. Une première partie avant le Covid et une seconde, après ces années-là. Entre-temps, l’association a été lauréate du budget participatif du Département, apportant un soutien supplémentaire, en plus de la Ville de Boulazac qui a apporté 10 000 euros. Jacqueline, dite Jacotte, « était Boulazacoise, elle a fini ses jours, ici. C’est une histoire qui nous touche », a rappelé la maire, Fanny Castaignede. « C’est un combat de maintien de la mémoire, de chaque instant. Je veux saluer tous ceux qui se sont battus. »
Interpeller la jeune génération
« L’ambition était simple : transmettre la mémoire de la Résistance en Dordogne, rappelle Yannick Maleville. C’est un hommage au groupe Gardette et à Jacqueline. Ce roman lui est dédié. C’est aussi la force des femmes qui se sont battues. » Regards souhaitait aussi « faire prendre conscience à la jeune génération ». Le rôle de Jacqueline a été joué par la fille du président, Loula, 17 ans aujourd’hui. « Je suis une passionnée d’histoire », affirme la jeune fille, interrompue pour des dédicaces. « On sait qu’il y a eu beaucoup de Résistance en Dordogne, mais on n’avait pas d’exemple », explique Clément, lycéen, bénévole acteur du roman-photo.
Ce projet a été accompagné par l’Anacr Périgueux (Association nationale des anciens combattants). « Il y a eu un travail minutieux de documentation, de création des décors. On est fier du résultat », salue le président de l’association. L’ouvrage mélange la bande dessinée, la photo, le roman et même l’intelligence artificielle « pour créer les Allemands ». Il sera distribué à tous les élèves des écoles et des collèges du département. Il est disponible en librairie. »
« La Panique », par l’association Regards. Prix : 14 euros.
