Décès de Jean- Christophe de Mauraige

Décès de Jean- Christophe de Mauraige

Guilhem, son fils, nous apprend le décès de son père, Jean-Christophe de Mauraige qui, très jeune, pris ses responsabilités à Périgueux, aux côtés de sa mère, Elisabeth, née Deligne, pour contribuer à la lutte contre l’occupant nazi.

Sous son pseudo de « Kizoff », du 15 juin 1943, jusqu’à fin août 1944, Jean-Christophe de Mauraige accomplit diverses missions de liaison (autant pour l’A.S. que pour les F-T.P.F.), de transports de messages et instructions, de fournitures de renseignements, etc …

Voici les principaux éléments pour cette période de sa biographie, rédigée et documentée par son fils Guilhem de Mauraige:

PARCOURS DANS LA RESISTANCE FRANCAISE (1940-1945) DE JEAN-CHRISTOPHE-FERNAND de MAURAIGE

DIT « KIZOFF »

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Citoyen français & Sujet britannique – canadien (Saskatchewan)

Carte et Croix du Combattant Volontaire de la Résistance n° 196 118

Carte et Croix du Combattant n°058 FR 3167172

Titre et Médaille de Reconnaissance de la Nation n°058/1114514

Médaille Commémorative 39-45 barrette « Engagé Volontaire » du 10/11/16 Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (O.N.A.C.V.G.) & Département des Distinctions Honorifiques (Ministère de la Défense)

Extraits d’un texte publié par Guilhem de MAURAIGE

Membre de La Sabretache

« Jean-Christophe de Mauraige, un résistant franco-canadien en Dordogne (1940-1945)… »

Suite à l’invasion allemande, au mois de juin 1940, Charles de Mauraige décide d’emmener sa famille s’installer au Canada, via l’Espagne. Le 26 juin 1940, à Bayonne, un visa tamponné dans le passeport de Charles de Mauraige mentionne « valable pour se rendre au Canada via l’Espagne par le poste frontière de Hendaye. Voyage Aller à Bayonne le 26 juin 1940. Valable 5 jours ». Circonstance curieuse : ils font la dernière partie de ce trajet en compagnie du convoi du duc de Windsor. A la frontière espagnole le duc passe mais eux sont refoulés.

Ils rejoignent alors la Dordogne où sur l’invitation de Vincent Province (futur Maire de Sainte-Marie-de-Chignac de novembre 1944 à mai 1953, Résistant, Président du Comité cantonal de Libération en 1945-46 et futur conseiller général du canton de Saint-Pierre-de-Chignac 1945-51), un ami très proche (connu au Canada, Saskatchewan) de Charles de Mauraige (Charles est le parrain de Michel Province, un des trois fils de Vincent Province : Michel, Alain et Henri(y)), la famille est hébergée d’abord à Flageat, commune de Sainte-Marie-de-Chignac, chez les Province, près de Périgueux en Dordogne ; ceci jusque vers la fin de juillet 1940.

Fin juillet 1940, les de Mauraige prennent en location (ceci, jusqu’en 1945) une sorte de petit château à Boulazac, à l’entrée de Périgueux. Cette « maison-forte » appartenait à un ancien directeur des Postes de Périgueux à la retraite. Dans les souvenirs de Jean-Christophe de Mauraige l’endroit, qui se trouvait sur la hauteur de Boulazac, s’appelait « Sainte-Hélène ».

En 2015 et 2016, Henri(y) Province et Jacqueline Garnier, agents de liaison pour les Maquis Gardette et Sampaix et l’A.S., attestent des faits d’armes de Jean-Christophe de Mauraige dans le Maquis et l’A.S. de Dordogne pour les années 1943 à 1945 et confirment son binôme d’avec Pierre Fructus.

Jean-Christophe de Mauraige va rejoindre ensuite dans le Maquis les deux fils de Vincent Province (Alain et Henri(y)), Alain étant le co-fondateur (avec Jean-Paul Givord, dit « Blaise ») du maquis des Francs-tireurs et Partisans Français Gardette (F-T.P.F.) à Sainte-Marie-de-Chignac (création en novembre 1943). Jean-Christophe de Mauraige, après avoir été agent de couverture (sans le savoir à cette époque), via sa mère, pour le Réseau Alliance, devient agent de liaison autant pour l’Armée Secrète (A.S.) de Dordogne que pour le F-T.P.F. Maquis Gardette.

En mai 1943, dans le secteur de Périgueux, il se trouva un jour chargé de convoyer un émetteur radio de ballon-sonde allemand, Jean-Christophe de Mauraige le cache puis, sur instructions, le transporte en divers endroits, pour le remettre finalement à un capitaine de Vaisseau de réserve appelé « l’Abbé Bouillon », qui fait partie de l’A.S., pour étude de l’engin et suites à donner

Du 15 juin 1943, jusqu’à fin août 1944 (et plus intensément à partir du 6 juin 1944), Jean-Christophe de Mauraige accomplit diverses missions de liaison (autant pour l’A.S. que pour les F-T.P.F.), de transports de messages et instructions, de fournitures de renseignements, etc …

Le 1er février 1944, l’Armée Secrète (A.S., Gaullistes) est fondue dans les Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.), avec l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A., Giraudistes) et les Francs-Tireurs Partisans Français (F-T.P.F., Communistes).

Jean-Christophe de Mauraige participe à des actions de garde, de surveillance, de déplacements, d’établissements de barrages, notamment lors du passage dans la région d’une division blindée allemande (2e Panzer Division waffen S.S. Das Reich ?) vers le 7 juin 1944 (sauf erreur sur la date) : « J’étais à l’abattage des arbres dans les chemins qui menaient de Flageat à la D.70, quand on a annoncé le passage de blindés allemands. Il s’agissait il me semble de la division « Das Reich » et après leur passage, il fallait voir l’état de la route ! » Lettre (extrait ci-avant) d’Alain Province (en date du 09/04/1990. Bordeaux) à Jean-Christophe de Mauraige (Arquian) : « Mon cher Jean-Christophe (…) Une petite rectification : ton complice en barrages anti-chars ne s’appelait pas Barbara mais Barbaro ; Noël Barbaro exactement, originaire de l’Aude, ouvrier de M. Fructus, le propriétaire des Rivières-basses (…). »

Fin juillet 1944, durant un de ses déplacements à bicyclette de Flageat à Boulazac par la D. 70.

(suivie à présent de la N. 2089), il se trouve pris dans un contrôle (barrage) routier allemand établi entre Niversac et Saint-Laurent-sur-Manoire (24). Dans la cohue (une vingtaine de personnes en comptant les Allemands s’énervaient, s’agitaient et parlaient très fort) il s’échappe discrètement côté Boulazac, mais est poursuivi par deux soldats allemands à bicyclettes, est rattrapé, interrogé sur son appartenance ou non au Maquis et fouillé … et la suite est miraculeuse et incompréhensible : « Ils se sont mis à me fouiller, tandis que l’un deux me répétait « Maquis ?, Maquis ? » et je faisais semblant de ne rien comprendre, avec un air étonné et innocent. Avant qu’ils aient fini de me fouiller l’un des deux, ma carte d’identité à la main, se mit à discuter avec l’autre. Ils avaient en même temps l’air inquiet, en regardant à droite, à gauche, des deux côtés de la route (cela se passait peu de jours, il me semble avant la libération de Périgueux, et les Allemands n’étaient pas tranquilles). Soudain, ils me rendirent mes papiers, me firent signe de continuer, et s’en retournèrent d’où ils venaient. Ils auraient pu m’abattre en me poursuivant ; ils ne l’avaient pas fait ! … . ».

Il apprend la mort le 17 août 1944 de son ami et binôme Pierre Fructus, agent de liaison comme lui dans l’A.S. Ce dernier fait partie des 45 périgourdins tombés sous les balles nazies entre le 12 et le 17 août 1944. Ces derniers étaient emprisonnés dans les geôles du quartier Daumesnil à Périgueux. La garnison allemande, après les avoir atrocement torturés, les exécute avant de quitter la ville. Une stèle, au Mur des fusillés, Quartier St Georges, à Périgueux, commémore cet évènement tragique.

En août 1944, il prend part à la libération de Périgueux au sein des forces de Résistances locales : « A la libération de Périgueux en août 1944, à l’une des entrées de la ville, j’ai remplacé un temps un ami « Barbaro » (Noêl Barbaro) pour monter la garde à sa place ; et j’étais très fier quand il m’a remis sa mitraillette Sten après m’en avoir expliqué le fonctionnement ! ».

D’août 1944 à avril 1945, Jean-Christophe de Mauraige participe, dans le cadre des Équipes d’Urgence de la Croix-Rouge Française de Périgueux, à plusieurs actions humanitaires, dont l’évacuation et l’accueil des habitants des Îles de Ré et d’Oléron en août et septembre 1944, expulsés par les Allemands qui tenaient encore ces îles et voulaient y rester seuls le plus longtemps possible sans manquer de ravitaillement.

Il fait partie officiellement jusqu’en novembre 1944, des forces F.F.I en tant qu’Agent de Liaison. Il reprend en novembre 1944 ses études interrompues durant plus d’un an pour faits de guerre.

Le 26 mai 1945, le Directeur départemental des Prisonnier de Guerre, Déportés et Réfugiés du Calvados, à Caen, autorise Charles de Mauraige et sa famille (réfugiés à Boulazac, Dordogne) à regagner leur département d’avant-guerre (le Calvados). En effet, ils avaient acheté – avant guerre – un bien immobilier sur la commune de Maisons (14), entre Bayeux et Port-en-Bessin). La Préfecture de Dordogne, leur délivre ainsi le 26 juin 1945 une autorisation de circuler (véhicule à moteur), valable du 1er au 08 juillet de la même année, entre Boulazac et Maisons, pour motif de rapatriement. En juillet 1945, la famille s’installe définitivement dans cette commune dans leur propriété du Moulin Saint-Benoît/Sainte-Bénédicte, dit Moulin de Brandel, propriété qui leur restera jusqu’en 1978.

Jean-Christophe de Mauraige part à Cambrai où l’attendait pour l’héberger sa tante Madeleine, afin d’y reprendre et continuer ses études. En 1946, il fait partie de l’Association Franco-AngloAméricaine & Alliée (membre actif) et séjourne en Angleterre (Passeport temporaire britannique).

Personnages connus dans la Résistance par Jean-Christophe de Mauraige :

« … » / Vincent Province (chef de groupe de Résistants F-T.P.F., Président du comité cantonal de Libération de Sainte-Marie-de-Chignac),

« Dubreuil » / Alain Province (co-fondateur, chef du détachement du Maquis Gardette F-T.P.F.),

« Blaise » / Jean-Paul Givord (fondateur du Maquis Gardette F-T.P.F.),

« … » / Henri Province (agent de liaison du Maquis Gardette F-T.P.F., et membre de l’A.S. après le débarquement),

« La Panique » / Jacqueline Garnier (agent de liaison des Maquis F-T.P.F. Gardette et Sampaix),

« Coco » / Samson Roche (Responsable de groupe Maquis Gardette F-T.P.F. – capitaine F.F.I. à la fin de la Guerre),

« Barbaro » / Noël Barbaro (F-T.P.F.),

« Michel » / Michel Jumez (Réseau Alliance – Intelligence Service I.S.),

« Colomer » / … (républicain espagnol F-T.P.F.),

« Le docteur » / Docteur Mèredieu (médecin dans l’hôpital de la Résistance, à la Bournèche), « … » / Pierre Fructus (agent de liaison de l’A.S.), « … » /

Abbé Bouillon (capitaine de Vaisseau de l’A.S.),

« Jean-Pierre » / Pierre Mialhe (instituteur de Sainte-Marie-de-Chignac, chef cantonal de la Résistance, capitaine de l’A.S.),

« Soleil » / Coustellier,

« Commandant Sacha » / Sacha Khetagounov (officier soviétique F-T.P.F.),

« Fernandel » / … (chef du groupe Fernandel),

« Léo » / Paul Marion (chef du détachement du Maquis de Claviéras),

« Hercule » / Roger Ranoux (chef des maquis Francs-tireurs partisans (F.T.P.) de la Dordogne, chef départemental des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.) de la Dordogne).

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Situation militaire ultérieure aux services dans la Résistance de 1940 à 1945

En 1947, à Lille, Jean-Christophe de Mauraige est ajourné par le Conseil de révision militaire. En 1948 (Classe 1948. Matricule militaire n°6 335), il est appelé à faire son service militaire (Conseil militaire. Normandie. Département du Calvados. Arrondissement de Bayeux. Canton de Trévières). Du 01 mai 1949 au 26 avril 1950, il part faire son service militaire au 3e Régiment d’Infanterie coloniale à Rueil-Malmaison (92). Il participe au défilé militaire du 11 novembre 1949 sur les Champs-Elysées, à Paris. Du 30 septembre 1952 au 14 octobre 1952 il a été rappelé pour effectuer une période militaire au 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, à Camp-Garnier, Rabat.

Parcours professionnel civil et culturel (1950-1994) :

Il réside dès 1950 au Maroc, où sa famille s’est installée de 1950 à 1957, et travaille à Rabat comme dessinateur professionnel. Il devient par la suite instructeur culturel (vacataire) au Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports (Inspection régionale de Rabat) et ce jusqu’à l’Indépendance du Maroc et, est membre de plusieurs troupes de théâtre franco-marocaines. De 1958 à 1962, il est journaliste (revue « Les heures libres») puis animateur culturel, directeur de colonies de vacances et instructeur itinérant permanent de formation des cadres, en France, pour la Fédération des Colonies de Vacances Familiales (F.C.V.F.), ainsi que, entre autres, pour les Services Sociaux des Ministères de l’Economie et du Budget. Il devient, de 1962 à 1964, instructeur culturel et de loisirs éducatifs (Ministères de la Coopération et des Affaires Etrangères) en Côte-d’Ivoire – Abidjan, et directeur (remplaçant) de la Jeunesse et de l’Education populaire ivoirienne ; puis de 1964 à 1966, au Gabon, conseiller culturel particulier du Ministre d’Etat, à Libreville. Au Gabon, il devient également fondateur de la Troupe nationale de Théâtre sous l’égide de son ministre de tutelle, le dramaturge et ministre gabonais Vincent de Paul Nyonda. De retour en France, il occupe de 1966 à 1979, les mêmes fonctions que précédemment au sein de la F.C.V.F. De 1979 à 1994, il est conseiller technique et pédagogique, chargé de missions culturelles, artistiques et théâtrales, à la Direction départementale du ministère de la Jeunesse et des Sports, basée à Nevers (58). Il est à la retraite depuis le 31 août 1994. Il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtres franco-africaines et co-auteur de deux ouvrages de référence sur le mime et le théâtre.

 

 

 

 

Le Bureau du CDM 24 adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances

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