Décès de Mélanie Magne
Nous avons appris avec tristesse le décès de Mélanie Magne, ancienne résistante et épouse d’un ancien résistant-déporté, Jean Magne, lui-même décédé en 1993.
Elle a été mise en terre le jeudi 20 décembre dans le petit cimetière de Saint André Allas, commune où elle a vécu comme agricultrice.
Voici l’hommage qui lui a été rendu par Pierre Fournet, Président du Comité de Sarlat de l’ANACR lors de cette cérémonie :
« Nous voici réunis aujourd’hui pour accompagner à sa dernière demeure Mélanie MAGNE, née BOUYSSOU, née en 1921 à Campagne qui résidait jusqu’à récemment aux Filolies de Saint André Allas, avant de rejoindre sa fille à Gif sur Yvette où elle est décédée le 13 décembre entourée de toute l’affection sa famille.
Mélanie MAGNE est une de ces femmes courageuses qui a été confrontée aux vicissitudes de la Guerre avec la déportation de son époux Jean MAGNE qu’elle a épousé en 1938 à Saint André Allas.
Comment parler de Mélanie sans parler de Jean. Résistant faisant parti du secteur AS de Saint Cyprien, il est arrêté par la Gestapo d’Agen en octobre 1943 en même temps que Madame Hélène ROCHETTE, épouse TEYSSANDIER. Mélanie est heureusement épargnée par un gestapiste qui l’a laisse à son bébé.
Jean connaîtra notamment les camps d’AUSCHWITZ-BIRKENAU et de BUCHENWALD, il en revint pesant à peine 45 kilos, dans un état d’extrême faiblesse. A l’époque on ne parlait pas de soutien psychologique, c’est sa force de caractère le soutient de ses proches et la présence du bébé Jeannine qui l’aidèrent à récupérer et à reprendre gout à la vie.
Il sera ensuite la cheville ouvrière de la FNDIRP du Sarladais jusqu’à sa mort en 1993 et membre de L’ANACR.
Mélanie MAGNE et sa belle-mère malgré les difficultés qu’elles rencontraient en raison de la déportation de Jean leur époux et fils et la charge du bébé Jeannine, entretenaient et faisaient tourner la ferme des Filolies.
Tout en assumant ces lourdes charges Mélanie continuait une activité de Résistante en hébergeant et nourrissant les clandestins si nécessaire.
Elle témoigna souvent de la tragédie de Puymartin le 26 janvier 1944 où un Caporal-Chef « Inconnu » sera exécuté par les Nazis, alors qu’il venait de passer chez elle quelques heures auparavant.
Elle témoignait aussi de l’héroïsme du jeune Jean DEUTCH, âgé de 18 ans, qui, le 27 juin 1944, seul face aux nazis les tint à distance en face des Filolies avec son Fusil-mitrailleur, permettant ainsi à ses camarades de l’AS de s’échapper à travers bois. A court de munition il sera abattu.
Notre amie Mélanie MAGNE est ce modèle de femme qui durant la guerre a soutenu et aidé la Résistance, mais aussi un modèle de ces femmes de notre campagne du Périgord, volontaires et dures au labeur de la terre, qui une fois la paix revenue ont repris le cours de la vie en restant bien souvent sans se faire remarquer dans l’ombre des hommes.
Jean et Mélanie avaient adhéré à l’ANACR du Sarladais lors de sa création, Lucien Badaroux en étant le premier président.
Après le décès de Jean en 1993 elle était restée adhérente combien fidèle à notre association mémorielle.
Fidèle à ses convictions, fidèle à toutes les cérémonies jusqu’à son départ à Gif sur Yvette où nous savions par sa fille qu’elle s’intéressait toujours au déroulement de la vie de notre comité.
Pour tout cela Mélanie MAGNE mérite le plus grand des respects, elle mérite la présence de notre drapeau et c’est justice qu’elle ait reçu le 3 octobre 2010, en Mairie de Saint André d’Allas, le diplôme d’honneur des « Combattants Anonymes ».
Repose en paix Mélanie, tu l’as bien mérité. »
Allas de St André le 20/12/2024
Photo Mairie de Saint-André-Allas, pour les 100 ans de Mélanie Magne