Hommage à Christian Eyère

Hommage à Christian Eyère

Article de Thomas Jonckeau dans l’édition de la Dordogne du mardi 12 novembre du journal Sud-Ouest :

« C’est une voie qui est encore à construire, en face du site de l’Escat, à Bergerac. Mais elle a déjà un nom : impasse Christian-Eyère. Hommage à un résistant bergeracois fusillé en 1944, à l’âge de 17 ans. Ce passage dans la Résistance aussi bref que tragique est entré dans l’histoire de la ville, lundi 11 novembre, lors d’une cérémonie en présence du sous-préfet, des élus et de sa famille.

 Né à Bergerac le 1er mars 1927, fils de Gabriel Eyère et Hélène Estay, le jeune Christian rejoint l’Armée secrète le 6 juin 1944, sous le pseudonyme de Raymond, au sein du groupe François 1er dirigé par Marceau Feyry. C’est en quittant le maquis pour se rendre à Bergerac qu’il aurait été dénoncé et arrêté par l’armée allemande, probablement le 25 juin. 

Torturé et fusillé 

«Descendu du maquis en mission à Bergerac, il a été reconnu par une femme à la solde des Allemands et arrêté », précise une attestation du général des Forces françaises de l’intérieur (FFI) Bernard, ex-commandant du secteur de Bergerac (1), qui ajoute qu’il aurait été « atrocement torturé et mutilé » pendant sa détention. Emprisonné au Fort du Hâ à Bordeaux, le jeune homme a ensuite rejoint le tristement célèbre camp de Souge (2), à Martignas-sur-Jalle, toujours en Gironde. Le 1er août 1944, soit moins d’un mois avant le départ de l’armée allemande de Bordeaux, Christian Eyère a été fusillé sans jugement, au côté de 48 autres victimes, dont 14 de Dordogne.

Il a été déclaré « Mort pour la France », par le ministère des Anciens combattants en 1948, et reconnu membre des FFI. Le Périgourdin a été inhumé au cimetière Beauferrier de Bergerac le 11 mai 1945. Son nom figure sur le mémorial des fusillés de Souge mais il était mal orthographié. En 2022, sa famille a fait rectifier l’erreur. Sa fiche est toujours consultable sur le site des fusillés de Souge, www.fusilles-souge.asso.fr.

«Très fiers »

Si on le connaît, c’est notamment grâce à Catherine Eyère, qui a travaillé quatre ans à reconstituer la généalogie de sa grande famille originaire du Périgord, remontant sur sept générations. Elle en a tiré un livre. « Son histoire m’a touchée, ditelle. J’ai souhaité que la Ville de Bergerac rende hommage à son sacrifice pour la liberté. Il restera pour toujours dans nos cœurs. » 

Une douzaine de membres de la famille étaient présents pour dévoiler le panneau de la rue, beaucoup venant de Montauban (Tarn-et-Garonne). « Je pense à mon père, dit Martine. Il ignorait l’existence de ce cousin et serait très fier que notre nom soit associé à Bergerac, d’où vient notre famille. » »

(1) Source : « Fusillés et morts au combat en Dordogne (1940-1944) », de Bernard Reviriego, aux Éditions Secrets de pays. (2) Dans ce camp ont été fusillés 256 résistants, de 1940 à 1944.

 

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