Un reportage sur l’orphelinat des Juifs à Bergerac

Un reportage sur l’orphelinat des Juifs à Bergerac

Article de Thomas Jonckeau dans l’édition de la Dordogne du journal Sud-Ouest du 29 avril 2025 :

Des étudiants en cinéma réalisent un film sur cette histoire, remise en lumière par deux passionnés. Cela devrait aboutir à la pose d’une plaque commémorative

« Depuis quelques années, le travail de deux passionnés a permis de tirer de l’oubli l’histoire de l’orphelinat juif de Bergerac, entre 1941 et 1944. Installée, pendant la Seconde Guerre mondiale, à côté de l’actuel lycée Maine-deBiran, l’institution dirigée par les Œuvres d’aide sociale israélite (Oasi) a permis de sauver des dizaines d’enfants de la déportation.

Pour continuer de faire vivre cette mémoire, deux étudiants en deuxième année de cinéma, à Paris, ont décidé de réaliser un documentaire sur l’histoire de l’orphelinat mais aussi de sa (re)découverte. Kalil Cosso-Merad étudie à l’École internationale de création audiovisuelle et de réalisation (Eicar) et Charles Fourcaud, à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle (Esra). Avec quelques proches, ils ont commencé à réaliser ce qui doit devenir un film de 20 à 30 minutes.

Pas de traces

Après deux jours de repérage, fin mars, ils sont venus tourner, du 14 au 16 avril, dans et autour du lycée Maine-de-Biran. L’occasion d’interviewer les deux protagonistes de cette histoire retrouvée : le professeur d’allemand Rainer Maria-Ankel et l’ancien archiviste, devenu l‘historien Bernard Reviriego.

Le premier a décidé de faire connaître cette histoire, après être tombé dessus en 2019, alors qu’il cherchait un sujet pour ses élèves. « J’ai demandé autour de moi si cette histoire était connue, personne n’en savait rien », se souvient l’enseignant qui a cherché pendant des mois l’histoire de cet orphelinat, en vain. Avant de tomber sur le travail de Bernard Reviriego.

Irène Sapir interviewée

« Quand les gens, à cette époque, n’apparaissent nulle part, ni mémorial, ni procès-verbal d’arrestation, par exemple, c’est plutôt une bonne nouvelle, dit Bernard Reviriego. Cela signifie qu’ils ont sans doute échappé à la déportation en passant à travers les mailles du filet. »

Lui avait écrit sur cet orphelinat dès 2003, dans un livre, mais sans parvenir à situer précisément son emplacement. Le travail commun des deux hommes a abouti à des articles (lire ci-contre), des conférences et des ateliers avec les lycées mais pas seulement…

Une plaque commémorative devrait bientôt être posée à l’entrée de l’établissement scolaire pour rappeler cette histoire. Elle sera fabriquée par les élèves du lycée des métiers Hélène-Duc. « Nous voulons revenir pour filmer la pose de cette plaque », explique Kalil, qui pense avoir déjà trouvé le titre : « Les Orphelins de la Guerre ».

Les documentaristes ont aussi eu l’occasion d’interviewer Irène Sapir, rescapée de la rafle du Vel d’Hiv. « L’idée est aussi de raconter le contexte dans lequel fonctionnaient cet orphelinat et cette enquête, pour en retrouver l’histoire », dit Charles.

Il peut compter sur l’aide de ses proches, dont son père, originaire de Bergerac et ancien élève du lycée. « Je passais tout le temps par ici, puisque c’était l’entrée de l’établissement scolaire, se souvient ce dernier. Et je n’avais jamais entendu parler de cette histoire. » »

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