« Strasbourg, Périgueux villes soeurs »
Philippe Jolivet, dans l’Echo ce vendredi 5 juillet, revient longuement sur les travaux de nos amis Catherine et François Schunck et sur leur dernier ouvrage:
« Catherine et François Schunck viennent de faire paraître aux éditions Secrets de Pays, « Strasbourg Périgueux villes sœurs ». Catherine Schunck est d’origine périgourdine et François d’origine alsacienne, c’est donc naturellement que ces deux membres de la SHAP (Société historique et archéologique du Périgord) se sont intéressés à l’évacuation de la ville de Strasbourg en Dordogne. Le couple travaille depuis une quinzaine d’années sur le sujet et a déjà publié depuis 2006 cinq ouvrage traitant le sujet sous divers angles. Dans ce dernier ouvrage, à la différence des précédents qui parlaient de l’évacuation en général dans tout le département de la Dordogne (entre 80 et 100 000 personnes), Catherine et François Schunck se sont attachés plus particulièrement à la situation de Strasbourg et donc de Périgueux. « Bien que les Strasbourgeois (environ 60 000) aient été logés sur l’ensemble du département, à Périgueux, il y avait l’ensemble des administrations de Strasbourg : la mairie, la préfecture du Bas-Rhin, l’Inspection académique, la direction du culte, les banques, les mutuelles, les assurances etc. Ce qui représentait environ 12 000 fonctionnaires ou employés du secteur tertiaire logés à Périgueux. Et par rapport aux autres livres, nous avons aussi insisté sur les relations qui ont perduré entre les deux villes », explique Catherine Schunck. Le livre se compose donc de deux parties, une première dédiée à « La cohabitation », pendant l’évacuation, la guerre et la libération, et une seconde baptisée « Le temps du souvenir » sur la relation entre les deux villes depuis la fin de la guerre à aujourd’hui. « Nous rappelons rapidement la façon dont les Alsaciens sont arrivés en Dordogne en insistant sur le cas particulier de Strasbourg avec les préparatifs dans les deux villes puisque dès avril 1939, Strasbourg avait envoyé un adjoint à Périgueux pour voir comment les services et les habitants pourraient se loger soit environ 700 fonctionnaires de la mairie de Strasbourg et les services allant avec », explique François Schunck. A l’automne 40 une grande partie des services et des employés municipaux repart à Strasbourg, « une centaine environ n’ont pas voulu rentrer et il y a eu un resserrement des services qui ont été installés rue Voltaire à partir d’octobre 1941. 80 à 85 % des Alsaciens sont rentrés et il en est resté environ 15 000 répartis dans les grandes villes de Dordogne », précise-t-il. « Nous avons donc décrit comment tout ceci s’était passé et les lieux où des services avaient été accueillis, ainsi que des personnes ayant joué un rôle dans cette histoire, ou durant l’occupation comme le résistant Charles Mangold, ou encore des personnes connues comme le Mime Marceau. Puis de ceux restés après guerre ce qui permet de parler de Clairvivre où ont continué à exercer les grands professeurs Alsaciens des hospices civils de Strasbourg », explique Catherine Schunck. Le couple décrit aussi dans le livre quelques chocs culturels qui ont été abordés plus largement dans de précédents ouvrages. Choc de la langue avec les Alsaciens parlant l’alsacien ou l’allemand face à des Périgourdins parlant le français ou le patois. Choc de confort avec des Strasbourgeois qui avaient souvent un confort moderne en avance sur son temps se retrouvant dans des maisons parfois en terre battue et sans eau courante et enfin cultuel, « le Périgourdin n’est pas franchement pratiquant et quand il l’est, il est catholique alors que pour l’Alsacien, la pratique fait partie de son identité et il est catholique, protestant ou juif », précise François Schunck. Ils abordent aussi des moments plus heureux avec « Noël 39 qui a été une grande fête pour tout le monde et où le premier grand sapin de Périgueux a été érigé pour les Alsaciens et qu’ils ont décoré de bleu, blanc et rouge pour montrer qu’ils étaient bien Français (sapin situé place André Maurois jusqu’en 2016) », explique Catherine Schunck. LES LIENS APRÈS GUERRE La seconde partie est dédiée au souvenir. Tout d’abord en 1945 et 1946 où les deux municipalités se sont mutuellement invitées pour fêter les anniversaires de leur libération, en 1945 à Strasbourg et en 1946 à Périgueux. Ensuite, il y a eu un grand trou dans les relations entre les deux villes jusqu’en 1977 où s’est créée à Strasbourg l’Amicale des anciens de la Dordogne devenue depuis l’Amicale AlsacePérigord qui est intervenue pour que les deux villes aient des commémorations officielles de ces événements. « Ça a abouti en 1979 à la célébration du 40è anniversaire de l’évacuation. À la signature en 1984 d’un protocole de « villes sœurs » (d’où le titre) entre les deux villes et au 50è anniversaire en 1989 avec beaucoup de faste tant à Strasbourg qu’en Dordogne ». Le calme s’est ensuite installé jusqu’en 2002 avec le tournage du documentaire « Strasbourg-Périgueux, destin commun », puis en 2008 ou Strasbourg a été invité d’honneur du Salon du livre gourmand. En 2009 on célébrait le 70e anniversaire dans les deux villes. Depuis le calme est revenu « on espère qu’au mois de septembre pour la commémoration du 80e anniversaire Strasbourg sera invitée. Plusieurs choses sont déjà prévues avec la pose d’une plaque à la gare, une nouvelle plaque ou un complément d’information sur la plaque de la rue de Strasbourg », conclut Catherine Schunck. »
« Strasbourg Périgueux villes sœurs » par Catherine et François Schunck aux éditions Secret de Pays, 23 pages 20 euros. Dédicace sur le marché de Saint-Astier le jeudi 25 juillet au matin.