Décès d’Alain Carrier
Célèbre affichiste du Sarladais, Alain Carrier fut aussi marqué par la guerre. Son engagement dans la Résistance, à l’âge de 16 ans, lui vaudra la croix du combattant et la médaille commémorative 1939–1945.
Sud-Ouest lui a consacré un article très complet le 17 décembre 2020 dont vous pouvez prendre connaissance en suivant ce lien: Sud-Ouest
Cet hommage au publiciste a été complété le lundi 21 par une évocation de son engagement dans la Résistance:
« Avec la mort d’Alain Carrier, le célèbre affichiste de Sarlat à 96 ans, un grand artiste mais aussi un infatigable militant disparaissent. En hommage à l’ancien combattant de la Résistance qu’il est resté toute sa vie, lui le «collégien maquisard» devenu agent de liaison dans l’Armée secrète à 16 ans, l’ex-conseiller régional et enseignant, passionné d’histoire, Alain Armagnac a souhaité dévoiler le contenu d’un entretien qu’il avait eu avec Alain Carrier, le 24octobre 2019, dans le cadre de la préparation d’un livre intitulé « Sarladais dans la Résistance »(1).
«Dès la rentrée scolaire de 1940 [NDLR: il n’avait même pas 16ans], avec mes camarades de première du collège La Boétie, nous avons participé à une préparation militaire sérieuse qui nous rassemblait sur la colline du Cambord, avec des consignes de silence très sévères», racontait Alain Carrier. «J’étais habitué à cette rigueur car mon père, qui tenait le Café du Palais dans la Traverse, m’avait recommandé depuis longtemps de ne rien dire sur tout ce que j’entendais dans le café, véritable caisse de résonance de la vie locale […]. Cet embryon d’armée secrète me donnera par la suite l’occasion de participer à des actions clandestines de récupération de matériel militaire et d’armes pour la Résistance, de servir d’agent de liaison entre des responsables locaux ou bien d’informateur pour des personnalités arrivées d’ailleurs, comme André Malraux (2) lorsqu’il viendra combattre en Dordogne. Notre propriété rurale de Gaillardou, entre Sarlat et Cénac, servira souvent de refuge et de transit pour de nombreux résistants.»
«Tous des résistants»
À la question de la «cohabitation» entre différentes sensibilités politiques dans les rangs de la Résistance, Alain Carrier répondait sans détours : «Moi, j’étais gaulliste. Certains étaient communistes, socialistes, ou autres, mais à l’époque nous étions tous des résistants et nos chefs ne nous différenciaient pas. Ils étaient trop occupés à coordonner nos actions face à un ennemi commun.» Cet ennemi commun a bien failli mettre la main sur le jeune résistant, lorsqu’en juin 1944 les Allemands ont envahi Sarlat et traqué les maquisards. «Trois soldats viendront dans le café de mon père pour m’arrêter. Heureusement, ils ne vont pas résister aux alcools servis, ce qui me permettra de me sauver par derrière […] et de trouver refuge chez des amis. Tous n’auront pas cette chance.»
(1) L’ouvrage est en cours d’édition à Périgord Culture. (2) C’est sa «proximité» avec Malraux qui a conduit Alain Carrier à réaliser «plusieurs affiches pour le général de Gaulle, dont celle de Marianne sur le drapeau tricolore».
Le Bureau du CDM adresse à ses proches et à sa famille ses plus sincères condoléances.