Décès d’Hubert Faure
Article dans Sud-Ouest le dimanche 18 avril:
« Le résistant Hubert Faure est décédé à Paris samedi 17 avril 2021. Il était l’un des deux derniers membres du célèbre commando Kieffer, la seule section française à avoir débarqué au petit matin du 6 juin 1944 sur la plage de Colleville (rebaptisé Sword beach), dans le Calvados.
De l’Angleterre à l’Espagne
Né le 28 mai 1914 à Neuvic-surl’Isle en Dordogne, Hubert Faure avait étudié au lycée jésuite Saint-Joseph de Sarlat. Un an après la mort de son père des suites de son empoisonnement au gaz subi lors de la bataille de Verdun, il s’était engagé au 22e régiment de Dragons à Pontoise. Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale, il sert dans un régiment de chars. Il est fait prisonnier en 1940, mais réussit à s’échapper et rejoint, en 1942, les Forces françaises en Angleterre. Son périple le mène par la suite en Espagne où il est arrêté par les franquistes. Interné à Bilbao, il s’échappe en mai 1943 et rallie le Portugal où il est de nouveau emprisonné.
Blessé en 1944
Relâché, il s’envole vers l’Angleterre. C’est là, qu’il se porte volontaire pour rejoindre les commandos français intégrés à l’armée anglaise, encadrés par le lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer. Il devient maître-principal de la Marine nationale et commande une section au sein de la Troop 1. Les 177 membres du commando Kieffer, incorporés au Royal Marine Commando N°4, furent les seuls Français en uniforme à avoir participé au débarquement en Normandie. Blessé le 7 juillet 1944 par un éclat d’obus, il sera rapatrié en Angleterre avant de repartir au front. Les conséquences d’un accident de jeep contre un char mettront un terme définitif à sa carrière militaire.
Après la guerre, l’homme au béret vert avait repris ses études et était devenu ingénieur des travaux publics. Il fut élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur en 2008.
Si Hubert Faure n’avait pas trop d’appétit pour les cérémonies, il appréciait cependant se rendre dans les établissements scolaires. Il fit notamment l’admiration des élèves du collège Clos-Chassaing en 2004 qui l’avaient abondamment interrogé sur son histoire »
Jean-Charles Gallacy relate ses obsèques dans ce village de Bayas en Dordogne où il passa une longue partie de so existence:
La petite église de Bayas, dans le Libournais, n’a pu abriter tous ceux venus rendre hommage et dire adieu à Hubert Faure ce samedi 24 avril. Des enfants de la commune, scolarisés dans l’école qui porte son nom depuis 2017, à la ministre déléguée à la Mémoire et aux anciens combattants, beaucoup sont venus saluer la mémoire d’un homme pas tout à fait comme les autres. Un homme au parcours de vie hors du commun, qui s’est achevé une semaine plus tôt, à l’aube de ses 107 ans.
Il était l’une des dernières figures du Débarquement et membre du célèbre commando Kieffer qui, le 6 juin 1944, foula le sable de Normandie avec l’uniforme britannique mais rayonnant de l’écusson tricolore. Il participa notamment à la prise du blockhaus du casino de Ouistreham. Malgré un père revenu blessé et affaibli du front de la Grande Guerre et son caractère peu belliqueux, Hubert Faure reste l’un des grands héros de la guerre 39-45. Il était « de ces lumières dans l’obscurité. De ceux qui, en suivant le général de Gaulle, ont ramassé le glaive tombé au pied de la patrie pour le porter haut et ne le relâcher qu’une fois la victoire acquise et le fléau nazi abattu », a livré la ministre Geneviève Darrieussecq.Il fut plusieurs fois blessé, non sans continuer de se battre. Touché à la colonne vertébrale, il participa notamment à la libération de la Hollande. « Un homme d’honneur, de cœur et d’action », a ajouté la représentante de cette République française qui « s’incline avec respect et gratitude. » « Votre héritage est toujours présent. 77 ans après, l’esprit du commando Kieffer perdure dans nos forces spéciales », a-telle encore dit devant de nombreux bérets verts venus saluer la légende.
« Gravés dans nos coeurs »
L’autre vie d’Hubert Faure fut celle de nombreux voyages de par le monde. Devenu ingénieur des travaux publics, il mena différents grands projets au Cameroun, en Algérie, en Jordanie, ou en Belgique. Mais cet enfant du Périgord, né à Neuvic, trouva surtout refuge en Gironde, dans le Libournais, sa belle-famille étant originaire de Bonzac. C’est à Bayas qu’il a passé une partie de sa longue vie. « Vous resterez à jamais gravés dans nos cœurs », a d’ailleurs déclamé une petite fille de la commune, ce samedi, à ses obsèques. Il était venu les rencontrer, les écoliers de Bayas, il y a trois ans pour leur raconter ses histoires extraordinaires. Pas par prétention, loin s’en faut, « humilité » et « simplicité » caractérisaient plutôt le bonhomme.
Et la gourmandise aussi. Ce samedi, dans la petite église, la maire de Bayas Fabienne Krier a également livré le Hubert Faure qu’elle appréciait tant, celui qui se régalait de framboises, de bourru et de châtaignes glanées dans les bois. Le héros de la seconde guerre avait ses coins à champignons, vers lesquels il se rendait avec le voisin Gilbert voire en tracteur-tondeuse (à 102 ans !) pour s’économiser le pas. Peut-être a-t-il confié ses petits endroits secrets à ses petits-enfants ou arrières petits-enfants. Lesquels étaient bien émus ce samedi de dire adieu à leur grand-père ou arrière-grand-père, un homme effectivement à part. »