Commémorations à Sainte-Marie-de-Chignac
Comme chaque année, ce sont deux cérémonies commémoratives qui se sont tenues à Sainte-Marie-de-Chignac en ce début de mois de mars pour honorer la mémoire des combattants FTPF tombés au Capelot et celle des otages fusillés quelques jours plus tard sur la route des Eysies.
La première cérémonie s’est tenue sur la stèle du Capelot en présence de nombreux élus de la commune de Boulazac-Isle-Manoire avec, en particulier son maire, Jacques Auzou et la maire déléguée de Sainte-Marie-de-Chignac, Bernadette Salinier. C’est tout d’abord Bernadette Salinier qui a pris la parole pour rendre hommage à Paul Grenier, 19 ans, René Barrataud, 20 ans et Pierre Bonnefond, 23 ans tous trois membres du groupe FTP Gardette tombés en ces lieux le 4 mars 1944. Puis Daniel Roche, fils du responsable du Groupe Gardette Coco Roche, a pris la parole pour rappeler les faits de 4 mars 1944. « Julot (René Barrataud) avait été averti qu’une colonne allemande de Périgueux, accompagnée de miliciens français s’ était rendue à Saint-Pierre-de-Chignac pour y arrêter une famille de juifs réfugiés. Le groupe Julot a donc décidé d’infliger une correction à ces fascistes. Arrivant par la route départementale, ils laissent leur camionnette en retrait et tendent une corde en travers de la 89 pour obliger les véhicules à s’arrêter. Un groupe de quatre hommes sous la conduite de Maous occupe la colline en surplomb de la route pour assurer une protection. Les groupes ont à peine reçu leurs instructions qu’une voiture se présente venant du carrefour de Niversac. Surgit juste après un second véhicule. Ce sont les Allemands. Du coup, les FTP restés sur la 89 se replient. Des coups de feu éclatent. Derrière la maisonnette du passage à niveau, face à l’ennemi se trouvent Julot et Pierrot munis de fusils. Dubreuil lui est équipé du fusil mitrailleur. Les autres armés de simples pistolets ne peuvent que se replier d’ autant que les nazis sont plus nombreux et bien armés. Soudain, Julot est touché, Pierrot gît déjà face contre terre. Dubreuil s’emparant du FM va pour fuir, mais une rafale lui fauche les deux jambes. Trois hommes se sont échappés, mais deux sont repris dans une grange : Pabeni (Paul Grenier), qui est abattu sur le champ et Jojo qui sera déporté ».
Daniel Roche a souligné le courage de ces jeunes hommes qui s’étaient élevés contre l’armistice signé par Pétain et la collaboration. Il a appelé les jeunes générations à rester vigilantes face à la montée du nationalisme et aux atteintes aux acquis sociaux.
Après un dépôt de gerbe, l’ensemble des personnes présentes se sont rendus aux Rivières basses, sur la route des Eysies. À cet endroit 25 ont été fusillés, en représailles de l’attaque d’un convoi de l’armée allemande par ce même Groupe Gardette début mars qui infligea de lourdes pertes à l’occupant. Cette salle besogne fut confiée à un bataillon de Géorgiens. Miraculeusement deux personnes échappèrent à la mort, le coup de grâce n’ayant pas été donné.Gilles Catard, président du Comité de Saint-Pierre-de-Chignac de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR), a procédé à l’appel aux morts, en citant les 23 noms des martyrs. Après soixante-quatorze ans d’anonymat, les cinq derniers otages ont pu être identifiés; c’est donc l’ensemble de ces victimes qui a pu être honoré. Un travail de longue haleine, fait par l’historien-archiviste périgourdin Bernard Reviriego, qui a permis la mise à jour de la stèle, rappelé par Bernadette Salinier dans son intervention initiale au Capelot.
Après le « Chant des partisans » et « la Marseillaise », les participants se sont retrouvés à la mairie de Sainte-Marie, pour « un verre de l’amitié et de la paix », à l’invitation de la commune de Sainte-Marie-de-Chignac.
Voici l’article relatif à ces cérémonies publié par Sud-Ouest dans son édition de Périgueux du 12 mars 2020:
« Durant la Seconde Guerre mondiale, la Dordogne a été une terre d’accueil, notamment pour les Alsaciens, mais aussi un haut lieu de la Résistance. Dimanche 8 mars, au lieu dit Le Capelot, juste après le passage à niveau de Niversac, une cérémonie, à laquelle ont participé les associations d’anciens combattants, les porte-drapeaux et de nombreux élus, s’est déroulée en souvenir des jeunes hommes tombés sous les balles allemandes. Après avoir déposé une gerbe, Bernadette Salinier, maire déléguée de Sainte-Marie-de-Chignac, a fait observer une minute de silence. Puis, dans son discours, elle a rendu hommage aux résistants qui ne voulaient pas se soumettre à la domination, à la langue, aux lois ou à la culture de l’occupant. «Il est important d’entretenir la flamme du souvenir, pour les générations futures », a-t-elle précisé. Daniel Roche, fils de résistant, a rappelé les faits qui ont coûté la vie à trois jeunes hommes qui disaient non à Vichy : « Indignons nous, face à ceux qui brandissent un nationalisme exacerbé, qui tiennent des propos racistes ou xénophobes. Gardons l’esprit de la Résistance et de son Conseil, qui a permis des avancées sociales, dont la retraite pour tous.» Les participants ont ensuite pris la direction du lieu dit Les Rivières Basses, toujours à SainteMarie, où 23 personnes furent massacrées en guise de représailles aux attaques des maquisards. »