Une partie de la Compagnie juive Paul Frydman au cours d’une permission en décembre 1944 avec le petit Lazar Frydman devenu la mascotte de la Compagnie

Lazar Frydman survivant du massacre des Piles à Antonne et Cornille le 12 juin 1944 s’est éteint le 28 mai à l’âge de 81 ans à Auriac du Périgord, ses obsèques ont lieu vendredi 31 mai à 14H00 dans sa commune. Il avait perdu quatre membres de sa famille lors de cette tragique journée.

Voici l’article qui rappelle la triste histoire de cette famille juive, publié le 31 mai par Philippe Jolivet dans l’Echo:

« Lazar Frydman était le plus jeune des trois fils de la famille Frydman. Cette famille juive de la région parisienne avait réussi à échapper aux différentes rafles organisées contre leur communauté et s’était réfugiée en Dordogne au Piles. Elle était composée de Samuel, le père, d’Idesa, la mère et de leurs trois enfants : Paul né en février 1924, Marcel, né en 1926 et Lazar, né en 1938. Lorsque la famille était arrivée en Dordogne, l’aîné, Paul avait été récemment libéré de la prison de la Santé où il avait été incarcéré pour le seul « crime » d’appartenir aux Jeunesses Communistes. Quand la famille arrive aux Piles, Paul trouve un contact dans le réseau de résistance MNCR (Mouvement national contre le racisme) de Périgueux dont le triangle de commandement est composé de Phil, Ralph et Georges. Paul prend alors le nom de guerre de Dave. À la fin de l’année 1943, le MNCR étant repéré sur Périgueux, ses membres décident de prendre le maquis. Ralph, Phil et Dave se retrouvent donc dans le maquis Roland près de Vergt d’où ils seront mutés quelques semaines plus tard à un maquis FTP MOI dans le sarladais. Quelques semaines après cette mutation Ralph et Phil se trouvent séparés de Dave qu’ils devront ne plus jamais revoir. Ils apprendront à la libération de Périgueux seulement, le drame vécu par Dave et sa famille. « Au cours d’une mission, se trouvant non loin de Périgueux, Dave fait un crochet pour aller embrasser ses parents et ses frères aux Piles. Malheureusement, cela coïncide avec les raids de représailles pratiqués par des élements de la Das Reich », explique Ralph Finkler. Le 12 juin 1944, Samuel Frydman se trouve le long de la route des Piles rentrant d’une course lorsqu’il croise la route d’un camion rempli d’Allemands qui tirent sur lui sans sommation. Sa famille prévenue revient chercher le corps pour le ramener au domicile. « Quelques temps plus tard, d’autres éléments de la Das Reich font irruption dans la villa de la famille Frydman et fusille le reste de la famille, Madame Frydman, Paul et Marcel avant de mettre le feu à leur villa. Seul le petit Lazar trouve grâce auprès d’un soldat Allemand qui lui dit de se sauver. Il va courir longtemps et trouvera refuge dans un tonneau se trouvant sur son chemin ». C’était le 12 juin 1944 et ce jour là, 13 personnes furent victimes des représailles de la Das Reich, dont la plus célèbre fut Valentine Bussière, agent de liaison FTP. Depuis, chaque année, en soirée, ces événements sont solennellement commémorés par la population qui n’a pas oublié. Le petit Lazar, à peine six ans à l’époque fut recueilli par M. et Mme Français, opticiens sur la place du 4 septembre à Périgueux qui finirent par l’adopter. Quelques temps après la libération de Périgueux, fin septembre, début octobre, une compagnie uniquement composée de Juifs est mise sur pied avec pour triangle de commandement, Ralph, Phil et Henri. Elle sera ensuite rattachée au groupe Soleil avec lequel elle montera sur le front de la poche de la Rochelle. Et d’un commun accord, cette compagnie prit le nom de Compagnie juive Paul Frydman et le petit Lazar en devint la mascotte. Lazar Frydman participait activement à la cérémonie de commémoration du massacre des Piles et l’an dernier, il avait accompagné Ralph Finkler et Jean-Paul Bedouin président de l’ANACR 24 pour une intervention à l’école primaire de Coursac. « L’enseignante avait eu connaissance de l’histoire de Lazar et avait demandé à ce qu’il intervienne. Ça a été un test pour lui car il ne l’avait jamais fait et c’était quelqu’un de très réservé, presque timide. Mais il s’en est très bien sorti, ça a été une belle expérience », explique Ralph Finkler. L’Echo de la Dordogne présente ses sincères condoléances à la famille de Lazar Frydman. Ses obsèques ont lieu aujourd’hui à 14 h à Auriac du Périgord »

Le Bureau du CDM adresse à sa famille et ses amis ses plus sincères condoléances.