Décès de Jean Vergnon
Jean Vergnon, figure de la Résistance bergeracoise, s’est éteint
Voici l’article publié dans l’Echo le jeudi 12juillet:
« Début juin, le médecin-colonel Alain Beauché remettait à Jean Vergnon la Légion d’honneur au titre de la Résistance. Une dernière distinction pour cet homme qui inlassablement a consacré sa vie à rendre hommage à ses camarades tués au combat ou morts en déportation dont il faisait vivre la mémoire dans les collèges. Jean Vergnon s’en est allé, en laissant derrière lui le souvenir d’un grand nom de la Résitance bergeracoise. C’est à dix-huit ans, alors qu’il vient d’obtenir l’écrit du concours national du professorat d’éducation physique, qu’il est affecté, en 1943, au commissariat de police en tant que requis civil au service des cartes d’identité. Dans ce service, Jean Vergnon établit de faux papiers pour des familles juives et des Résistants recherchés. Il y travaille avec Eugène Denniel, membre du groupe de l’armée secrète de Bergerac François Premier. Il entre ensuite dans la lutte armée lorsqu’il rejoint le corps franc Bir-Hakeim de Maurice Loupias pour combattre à Mouleydier, le 11 juin 1944, contre la division Wilde de la onzième Panzer Divsion. Il ramène un blessé, Jean Kessler, et permet son évacuation sur l’hôpital de campagne de Lamonzie-Montastruc. Il y gagnera sa première citation. Le 14 juin, il est à La Ribeyrie et participe à l’embuscade organisée par les groupes de Résistance. C’est là une des grandes victoires de la Résistance qui a su arrêter le 690ème bataillon allemand venu, depuis Périgueux, tenter de faire lever le blocus de Bergerac. Le 21 juin, il est à Mouleydier alors que le village est incendié par les Allemands. Le 31 juillet, il participe à la libération des prisonniers politiques de la prison de Bergerac. Il rejoindra le groupe François 1er à Liorac et pour la libération de la ville. Dès septembre, il part avec Marceau Feyry, alias François 1er, pour poursuivre le combat sur le front de Royan-La Rochelle : la septième armée allemande ne dégarnit pas ses positions pour garder l’entrée de la Gironde et la base sous- marine de Bordeaux ainsi que la base de La Pallice. Après la reconstitution en unité combattante du groupe François 1er, Jean Vergnon signe un engagement pour la durée de la guerre. Il combat sous les ordres du général De Larminat, ancien de Bir-Hakeim. De janvier à fin avril 1945, c’est à nouveau les avant-postes entre les marais de la Taillé et la route nationale 139 de Surgères à La Rochelle. La compagnie reprendra la Fondelay- Thairé, fait qui générera la capitulation de La Rochelle, après trois jours dans les marais sous des tirs de mortiers, en avant des chars de Leclerc tombés en panne d’essence. Jean Vergnon y gagnera sa deuxième citation avec l’appréciation suivante de Marceau Feyry : « sous-officier remarquable, a fait aux avant-postes deux prisonniers allemands, a montré un cran admirable, toujours en tête de ses hommes, a su galvaniser les énergies, avec un courage allant jusqu’ à la témérité, mérite d’ être cité en exemple à toute la Division ». Tous ceux qui ont connu Jean Vergnon se souviendront avec admiration de ce petit bonhomme discret qui fut un exemple de bravoure et de sacrifice. Ses amis de l’ANACR lui rendront demain à 13 h 15, au crématorium, un hommage pour son action durant la guerre, et sa lutte de tous les jours pour perpétuer la mémoire et les idéaux de la Résistance. »
Le Bureau du CDM adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses amis.