Stèle Roger Pomarel

A.N.A.C.R. Dordogne

A proximité du passage à niveau, côté nord de la gare de Villefranche-du-Périgord, sur le territoire de la commune de Saint-Cernin-de- l’Herm, une stèle, a été érigée à l’emplacement de la maison de la garde-barrière qui a été détruite, à l’initiative de l’Amicale des anciens du 4e régiment FTPF Soleil et groupe MOI et inaugurée le 1er juin 1986, en présence de personnalités de la Résistance et des élus locaux, honore la mémoire de Roger Pomarel, combattant du groupe FTPF Hercule, abattu par les Allemands le 21 mai 1944.
Dans Francs-Tireurs et Partisans Français en Dordogne, Guy Ranoux évoque le souvenir qu’il a de ce garçon : « Il était en 1943 apprenti boulanger chez Froidefond, route de Périgueux à Terrasson et responsable de la Jeunesse communiste. Son activité clandestine, au début, n’est connue que d’un très petit nombre de personnes. Et rien ne pourrait laisser supposer qu’un tel garçon, qui n’a que 17 ans, puisse être un maillon essentiel entre le petit collectif de résistants locaux et ceux du maquis corrézien. Avec une petite valise, il arrive sur le plateau, rejoint le camp dont il connaît l’emplacement et déballe les provisions parmi lesquelles du vin qu’il transporte dans des bidons d’huile bien nettoyés ». et Martial Faucon d’ajouter : « Roger Ranoux et son frère le boiront avec d’autant plus de plaisir qu’ils connaissent sa provenance : la vigne familiale du père Alexandre. Cela donne chaud au cœur, tant sont grandes en ce moment les difficultés de ravitaillement. L’abattage du moindre veau, en cachette la nuit dans une étable, son transport, sa répartition, réclament chaque fois des ruses de Sioux. Le plus souvent il n’y a que des pommes de terre et du pain à se mettre sous la dent ou encore une sorte de bouillie confectionnée avec de la farine récupérée ici et là. Chaque fois, l’arrivée de Roger Pomarel est saluée avec joie».
Cependant, à la fin de l’été, Roger finit par être repéré dans un secteur où la Milice, création de Joseph Darnand, secrétaire d’État à l’intérieur et secrétaire général de la Milice et de ses responsables locaux particulièrement zélés, Denoix de La Bachellerie et Lavaud de Terrasson. Percevant le risque d’arrestation qui pèse sur lui, il rejoint la clandestinité et le détachement Lucien Sampaix.
Suite au passage, le 23 avril 1944, de plusieurs dizaines d’éléments du bataillon d’infanterie géorgienne n°799 (Georgisches Inf.Btl 799), à la Résistance près de Bassillac où ils sont regroupés dans un bosquet proche du château inhabité du Gondeau, à l’entrée du bourg – un tel rassemblement ne passe pas inaperçue. Des allées et venues suspectes sont remarquées tout comme le passage d’un avion mouchard – un déménagement est envisagé et les camions à gazogène d’une entreprise de transport réquisitionnés pour transporter les transfuges vers le sud du département en direction de Montcabrier, dans le Lot. Une fois parvenus aux confins du Lot et du Lot et Garonne, ils sont répartis dans les diverses unités du 1er bataillon FTP, placé sous le commandement de Roger Ranoux, dit Hercule qui, au passage de la division Brehmer, a transféré une partie de ses forces dans cette région où règne un calme relatif.
Le 21 mai 1944, André Parrot, enseignant du canton de Villefranche-du-Périgord, vient informer le groupe Lucien Sampaix de la présence d’une importante colonne allemande qui passe la région au peigne fin. Le camp est alors déplacé à la hâte vers la forêt de Saint Etienne des Landes, en Dordogne. Roger Pomarel est chargé, avec Jean Bayle, dit Margot, de dire à Roland Crouzille, cantonné avec une forte compagnie (futur 4ème bataillon) dans la région de Marmignac, en limite du Lot, de se tenir ses gardes.
Une fois la mission accomplie, les deux garçons regagnent le camp mais, lorsque leur véhicule arrive au passage à niveau de Villefranche-du-Périgord, il est fermé, les barrières ayant été abaissées sur ordre de l’occupant, en embuscade à proximité. Connaissant la garde-barrière, ils klaxonnent et s’étonnent qu’elle ne sorte pas. Roger Pomarel descend de voiture pour prendre contact avec la garde-barrière. Une rafale de fusil-mitrailleur le fauche. La préposé à la garde du passage à niveau sort et demande de l’aide pour faire soigner le blessé. Les Allemands s’y opposent et le laissent plusieurs heures sans soins sur le bas-côté de la route.
Margot, blessé à la fesse par une balle, parvient à s’enfuir sous les balles à travers les bois et trouve refuge à Blanquefort-sur-Briolance chez Monsieur Brousse qui l’installe chez lui et le fait soigner jusqu’à sa guérison, un mois plus tard.
L’ennemi abandonne le corps de Roger Pomarel entre Villefranche-du-Périgord et Montflanquin. Ce dernier, découvert plusieurs jours plus tard et inhumé sur place avant d’être ramené au pays natal. Roger Pomarel, courageux agent de liaison originaire de Saint Lazare, près de Terrasson, ne voit pas se lever l’aube glorieuse de la victoire mais il a fait le sacrifice de sa vie pour que vive la France…
Spread the love