Commémoration à Mouleydier
La date du 21 juin est depuis soixante-quatorze ans marquée par la douleur. Comme chaque année, autorités et population étaient invitées hier à rendre hommage à ces hommes tombés pour la liberté.
« Chacun doit nourrir la flamme de la Résistance »
DOMINIQUE LAURENT
L’Echo 22 juin 2018
La barbarie et le fanatisme ont marqué par le sang ces villages
« Le 21 juin 1944, la 11e Panzer LDivision entre à l’aube avec tout son arsenal dans Mouleydier. Les assauts de la Résistance ne suffiront pas à repousser l’ennemi. Elle se replie au terme de funestes affrontements. Ceux- ci feront vingt-deux morts, dont dix neuf partisans, dix-huit fusillés et égorgés. La population est rassemblée, puis triée. Les résistants prisonniers seront torturés avant d’être abattus dans la soirée. Le chef de colonne décide d’incendier le village après l’avoir pillé. Cent soixante-quatre maisons seront détruites dans le village.
La division recherche Bergeret, le chef de la Résistance Sud Dordogne, et poursuit sa route sanglante jusqu’à Pressignac-Vicq où ne sera fait aucun prisonnier : trente-quatre morts, dont trente-trois maquisards. Le village est là encore brûlé. Depuis soixante-quatorze ans, les habitants de ces villages martyrs se réunissent pour honorer le sacrifice de ces hommes guidés par leur seule soif de liberté. « La mort, les souffrances physiques et morales ont atteint dans leur cœur et leur chair des familles entières », glisse ce jeudi, Marie-Christine Bencharel, la maire honoraire de Sainte-Alvère, « le temps s’écoule et les souvenirs s’ estompent, mais il nous faut sans cesse évoquer ces pages douloureuses, nous devons assurer avec ferveur un devoir de mémoire c’ est une condition essentielle pour construire avec motivation un monde de paix et de stabilité ». La sous-préfète de Bergerac, Dominique Laurent a salué la persévérance de ces hommes et ces femmes de la Résistance pour faire reculer l’ennemi, et rendu un hommage tout particulier à son prédécesseur Maurice Loupias, allias Bergeret : « Le récit de ces événements a toujours une résonance très forte pour la sous-préfecture de Bergerac. Car c’est Bergeret, nom de guerre de Maurice Loupias, commandant de la Résistance Sud Dordogne, que les Allemands voulaient capturer. Il a pu se sauver, déménageant quasiment chaque jour, protégé par de valeureux citoyens combattant sans relâche. A chaque fois que j’entre à la sous-préfecture je regarde avec respect la plaque posée en son honneur ». La représentante de l’Etat a enfin appelé chacun à entretenir la flamme de la Résistance. « Dans une démocratie chacun doit protéger soigneusement sa flamme de la Résistance, doit combattre pour garder les acquis des anciens, et pour les faire progresser. En accomplissant notre devoir de mémoire, il me semble que nous pouvons mieux entretenir notre capacité de résilience, notre travail en faveur de la paix, du progrès économique, social, afin que le sacrifice de ceux que nous honorons aujourd’hui ait, malgré la tristesse qui nous étreint, tout le sens qu’ils ont voulu nous donner ». C’est dans la clameur du Chant des Partisans que les autorités ont déposé leurs gerbes, avant que les écoliers ne clôture la cérémonie avec La Marseillaise. »