AG FMD: Souvenir et vigilance
(Photo Isabelle Vitte)
La Délégation territoriale 24 de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a tenu son Assemblée générale annuelle le samedi 23 mars à Boulazac. Voici l’article publié par Isabelle Vitte Dans L’édition Dordogne de L’Echo du 25 mars:
« lorsque toute la France métropolitaine connaît de forts moments de tension qui amènent un regain de racisme et d’antisémitisme, le travail de l’AFMD prend un relief différent.
« Notre fondation marche sur deux pieds » explique Norbert Pilmé, « entre la diffusion de la réalité de ce qui s’est passé durant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans les camps nazis, et la notion de vigilance ». Ce second axe demande de trouver des formules d’intervention diverses, pouvant toucher aussi bien les parents que leurs enfants, afin de les mettre en garde « pour que ça ne recommence pas». Ça, ce sont des gens pourchassés, arrêtés, humiliés, privés de toute dignité humaine, et finalement assassinés de façons toutes plus ignobles les unes que les autres, non qu’ils aient eu des attitudes justifiant, si cela est possible, un tel traitement, mais uniquement en fonction de leurs positions politiques, idéologiques, voire simplement en raison de leur appartenance à un groupe humain, juifs, tziganes… Si nous n’en sommes pas là aujourd’hui, la peste brune est malheureusement toujours présente, et se montre de plus en plus virulente. «Nous passons beaucoup de temps à étudier cette question » reprend Norbert Pilmé, « pour trouver comment contacter le public scolaire, ou se mettre en relation avec des communes acceptant de recevoir nos expositions ».
UNE ESCROQUERIE MENTALE
L’ AFMD 24 en inaugurait justement une à l’occasion de son assemblée générale, Ravensbruck, la force des femmes. Car la gente féminine est loin d’avoir été épargnée par les immondices de cette période noire. « Il n’y avait pas de différence entre les hommes et les femmes sur ces questions, car les femmes n’ étaient pas mieux traitées que les hommes. Les porteurs de mémoire en attestent ». D’au- tant que les nazis se sont livrés à une « escroquerie mentale. Ils ont feint de respecter les règles de la guerre qui veulent qu’ on ne fusille pas les femmes. On les arrête, et on les envoie dans des camps pour les détruire ». 28 000 femmes de 13 nationalités, dont 7 000 françaises parmi lesquelles Germaine Tillon, Marie-Claude Vaillant- Couturier, ou encore Geneviève de Gaulle-Anthonioz qui ont ensuite joué dans notre pays un rôle considérable, ont été enfermées à Ravensbruck. Selon la loi en vigueur dans les camps, aucune n’était enceinte. Mais certaines étaient parfois en tout début de grossesse et l’ignoraient au moment de leur arrestation, d’autres l’ont été suite à un viol de soldats, et elles se trouvaient face à une situation inextricable, avec un enfant dans un endroit où rien n’était prévu pour l’accueillir, « sauf un lieu où on mettait les enfants » rappelle Norbert Pilmé, « mais dans quelles conditions ! Marie-José Chombart de Lauwe a travaillé dans cet endroit et a tenté de le rendre le moins cruel possible, mais les nazies faisaient en sorte de détruire les bébés. Seulement six ou sept ont pu sortir du camp, et uniquement trois sont restés longtemps en vie après ».
PAS D’ÂGE POUR APPRENDRE LE RESPECT ET LA TOLÉRANCE
Le devoir de vigilance, justement, pourrait passer par les femmes, car elles sont, dans les foyers, le pivot permettant d’aborder toute une série de questions. C’est encore majoritairement elles qui passent le plus de temps à s’occuper des enfants, et les forgent dans leurs convictions, leurs connaissances, et leur vision de la vie et du monde. Il n’y a pas d’âge pour apprendre la tolérance, le respect de l’autre dans sa diversité, et s’enrichir des cultures des autres. On peut même dire : plus c’est tôt, mieux c’est ! »
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