Décès de René Chouet
Nous apprenons avec beaucoup de tristesse, par une communication de Norbert Pilmé, Président de l’AFMD 24, le décès de René Chouet, survenu ce mardi 2 février à son domicile, à Périgueux.
« Né le 29 mai 1924 à Périgueux (Dordogne) ; ouvrier plâtrier ; résistant ; membre du secrétariat de la fédération communiste de Dordogne.
Fils d’un cultivateur devenu manœuvre du bâtiment et d’une mère au foyer, René Chouet obtint le certificat d’études et fit son apprentissage dans le bâtiment.
À partir de septembre 1943, il distribua des journaux résistants de l’Armée secrète (AS) fournis par André Toulza*, ancien secrétaire fédéral communiste exclu en 1938, beau-père de sa sœur (Chouet rompra avec lui après guerre), puis il rejoignit un groupe FTPF au moment où il fut arrêté par la feldgendarmerie et la Gestapo le 14 février 1944.
Il fut déporté en Allemagne puis en Autriche (Melke, Mauthausen, Ebensée) du 6 avril 1944 au 24 mai 1944, date de son rapatriement. Il avait été libéré à Ebensée par les Américains. Selon son témoignage : « À Melke, la solidarité fonctionnait et les responsables étaient Auguste Havez*, René Hilsum*. À Ebensée, le responsable était J[ean] Lafitte* […]. J’appartenais au Parti et à la Libération mon secrétaire de section était Jean Lafitte et de cellule Lucien Fournier. Ma première carte du Parti m’a été délivrée à Ebensée. » (autobiographie d’octobre 1947).
René Chouet revint atteint d’une tuberculose pulmonaire qui le mit pendant plusieurs années hors d’état de travailler de façon continue, mais pas de militer. Sa situation matérielle était très difficile et limitait sa possibilité de prendre des responsabilités militantes importantes.
Ayant confirmé son appartenance au Parti communiste en août 1945, il fut secrétaire départemental de la Dordogne, suivit une école de section à Clairvivre (ville où était son sanatorium) en 1945, une école fédérale en août-septembre 1947, une école centrale de la jeunesse d’un mois en septembre-octobre 1947 (où il rencontra sa future femme), deux autres écoles d’un mois et une école centrale de quatre mois en 1952-1953. Il fut comme directeur adjoint de l’école centrale d’un mois en mars-avril 1961.
La fédération lui était reconnaissante d’avoir « redressé la situation de l’UJRF dans le département » en 1947. Il entra en 1948 au comité de section de Périgueux puis au comité fédéral et au bureau fédéral. Invalide à 85 %, il reprit cependant un travail dans le bâtiment en août 1950 à l’entreprise artisanale de son oncle Tombolato. En novembre 1949, il se maria avec Jeanne Razy, secrétaire, née le 18 avril 1925 à Lyon (IIe arr.). Fille de cultivateurs communistes, elle avait participé à la Résistance et adhéré au PCF fin 1944. Elle fut déléguée au congrès national du PCF, à Paris, en juin 1945. Secrétaire administration universitaire, elle fut une syndicaliste CGT active au niveau de son établissement et de l’académie de Bordeaux. Le couple eut trois enfants, en 1950, 1951 et 1952.
René Chouet siégea au secrétariat fédéral communiste de 1952 à 1968 en seconde position, le premier secrétaire étant alors Yves Péron*. Il resta au secrétariat fédéral jusqu’en 1977, au bureau fédéral jusqu’en 1985 et devint alors président de la commission fédérale de contrôle financier, fonction qu’il conserva jusqu’en 1994. Il devint président de l’Amicale des vétérans en 1984 et le resta.
Membre de la commission exécutive de l’UD-CGT en 1957, il siégeait au bureau départemental de la FNDIRP oui fut secrétaire départemental et membre du comite national. Il était secrétaire adjoint d’une amicale laïque, militant des parents d’élève. Il appartenait à l’ARAC depuis 1948, aux Amis des FTPF (1948), à France-URSS (1948), aux Combattants de la Paix (1950) et à France-Espagne. Il rendit des services au Parti communiste espagnol pour les passages de frontière.
Secrétaire général départemental de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes, il obtint la Légion d’honneur en avril 1998 pour ses cinquante-deux ans d’activités sociales et de services armés.
Militant de la mémoire communiste et résistante, il est membre du bureau de l’association pour la mémoire de la déportation, secrétaire adjoint du centre départemental pour la mémoire de la Dordogne, du bureau de Périgord histoire mémoire, du comité du Prix de la Résistance, secrétaire adjoint du comité départemental de liaison de la résistance et de la déportation, du bureau de l’UDAC et enfin du conseil d’administration de l’office départemental des anciens combattants. »
Source: LE MAITRON – par Claude Pennetier
Vous pouvez retrouver le récit qu’il fit de son arrestation et des années de déportation qui s’en suivirent dans son livre publié aux éditions LA LAUZE sous le titre « SOUS LES PLIS DU DRAPEAU ROUGE ». Il y décrit ensuite son engagement politique avec la modestie et la franchise qui le caractérisait.
Le Bureau du CDM transmet à ses proches et à sa famille ses plus sincères condoléances.
Revue de presse:
Sud-Ouest le 4 février 2021:
« Son énergie et sa bonne humeur étaient bien connues partout en Dordogne, notamment dans les milieux des anciens résistants et du PCF dont il fut longtemps l’un des permanents. René Chouet, défenseur du devoir de mémoire, témoignait inlassablement dans les écoles de la réalité de la Déportation qu’il avait connue entre 1944 et 1945 au camp de Mauthausen où il avait survécu grâce à l’organisation et à la solidarité des militants communistes. Il avait adopté cet idéal qui ne l’a jamais quitté jusqu’à sa disparition, mardi 2 février 2021 à l’âge de 96 ans, après avoir souffert de soucis de santé pendant quelques années. Éternel optimiste Ce jeune plâtrier avait 19 ans lorsqu’il fut arrêté à Périgueux, alors qu’il entrait au Maquis, Il fut torturé avant d’être déporté dans des wagons à bestiaux vers l’Autriche. Il semblait pourtant être un éternel optimiste, se battant contre toutes les haines, le racisme et l’exploitation. Il avait été décoré de la Légion d’honneur en 1998 par Yves Guéna pour l’ensemble de ses engagements. René Chouet mit des années à se remettre de la tuberculose attrapée en Déportation. Mais son implication comme militant restait intacte. Cet homme à la vie modeste, habitant un logement HLM du quartier Clos-Chassaing à Périgueux, occupa plusieurs fonctions au secrétariat départemental de la Dordogne au fil des années, notamment aux côtés d’Yves Péron. Il fut l’un de ceux qui mirent le pied à l’étrier à des militants comme Francis Colbac ou Jacques Auzou. Et à son petit-fils, Julien Chouet, qui est aujourd’hui le secrétaire départemental du PCF. »
La Dordogne Libre lui consacre sa première page et un article dans son édition du 4 février:
« Résistant déporté, militant communiste engagé, le périgourdin René Chouet s’est éteint hier à l’âge de 96 ans. Il aura marqué la vie de celles et ceux qui l’ont rencontré. Grâce à son travail de mémoire et à son action politique riche.
«Un humaniste », « un passeur de mémoire », « un militant rassembleur », « un dirigeant », « un exemple », « un grand monsieur », « toujours souriant, toujours enthousiaste » … Les hommages se sont multipliés hier à l’annonce du décès de René Chouet. Ancien résistant déporté, militant communiste mais aussi militant de la mémoire, toute sa vie, il l’aura consacré à défendre, partager mais aussi raconter son histoire et ses valeurs de fraternité, de solidarité et d’entraide, si durement acquises… »
Retrouvez aussi un article et un interview de René Chouet sur le site de France Bleue en cliquant sur ce lien: France Bleu Périgord