Commémoration de la rafle de février 1943

Commémoration de la rafle de février 1943

La Ville de Périgueux à organisée le dimanche 25 février une cérémonie en hommage aux 75 personnes  arrêtées sur ordre du gouvernement de Vichy pour être livrées comme otages aux Allemands. Ces personnes seront déportées pour être exterminées au prétexte de leur religion, sauf deux qui auront pu s’échapper:

Voici les articles publiés par le journal Sud-Ouest dans ses éditions de la Dordogne des 27 février et 6 mars relatifs à cette cérémonie:

« Le nom d’Elie Spielvogel est l’un des 75 inscrits sur la stèle du gymnase Secrestat, de Périgueux. Il s’agit des Juifs raflés en Dordogne et enfermés ici les 23, 24 et 27 février 1943, avant d’être envoyés vers d’autres grands camps de regroupement en France pour terminer dans les camps de la mort, situés en Pologne.

Quatre-vingts ans plus tard, dimanche 26 février, les trois enfants d’Elie Spielvogel étaient venus de Paris et Limoges pour participer à la cérémonie commémorant ce drame. Devant le même gymnase, une foule importante a assisté à l’hommage émouvant qui a été rendu.

Le convoi 51

Pierre Spielvogel, le fils d’Elie, raconte l’histoire de son père, qui habitait à Paris l’été 1942, à la veille de la rafle du Vél’ d’Hiv’ : « Mes grands-parents, juifs polonais, ont décidé de disperser leurs enfants quand ils ont appris ce qu’il se tramait par des amis de connaissances qui avaient été informées par des fuites de la préfecture de police. » Un an plus tôt déjà, un frère d’Elie avait été interné à Drancy avant de périr à Auschwitz à la suite de la rafle des Juifs du 11e arrondissement.

Elie et un autre frère, Henri, se sont donc retrouvés en Dordogne. Elie a trouvé refuge chez un paysan de Vézac. Mais le 23 février, il a été raflé par les autorités françaises, qui s’étaient engagées à livrer 2 000 Juifs aux nazis en représailles de l’exécution de deux officiers allemands par des résistants. Pour la Dordogne, le contingent pour cette commémoration avait été fixé à 90 Juifs.

Interné au gymnase Secrestat, il a ensuite rejoint le camp de Gurs, dans les Pyrénées, avant de partir pour Drancy, en région parisienne. Le 6 mars, il est monté dans le convoi 51 dont la destination finale était le camp d’extermination de Sobibor, où une mort certaine l’attendait.

Sauf qu’Elie et un autre membre du convoi sont parvenus à s’échapper, dans la région de Nancy. Tous les autres ont péri en Pologne. Elie a retrouvé ses parents à Paris et s’est engagé dans la résistance, dans la compagnie juive.

Transmission

Si cette histoire familiale n’a jamais été cachée, Pierre et ses sœurs n’ont pas été élevés « écrasés par le poids du passé». « On en avait des bribes mais pas l’intégralité », dit Pierre. Mais en 2007, ce dernier a voulu en reprendre le fil et s’est lancé dans d’importantes recherches, qui l’ont naturelle- ment conduit à revenir en Dordogne.

Ici, il a été aidé par Bernard Reviriego, conservateur aux a chives départementales. Ce dernier avait déjà écrit sur le destin des Juifs en Dordogne. Et dernièrement il a consacré un livre important sur les rafles de février 1943 (1).

Dimanche 26 février, ce tra- vail a été salué par tous ceux qui participaient à la commé- moration des rafles. Notam- ment le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia. Mais ce dernier a surtout salué les enfants de l’école Simone-Veil, qui se sont investis avec des chants et des lectures. « Ce que vous faites est plus que transmettre la mémoire et l’histoire. Vous redonnez des noms à des vies. C’est bouleversant. Nous avons une dette morale envers ces personnes, car nous les avons abandonnées. » »

(1) « Juifs réfugiés en Dordogne, les rafles de février 1943 », par Bernard Reviriego (Fanlac). Prix : 22 euros.

« La maire de Périgueux Delphine Labails (PS) a pris au mot le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia. Le 26 février, lors de la commémoration des rafles du gymnase de 1943, il avait suggéré de donner le nom de Rolf Hammel à une des rues de la ville. Mercredi 1er mars, en Conseil municipal, les élus ont approuvé le principe d’une dénomination d’un espace public périgourdin. Ce dernier n’a pas encore été trouvé, mais un groupe de travail a été mis en place afin de proposer un lieu pertinent. Résistant né en Allemagne en 1912 et vivant à Strasbourg, Rolf Hammel s’était installé en Dordogne avec sa famille lors de l’invasion nazie. Résistant, il avait mis au point, avec un responsable du service de police de la préfecture, un système d’alerte pour prévenir des rafles. Au signal convenu, il faisait partir dans tout le département des jeunes à bicyclette pour alerter les Juifs menacés d’arrestation. Après le conflit, Rolf Hammel a présidé durant de longues années la communauté israélite de Périgueux (fonction actuellement occupée par son fils, Raymond). En parallèle, il avait créé une entreprise de robinetterie, devenue un groupe présent à l’international. Il est décédé en 2006. » G. M.

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