Panthéonisation de Marc Bloch

Panthéonisation de Marc Bloch

Article dans Sud-Ouest Dimanche du 24 novembre 2024 :

« Médiéviste reconnu, père d’une nouvelle approche historique, Marc Bloch (1886-1944), dont Emmanuel Macron a annoncé la panthéonisation, hier, à Strabourg, où il commémorait les 80 ans de la libération de la ville du joug nazi, a été un citoyen engagé, soldat des deux guerres mondiales, patriote, antifasciste, fervent républicain.

Sa grande œuvre reste la création en 1929, avec Lucien Febvre, de la revue des « Annales d’histoire économique et sociale », fer de lance de l’école historiographique française. « C’est le fondateur de l’histoire des mentalités, des croyances, des façons de penser », résume l’historien Julien Théry. Avec notamment son maîtrelivre « Les Rois thaumaturges » (1924), il donne « à l’Histoire un autre objet que les grands noms, les grands événements, les batailles ». Ses méthodes pionnières permettent une nouvelle approche, avec « une Histoire qui s’intéresse aux profondeurs de la société ».

Interné, torturé puis exécuté

«Passionné de la République » et grand patriote qui a signé dans les années 1930 le manifeste des intellectuels antifascistes, ce juif athée, poilu de la guerre 14-18, est à nouveau mobilisé en 1939. À sa demande, alors qu’il a 53 ans, six enfants et souffre d’une polyarthrite invalidante. « Je suis le plus vieux capitaine de l’armée française », disait-il. Petit et mince, allure distinguée, fines lunettes cerclées d’intellectuel, cet homme d’abord parfois glacial tirera de la débâcle de 1940 un livre sans concession, « L’Etrange défaite ». Son ouvrage le plus connu, publié à titre posthume après-guerre et racontant de l’intérieur, de façon implacable, « le plus atroce effondrement de notre histoire ». En 1942, quand les Allemands envahissent la zone libre, il se réfugie dans la maison familiale de la Creuse avant de rejoindre la Résistance. Il plonge dans la vie clandestine à Lyon, intègre le mouvement FrancTireur. Il est arrêté le 8 mars 1944, interné à la prison de Montluc et torturé pendant des jours. Il est finalement fusillé par la Gestapo le soir du 16 juin 1944 dans un champ broussailleux près de Lyon. Exécuté à la mitrailleuse, dans le dos. Avec 29 autres camarades, suppliciés par groupes de quatre.

Depuis Strasbourg, hier, Emmanuel Macron a aussi évoqué le sort des « Malgré-nous », ces 130 000 Alsaciens et Mosellans considérés comme Allemands après l’annexion de ces territoires, et qui ont dû intégrer l’armée allemande. Leur « tragédie doit être nommée, reconnue et enseignée car elle est celle de la Nation », a indiqué le chef de l’État. »

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