L’ouvrage du Conseil scientifique du CDM 24
Installé il y a trois ans à l’initiative du CDM avec le soutien de Département, le Conseil scientifique s’est donné comme première mission de rédiger un ouvrage collectif de référence sur la Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale. Volontairement contextuel, il propose davantage des éléments de cadrage que des arbitrages sur certaines questions plus locales qui conserveront toujours leur part de mystère.
L’Association CDM se réjouit de la parution de cet ouvrage qui permettra d’apporter la contradiction aux histrions nostalgiques qui aimeraient réécrire notre histoire avec le prisme déformant de leurs égarements politiques.
Nos remerciements, donc, à Anne-Marie Cocula et à Bernard Lachaise qui ont codirigé cette rédaction et à tous les membres contributeurs de notre Conseil scientifique (Voir la liste dans notre rubrique dédiée ci-dessus ou en cliquant sur ce lien Conseil scientifique – composition).
Remerciements au Conseil départemental qui contribue à la publication de cet ouvrage conformément aux engagements pris par son Président Germinal Peiro lors de la mise en place du Conseil scientifique le 13 mars 2017 (Voir le communiqué de presse publié à l’occasion de cette conférence: 20170313_Communiqué_Conseil scientifique_WW2).
Nos remerciements au Service départemental des archives qui a contribué à cet ouvrage notamment à son iconographie, à l’image de ces photos reprises ci-après.
Remerciements, enfin, aux Editions FANLAC pour leur engagement à nos côtés. Aidez-les, aidez-nous, réservez sans attendre votre exemplaire chez votre libraire ou commandez le sur leur site: EDITIONS FANLAC
Interview de Bernard Lachaise publié dans Sud-Ouest le 23 mai 2020:
C’était un petit défi qui avait été lancé au professeur émérite Bernard
Lachaise de coordonner, avec AnneMarie Cocula, la rédaction d’une histoire de la Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale. Il explique
sa méthode.
« Sud Ouest » Comment vous êtes-vous organisés ?
Bernard Lachaise: Notre objectif de départ était de vraiment donner
une vue générale et de faire découvrir tous les aspects de cette période. Il a fallu constituer une équipe d’auteurs avec des compétences particulières sur les sujets, pas en faisant une thèse en 12 volumes, mais une synthèse. Ça nous a pris trois ans. Nous avons choisi de suivre la chronologie depuis les années 1930 jusqu’en 1946 en montrant les enchaînements qui expliquent bien les choses.
Mais ce n’est pas un nouveau livre sur la Résistance en Dordogne ?
Depuis Robert Paxton (NDLR: historien américain spécialiste de la France sous Vichy) on sait que la France n’a pas eu que des résistants. Il ne fallait rien masquer de la collaboration. Mais il fallait aussi parler de l’économie, de la politique, de la vie culturelle et religieuse, de l’antisémitisme, de la Déportation, des réfugiés, de la répression et de l’épuration après la Libération… Il fallait mettre du lien entre tous ces sujets dont certains restaient très neufs.
Quelle a été votre documentation?
Nous avons travaillé sur des sources écrites solides, plus que sur des
témoignages, c’est toute la différence entre mémoire et histoire.
Les Archives départementales de la Dordogne ont fait un très gros travail sur ces fonds qui sont désormais consultables par tout le monde. Les rapports des préfets sont par exemple de très bonnes photographies de la situation à un moment donné, en sachant bien par qui ils ont été écrits.
Justement, quelle différence faitesvous entre mémoire et histoire?
Un des problèmes pour traiter cette période, c’est la distance. On ne peut pas se baser que sur des témoignages, car ils sont parfois contredits par la réalité. J’ai toujours dit à mes étudiants: « Faites attention dans vos entretiens, quand des témoins vous disent des années après des choses extrêmement précises. Faites l’expérience avec vous-mêmes, quels souvenirs de votre classe de sixième avez-vous? » Il faut faire attention à la mémoire. Je me souviens toujours de ce que disait Anne-Marie Pommiès, la directrice du centre Jean-Moulin à Bordeaux: «Moins il reste de résistants, plus ils ont fait de la résistance». En tant que Périgourdin, vous savez que ces sujets de la guerre sont très sensibles en Dordogne. Ce qui est le plus important dans ce travail c’est d’être rigoureux scientifiquement en croisant les sources et les regards, mettre en perspective avec le niveau national. Il ne faut pas le faire au service d’une cause quelconque, ni pour réhabiliter ni pour condamner. Certains ont du mal. Les résistants nous considèrent parfois comme des monstres froids qui examinent les choses comme si on ne ressentait rien. Ce n’est pas vrai, mais pour faire de l’histoire il faut freiner tout affect.
Quelles traces a laissé la guerre dans l’histoire politique locale?
Les communistes avaient du poids en Dordogne. Ils l’ont mis dans la Résistance quand ils y sont venus après la fin du pacte germano-soviétique (NDLR: en 1941). Ils ont appris à se connaître avec les gaullistes durant la Résistance. Ils ont gardé du poids lors des élections après la guerre et ont maintenu une espèce d’entente politique avec les gaullistes jusque dans les années 1980.
Comment avez-vous géré l’équipe du livre?
On se connaissait tous bien, ça a fonctionné et presque tous les auteurs ont un rapport avec le Périgord. Anne-Marie Cocula avec qui j’ai dirigé l’équipe, a apporté sa connaissance de l’histoire du Périgord et
même son regard de personne qui a vécu cette période. C’était important pour la mise en perspective.
Recueilli par Hervé Chassain