Il avait mis quarante ans avant de revenir sur la terre de ses missions dans la Résistance en Périgord noir, dans les années 1980. Il a fallu quelques décennies supplémentaires avant que Raymond Zerline, âgé de 97 ans et demi, ne « prenne du plaisir » à y séjourner. « Trop de fantômes m’attendaient », a glissé ce Parisien de naissance, en égrenant les noms des camarades tombés au combat. Installé aujourd’hui en Charente-Maritime, il a donné une conférence à Siorac-en-Périgord à la date symbolique du 6 juin.

Un auditoire d’une quarantaine de personnes a été conquis par le sens de la narration autant que par la grande précision des faits relatés, réunis dans ses mémoires (1).

Avec d’emblée cet avertissement empreint d’humilité : « Il ne faut pas me prendre pour le libérateur », a-t-il prévenu. Reste qu’agent de liaison, il a exercé des responsabilités en gravitant dans un microclimat dépeint comme « tricolore rougeoyant », en référence aux personnalités locales qui y ont façonné la Résistance, dont plusieurs communistes en rupture avec le parti : Rispal, Marty ou encore Robert Brouillet à Siorac. Sans oublier le groupe autonome de Soleil, en marge, « mais présent partout ».

« Longue préparation »

Raymond Zerline a retracé la « longue préparation » de la Libération, depuis la quête de terrains pour les parachutages à l’écoute de la BBC, en passant par les caches d’armes. Le jour du Débarquement a vu Siorac se proclamer libérée avec la mise en place de quatre barrages sur les routes, « un climat de fête » ponctué durant plusieurs semaines d’actions de guérillas et d’incursions des troupes nazies, comme le 24 juin depuis Le Coux. Mobilisé dans la milice patriotique, Raymond Zerline a ensuite agi au service de la mairie. Quatre-vingts ans après, il a reçu un diplôme d’honneur de la commune.

Invité au collège de Pays-de-Belvès ce vendredi 7 juin, cet infatigable conteur a rencontré des élèves auxquels il a transmis sa mémoire et les valeurs républicaines.