Le 27 mai à Sarlat
Article de Léna Badin dans l’édition de Périgueux de Sud-Ouest, ce vendredi 29 mai 2020:
En se promenant en ville, on oublie parfois de lever la tête pour apercevoir les plaques commémoratives ici et là. Et si les noms des rues paraissent familiers aux habitants de Sarlat, savent-ils vraiment qui étaient Louis Bonnel, le docteur Nessmann, ou Henri Arlet ?
Sans qu’il n’y ait eu de grands bombardements ni de grandes batailles dans le Périgord noir lors de la Seconde Guerre mondiale, les combats clandestins et les opérations civiles et militaires héroïques se sont succédé, faisant de la cité le théâtre d’actions qui n’ont parfois jamais été écrites. Et c’est en respectant une certaine chronologie qu’Adrian Mialet, guide conférencier, a emmené le public sur les traces de ces personnes qui font partie de l’histoire du Périgord, mercredi 27mai, lors de visites inédites, à l’occasion de la Journée nationale de la Résistance.
À commencer par Louis Bonnel, le libraire, qui s’était installé à Sarlat en 1940 pour mettre sa famille en sécurité et qui fut finalement arrêté et déporté en 1943. Louis Bonnel n’est pas revenu. Lucien Garrigou, qui s’est vu décerner le titre de Juste parmi les nations, était, lui, le propriétaire de
l’hôtel Saint-Albert. Résistant «passif», il accueillait de nombreux réfugiés dans son établissement, et il a sauvé des Juifs, en particulier lors d’une rafle en les faisant monter sur le toit. « Lucien n’a pas sauvé que des Juifs, mais pour les Juifs qu’il a sauvés ce n’était pas parce qu’ils étaient Juifs mais parce qu’ils étaient des hommes », peut-on lire sur la page Internet de l’AJPN (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie dans les communes de France).
Camouflage du matériel
Après un arrêt devant le monument dédié aux héros et aux martyrs de la Libération de l’arrondissement de Sarlat, Adrian Mialet a raconté l’histoire extraordinaire du réseau Camouflage du matériel dirigé par le colonel Mollard qui, derrière des sociétés écrans, avait monté une entreprise d’armement clandestine pour remplacer le matériel français tombé aux mains des Allemands.
Le docteur Victor Nessmann, quant à lui, était l’un des acteurs principaux du groupe Combat. Ce médecin alsacien a été arrêté, ironie du sort, par deux gestapistes qui parlaient le dialecte mosellan et qui, à quelques kilomètres près, auraient pu être du même bord.
Henri Arlet, fils du maire, a quant à lui été fait prisonnier durant l’un des premiers combats de la Résistance. Il a été fusillé à l’âge de 21 ans, en 1943.
«C’était très intéressant»
Sarlat dans la Résistance, ce sont aussi des dates, comme celle du 26 juin 1944 marquée par des affrontements entre la colonne allemande Wilde et les maquisards. Ce sont également des adresses comme le 31, rue de la République où a été raflée une famille juive.
Sarlat dans la Résistance, ce sont par ailleurs ces murs, comme ceux du collège La Boétie qui ont abrité les actions des combattants clandestins en y entraînant des professeurs, et des élèves.
Pour Marie, qui a suivi la visite et qui se passionne pour cette période, «c’était très intéressant ».
«C’était une thématique que l’on voulait approcher depuis longtemps, indique Céline Auvray, la directrice de Périgord Welcome. Cette occasion était parfaite. Et puisque cela plaît, on le refera. Sur demande ou à d’autres dates comme celle-là.»
Renseignements sur le siteperigord-welcome.com ou auprès de l’office de tourisme de Sarlat Périgord noir.