Inauguration de la plaque des victimes juives de Thenon
79 ans après les événements qui se sont déroulés pendant la guerre, une stèle a été inaugurée à Thenon sur la place de la Mairie, ce 8 mai 2023, à l’initiative de Liliane Zolty et Christian Juhasz et en présence de leurs familles, avec le soutien du Maire Monsieur Jean-Luc Blanchard, à la mémoire des 4 victimes juives fusillées le 1er Avril 1944. Etaient présents également Monsieur Serge Mérillou, Sénateur de la Dordogne, Monsieur Dominique Bousquet, Conseiller départemental et Président de la Communauté de communes Terrassonnais Haut Périgord Noir, Monsieur Bernard Reviriego, Conservateur en chef du patrimoine aux archives départementales retraité, membre du Groupe de travail historique du CDM 24, Madame Sylviane Ranoux, Présidente du Comité de Périgueux de l’ANACR, Madame Betty Wieder, Présidente de la LICRA de Dordogne, les sapeurs-pompiers et de nombreux habitants de la commune.
Après le mot d’accueil du Maire de Thenon, Jean-Luc Blanchard, le contexte historique a été rappelé par Bernard Reviriego. Les assassinats des quatre Juifs de Thenon ont, en effet, été commis lors de la « semaine sanglante », sinistre période qui vit une division allemande, spécialement créée pour la répression, tracer un sillage de feu et de sang en Dordogne avant de poursuivre en Corrèze et en Haute-Vienne. Comme l’a parfaitement souligné Bernard Reviriego, il s’agissait de briser les maquis en les isolant de la population, mais aussi de traquer, déporter et fusiller les Juifs. Ainsi, à Thenon, l’exécution des quatre Juifs est précédé, la veille, du décès de trois maquisards FTP lors d’un accrochage sur la route nationale 89, et de l’assassinat d’un cultivateur.
Après cette introduction, les descendantes et descendants de ces quatre hommes se sont succédés au micro pour raconter leur histoire plus personnelle:
Liliane Zolty, tout d’abord qui n’avait que neuf mois quand son papa, Issac Zolty a été fusillé et qui mit longtemps avant de pouvoir revenir vers Thenon qui fut « une terre d’accueil mais aussi de traumatisme ».
C’est la découverte du livre de Bernard Reviriego sur les Juifs en Dordogne pendant la guerre qui lui permit « d’identifier les faits qui me poursuivaient depuis toujours ». Ils furent dès lors sur une trajectoire d’échanges, de recherches et d’amitié qui les conduisit jusqu’à cette cérémonie avec les descendants, aussi, des frères Juhasz.
Deux cousins, Christian et Francis se succèderont pour évoquer le parcours de Denis et d’Etienne Juhasz, deux jeunes photographes qui s’étaient établis à Thenon. Francis évoquera le courage de ceux qui ramenèrent les corps à la maison alors que cela était formellement interdit.
Un récit émouvant, nous ramena 79 ans en arrière lors de cette tragique journée, celui de Mireille, l’ainée de la famille Zolty, qui vit son père emmené de la maison et monter dans un camion « sans ses chaussures », qui prit la direction du bois ou Isaac fut fusillé. Récemment décédée, Mireille a pu laisser ce témoignage écrit, lu ce 8 mai par sa fille, Joëlle Sacari, petite fille d’Isaac.
L’histoire d’Israël Reifeisen fut plus difficile à reconstituer. Elle surgira très récemment d’une conversation entre Bernard Reviriego et Sylviane Ranoux qui s’aperçurent qu’ils travaillaient sur un même dossier, Bernard cherchant en vain une descendance à Israël et Sylviane travaillant sur la biographie de Jean Bayle, dit « Margot », maquisard du Groupe Hercule, qui connu Jutta Maria Reifeisen, dite « Jo Tournade » dans la Résistance qu’elle rejoindra après l’assassinat de son père. Jean et Jutta se marient en 1945 et ont un fils Dany en 1946. Celui-ci ne pourra pas faire le déplacement à Thenon ce 8 mai, ni sa mère, Jutta, trop âgée, mais ils auront été un peu présents grâce au récit que fit Sylviane Ranoux de ces destins croisés de deux résistants périgourdins.
Betty Wiéder, Présidente de la LICRA en Dordogne, appelée à prendre la parole pour conclure cette cérémonie, ne put que rappeler l’importance des valeurs fondatrice de notre république pour lutter contre l’antisémitisme, le racisme, et toutes formes de déviances.
La cérémonie s’est achevée par l’audition du chant des partisans du Ghetto de Varsovie et a été suivie par la célébration de la victoire du 8 mai 1945, avec une participation des enfants de l’école municipale qui tentèrent une sympathique Marseillaise et qui lurent un message à plusieurs voix.