Commémoration à Marsac-sur-l’Isle
Pour ce 80ème anniversaire du massacre de La Barde à la Prunerie, la municipalité a réussi à retrouver des descendants de deux des six juifs assassinés par la brigade nord-africaine.
Voici l’article publié par Florent Arc dans l’édition du 16 juillet 2024 de La Dordogne Libre :
Il est 18h30, le 11 juillet 1944, lorsqu’un train supposé transporter des « réfractaires » (des prisonniers obligatoires) entre en gare de La Cave, sur la commune de Marsac. Il est attendu par un groupe de résistants locaux. Déguisé en chef de gare, l’un d’eux inspecte les wagons à la recherche des prisonniers. Alors qu’il se rend compte qu’aucun ne s’y trouve, les soldats allemands du train ouvrent le feu. Le combat dure une quinzaine de minutes. Un maquisard est blessé et décédera trois jours plus tard de ses blessures, six Allemands sont tués.
Les représailles ne se font pas attendre. Le 15 juillet au matin, des soldats allemands, des membres de la Brigade nord-africaine et de la Sipo-SD de Périgueux investissent la commune, regroupent les hommes et vérifient leur identité. Ils emmènent six habitants juifs à La Barde, les déshabillent, volent leurs effets personnels et les fusillent. Les corps seront ensuite mutilés et démembrés, avant d’être enterrés au cimetière de Marsac.
Des « éclats d’humanité »
Début 1945, la commune de Marsac érige un monument en mémoire de ces six victimes et honore depuis, chaque année, leur mémoire. 80 ans plus tard, Yannick Bidaud, le maire, martèle le message : « Cette tragédie ne peut et ne doit être oubliée ». L’édile regrette qu’en raison de leur nationalité polonaise, les victimes ne puissent obtenir le statut de « morts pour la France », alors que leur sacrifice a permis de sauver des Français. Présente avec des membres de sa famille venus d’Israël, Nathalie Ram, l’arrière-petite-fille d’une des victimes, a rappelé dans son discours qu’au-delà de l’atrocité des événements, sa grand-mère, qui en a été témoin, souhaitait conserver de ces moments des « éclats d’humanité » : « La seule lueur dans son récit provenait des habitants de Marsac, des personnes extraordinaires qui ont risqué leur vie pour en sauver d’autres ». Une lueur que Nathalie Ram a tenu à rappeler en offrant à la commune une gravure sur verre citant une phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie, sauve l’Univers tout entier ».