Commémoration de la Libération de Périgueux
Le 19 août 1944 à 20 h 30, les troupes allemandes quittaient définitivement Périgueux. Les FFI entraient dans la cité dans la nuit sous un violent orage, sans rencontrer la moindre résistance. C’était il y a 74 ans, et alors que les rangs des témoins de la Seconde Guerre mondiale s’éclaircissent d’année en année, la commémoration de la Libération de la ville reste un moment fort pour les anciens résistants et leurs familles. Une cérémonie de commémoration suivi d’un hommage aux victimes, au « mur des fusillés », rue du 5e Régiment, quartier Saint-Georges à Périgueux s’est déroulée ce dimanche 19 août 2018.
Voici l’article publié le 20/08/2018 dans Sud-Ouest par Hervé Chassain:
« L’évocation des 45 fusillés qui ont précédé le 19 août 1944 est, chaque année, un moment intense de l’histoire de la ville. Ralph Finkler était à la cérémonie de dimanche.
Harcelées depuis plusieurs jours par des attaques des maquis autour de Périgueux, les troupes allemandes finissent par quitter la ville le 19 août 1944. C’est cette date qui a été retenue pour commémorer la libération de la ville, mais elle est liée à des événements tragiques qui l’ont précédée. L’exécution de 45 personnes entre le 5 juin et le 17 août dans le stand de tir de la caserne Daumesnil, à Saint-Georges, reste le summum des atrocités commises.
Depuis 1954, un monument de quatre mètres de haut et treize de large, sculpté par Gilbert Privat, symbolise le lieu de ces massacres. Il a été baptisé « Mur des fusillés ». C’est là, entre la voie ferrée et le dépôt de Péribus, que dimanche matin, s’est déroulée l’émouvante cérémonie du souvenir. Les familles des disparus sont toujours au rendez-vous, mais également les derniers témoins de l’époque.
« On m’a fait venir pour reconnaître mon cousin Marcel Kornblitt, surnommé Martin. Autour des fosses communes il y avait une puanteur épouvantable. Il était méconnaissable, mais j’ai réussi à l’identifier grâce à une dent en argent. »
Le jeune homme d’alors a dû s’occuper des obsèques, car le reste de sa famille avait été déporté ou avait disparu. Il se souvient de l’hommage de la ville avec les cercueils alignés le 26 août devant le palais de justice sous la chaleur : « Les gens se trouvaient mal. » Chaque année, il est là, et il continue à témoigner dans les écoles de ce que fut cette terrible époque.
Une école Simone-Veil
Dimanche, pour la cérémonie officielle, c’est le maire Antoine Audi qui a lu un vibrant discours sur ces moments remplis de « cruauté, d’horreur et d’injustice ». Il évoquait aussi la mémoire de deux figures disparues liées à l’histoire de Périgueux et de la guerre : l’ancien maire Yves Guéna et l’ancien commandant de maquis Roger Ranoux, alias Hercule. Pour que la mémoire ne s’efface pas, il rappelle que l’école élémentaire de la cité sera rebaptisée en septembre au nom de Simone Veil.
Comme chaque année, le nom et l’âge des 45 victimes (le plus jeune avait 15 ans) ont été lus et salués par le public d’un vibrant « mort pour la France ». Cette mémoire est essentielle rappelait le maire de Périgueux, « pour que cette cicatrice collective ne se referme pas ».
Ce rendez-vous au mur des fusillés était marqué pour la première fois par la présence de la chorale Amal’gamme qui a interprété « Le Chant des marais », « Le Chant des partisans » puis « La Marseillaise ». »