75ème anniversaire de la libération
Il y a 75 ans la Dordogne était libérée. Après les miliciens qui ont fuit les premiers, les troupes allemandes refluaient vers Bordeaux, harcelées par les groupes de la Résistance. Des cérémonies ont été organisées pour célébrer cet anniversaire, notamment à Périgueux et à Bergerac:
A Périgueux:
FR3
France Bleu Périgord Voir l’article
SUD-OUEST:
18 août
Agé de 94 ans, Ralph Finkler témoigne inlassablement. Mais pour la première fois, il ne participera pas aux cérémonies de la Libération de Périgueux, ce 19 août.
« Je suis désolé, pour la première fois depuis une douzaine d’années, je ne pourrai pas emmener les familles des fusillés devant le mur pour déposer une gerbe. Le poids des ans en est la cause. » Ralph Finkler, 94 ans, se sent presque obligé de s’excuser, lui qui a tant donné tout au long de sa vie pour que la mémoire de ces heures tragiques traverse les générations.
En juillet, il était encore devant des scolaires pour raconter son histoire. Mais il ne pourra pas se rendre à la cérémonie qui se déroulera devant le mur des Fusillés à la caserne Daumesnil à Saint-Georges, ce lundi 19 août à Périgueux. « C’est un peu dommage d’ailleurs qu’il n’y ait pas de commémoration place Montaigne : nous y avions installé un cénotaphe dont la place avait été choisie par des représentants des groupes de résistance », déplore Ralph Finkler. Il craint que les Périgourdins ne se déplacent pas du côté de Saint-Georges, là même où il y a 75 ans, il identifiait le corps de son cousin, Marcel Kornblitt, surnommé Martin. « J’ai erré pendant des semaines pour retrouver sa fille Dany. Elle avait été recueillie par un couple d’instituteurs qui habitaient près de l’actuel collège Montaigne. »
D’Achille à Ralph
Petit miracle, l’enfant a également retrouvé sa mère, alors qu’une partie de la famille avait été gazée à Auschwitz. L’histoire de Ralph Finkler, c’est un peu celle de la Seconde Guerre mondiale : issu d’une famille juive, alsacien d’origine, il s’engage dans la Résistance, d’abord à Périgueux avant de rejoindre le maquis.
« Au début, mon surnom était Achille, car je me disais que ça me porterait chance. Et puis j’ai trouvé ça un peu bête, et je me suis fait appeler Ralph. Ça ressemblait à mon vrai prénom Raphaël, en plus américain », s’amuse le nonagénaire. Des histoires, Ralph Finkler a en encore beaucoup à raconter. À nous de savoir les écouter.
19 août
Il y a 75 ans, la Libération de Périgueux
A La Une Périgueux
Le 19 août 1944, les Allemands quittaient la ville, sous la pression des résistants.
Soixante-quinze ans ont passé, mais les cicatrices sont encore vivaces. Le 19 août 1944, Périgueux était libérée, ou plutôt désertée par les armées nazies. Ralph Finkler, ancien résistant, n’était pas présent pour assister aux premières scènes de liesse : « Je me trouvais près de Rouffignac et j’avais été choisi pour remplir les valises, car l’état-major changeait de quartier général. Avec mes camarades, on râlait un peu parce qu’on sentait qu’on loupait quelque chose. »
Arrivé à Périgueux le 21 août, le jeune maquisard a très vite déchanté : « On est venu me chercher pour que j’aille identifier le cadavre de mon cousin, fusillé dans la caserne du 35e régiment d’artillerie à Saint-Georges. » Entre le 5 juin et le 17 août, 45 hommes ont ainsi été liquidés par les nazis. Car, si le 19 août a été choisi pour marquer la date de la Libération de la ville, il ne faut pas occulter les jours qui l’ont précédée.
Des combats en périphérie
Depuis le début de l’été 1944, les mouvements des maquis environnants s’intensifient et convergent vers Périgueux. L’armée allemande est en déroute et le colonel Sterkoff, qui commande la garnison de Périgueux, semble vouloir nouer des contacts avec la Résistance. Son remplacement par le général-major Arndt marque un tournant : les nazis se battront et seront sans pitié. Tandis que la milice quitte les rues de la cité dès le 12 août par peur de représailles, les combats sont de plus en plus violents à Niversac, à Puy de Fourche et au Toulon. Le débarquement des alliés en Provence, le 15 août, change les plans allemands : Périgueux se vide, et les derniers soldats se scindent en deux groupes pour gagner les hauteurs de la périphérie.
Périgueux est préservée des combats. Atur, Coursac, Saint-Pierre-de-Chignac ou encore Eyliac, autant de théâtres d’affrontement violents entre des résistants pressés d’en découdre et des Allemands, voulant fuir vers Bordeaux. « Tous les petits groupes avaient entouré la capitale », se rappelle Ralph Finkler. Un commandement du 18 août des Forces françaises de l’intérieur (1) préconise notamment « de rechercher le commandement avec l’ennemi, et de resserrer les embuscades autour de la ville ».
L’étau se resserre et dans la soirée du 19 août, les dernières forces allemandes quittent la commune, après avoir saccagé le bâtiment des PTT, rue du 4-Septembre. Les hommes de l’Armée secrète peuvent enfin rentrer triomphalement dans une ville abandonnée, alors qu’aussitôt, les gens sortent de chez eux en tenue de nuit, sous un violent orage. Pendant ce temps, les FTP tiennent les hauteurs. Périgueux est libérée, mais les combats vont se déplacer à Razac ou Saint-Astier. Périgueux n’oubliera jamais le sang versé durant la guerre.
La cérémonie, prévue ce lundi 19 août à 10 heures au mur des Fusillés à Saint-Georges, en est le parfait exemple.
(1) Les FFI réunissent les principaux mouvements de résistance comme l’Armée secrète, l’Organisation de résistance de l’armée et les Francs-tireurs et partisans (FTP).
20 août
Périgueux : l’émouvant hommage aux 45 fusillés de l’été 1944
Ce lundi, lors des 75 ans de la Libération de la ville, un public nombreux a salué la mémoire des personnes emprisonnées et tuées à la caserne Daumesnil.
Le 19 août 1944, Périgueux était libéré du joug nazi. Les forces de la Résistance pénétraient dans une ville désertée par les Allemands, sous la pression des débarquements de Normandie et de Provence. 75 ans plus tard, les Périgourdins étaient encore nombreux, ce lundi matin, à commémorer l’événement au mur des Fusillés de la caserne Daumesnil. Car la liesse populaire de la Libération n’occultera jamais le massacre de 45 personnes à cet endroit où elles ont été emprisonnées et battues, entre le 5 juin et le 17 août 1944.
Le nom de chacun de ces martyrs est inscrit sur le mémorial. Ce lundi, il a été prononcé par le maire de Périgueux Antoine Audi, suivi d’un glaçant « mort pour la France » repris par l’assistance. Après avoir rappelé les conditions de la libération de la ville et déposé des fleurs devant le monument sculpté par Gilbert Privat, le préfet Frédéric Perissat ainsi que les autres autorités présentes sont allés se recueillir devant l’endroit même où se sont déroulées les exécutions.
A Bergerac:
Publié le 19/08/2019 à 10h21. Mis à jour par Grégoire Morizet
La ville célébrait, dimanche, les 75 ans de sa Libération, le 21 août 1944. Récit.
Dimanche 18 août au matin, au pied du monument de la Résistance de Bergerac, une cérémonie a commémoré la Libération de la ville, il y a 75 ans, le 21 août 1944. « C’est certainement la page la plus intense et surtout, la plus humaine du Bergeracois », a dit dans son discours Monique Feyry-Miannay, fille de Marceau Feyry. Sous le nom François Ier, ce dernier était chef de l’Armée secrète (AS) à Bergerac, dont il a dirigé les opérations de libération.
Retour à l’été 1944. Depuis le début de l’année, les combats entre le maquis et les occupants ont gagné en âpreté. À la fin du mois de juillet, aux attaques des premiers qui font évader des détenus de la prison de Bergerac et s’emparent de l’usine des Tuilières, les seconds répondent par des exécutions de résistants (1).
Mais pour les Allemands, la situation devient étouffante, malgré l’arrivée d’un renfort de 1 800 grenadiers cosaques, début août. Si bien que le 19 août, le lieutenant Betz, de la Wermarcht, reçoit l’ordre de vider les lieux. C’est le signal qu’attendaient les maquisards. Le 20 août, une dizaine de leurs groupes prennent position autour de la ville. Pendant ce temps, les Allemands regroupent des camions de blessés et leurs soldats de différentes bases, place Gambetta, car ils préfèrent attendre la nuit pour prendre la fuite.
Le jour J
Le lieutenant Betz donne le signal du départ dans la nuit du 20 au 21 août, non sans avoir ordonné de saborder les installations de Roumanières, du château des Termes qui contient les archives de la Luftwaffe de Mérignac (Gironde), et un des bâtiments de la caserne Chanzy où sont entreposées des munitions.
Au petit matin du 21 août, c’est dans une ville vidée que les résistants vont pénétrer, commandés par François Ier. Mais, méfiants, ils appliquent le plan d’attaque élaboré au préalable.
Certains groupes ont préparé le terrain, par exemple en contrôlant la Poste pour espionner les transmissions, ou bien les responsables de la Résistance-Fer qui surveillent la gare SNCF. D’autres pénètrent par différents axes et foncent vers la caserne Chanzy encore en flamme où ils plantent le drapeau tricolore. Bergerac était libérée.
Quand Maurice Loupias, alias Bergeret dans l’AS, chef de la Résistance dans le Sud Dordogne, fait son entrée, la population s’est rassemblée place Gambetta, noire de monde.