A.N.A.C.R. Dordogne

…prenons la direction du cœur du Périgord Noir pour rejoindre, au pays de Jacquou, ce village niché sur l’une des collines les plus élevées du Périgord Noir, Rouffignac-Saint Cernin-de-Reilhac dont le destin a basculé les 31 mars et 2 avril 1944, puisqu’il a été entièrement incendié par la Division Brehmer, à l’exception de l’église et des trois maisons qui l’entourent.
Rendez-vous, avenue Edmond Roger, à la sortie du bourg en direction de Périgueux, face à la gendarmerie nationale devant le Groupe scolaire, vaste et fonctionnel, né avec la reconstruction du bourg à partir de 1948 et qui figure parmi les établissements scolaires les plus modernes du département. Ce dernier, en hommage à ce résistant d’origine juive, réfugié dans le village et victime de la répression, porte le nom, comme le rappelle la plaque, apposée à l’entrée de l’école, de Pierre Khantine.
En ce lieu, le 31 mars 2007, Jean-Gérard Faure, maire de la commune, en présence de Roger Ranoux, président de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance, de Germinal Peiro, député de la circonscription, de Jacques Cabanel, conseiller général du canton de Montignac, de très nombreuses, personnalités des élèves de l’école et d’une assistance importante. Une deuxième plaque, au texte un peu plus explicite, est apposée dans la cour de l’école et non accessible au public, On peut y lire l’inscription : « Ecole publique PIERRE KHANTINE / Professeur à l’Ecole Navale / Résistant fusillé le 31 mars 1944 ».
Né à Paris, le 18 décembre 1915, de parents d’origine russe, Pierre Khantine est devenu Français par déclaration souscrite, le 30 décembre 1924. Après avoir fait des études primaires à l’école Gustave de Rotschild et des études secondaires au Lycée Henri IV, à Paris, dans le Ve arrondissement, il a obtenu le premier accessit de mathématiques et le deuxième prix de physique au concours général en 1935. Reçu en 1935 au concours de Polytechnique et au concours de l’Ecole Normale Supérieure, rue d’Ulm, il opte pour l’E.N.S. et est reçu second à l’agrégation de mathématiques en 1938.
Nommé professeur de mathématiques à l’Ecole Navale (1938-1939), il fait la guerre en qualité d’aspirant d’artillerie. A l’Armistice, les lois de Vichy, du fait qu’il est juif, le destituent de son poste d’enseignant. Il s’engage alors dans la Résistance au sein du mouvement des Eclaireurs Israélites de France (1940-1943) C’est au cours de cette action qu’il rencontre Paulette Benroubi qui, sous la dénomination fictive « d’assistante sociale » et munie de faux papiers au nom de Paulette Beaumont, est rattachée à l’Oeuvre de Secours aux Enfants (O.S.E.) de Lyon et chargée de rechercher des nourrices et des pouponnières dans les campagnes, chez lesquelles elle place des tout-petits, en danger de déportation. Ils se marient à Moissac en juillet 1943.
En août 1943, le couple s’installe à Rouffignac (Dordogne) où Pierre est sollicité pour occuper un préceptorat auprès du fils de M. Delpeuch, propriétaire de Tourtel. Le Maire de Rouffignac, Fernand Lablénie, leur procure de fausses cartes d’identité au nom de « CANTINE » et sans la mention « Juif ». Le 31 mars 1944, lorsque la division Brehmer envahit la cité, il se retrouve sur la place du village où l’occupant, à titre de représailles, rassemble les hommes.
« Les femmes et les enfants, rappelle son épouse, Paulette BenroubiKhantine-Neu, pouvaient se déplacer et j’étais présente. Un officier sortit un document qu’il parcourut et s’adressa au Maire lui demandant de désigner la personne qui y était inscrite. Le Maire lui montra Pierre. Un Allemand l’obligea à se rendre à notre domicile et à se déshabiller pour vérifier s’il était circoncis. Ramené au lieu du rassemblement, il fut séparé du groupe. J’ai pu m’approcher de lui et lui parler ».
« Une heure après environ témoigne Florentin Delpech, membre de la Résistance locale qui fait partie des hommes rassemblés sur la place de la mairie, on nous fit embarquer dans deux camions qui démarrèrent et partirent en direction de Thenon, puis d’Azerat. Devant l’école de cette commune, on nous fit descendre et aligner sur trois rangs au fond de la cour. Nous semblions attendus car, en face, deux mitrailleuses étaient installées et au milieu il y avait une petite table, avec des gradés autour… qui commencèrent à interroger deux ou trois d’entre nous. Puis une vive discussion s’engagea entre deux de ceux-ci. Nous comprenions, avec la plus vive appréhension, que notre sort était en jeu… Enfin la discussion cessa. Parmi nous, il y avait un réfugié israélite, professeur à l’école navale nommé Pierre Khantine. Il s’efforçait de se dissimuler en se faisant tout petit au milieu du deuxième rang. Mais, après avoir consulté quelques documents, un des officiers vint à lui pratiquement sans hésitation… Il fut emmené. Peu après, à une certaine distance derrière nous, deux coups de feu furent entendus, puis un autre… Nous avons tous compris ce qui venait d’arriver à Pierre Khantine… ».
« Le lendemain matin, rapporte Paulette Benroubi-Khantine-Neu, je suis partie à vélo, rechercher Pierre, interrogeant en chemin sur la destination des camions, partis la veille, avec les otages. J’ai enfin appris que ceux-ci avaient été emprisonnés au manège du 35e d’artillerie à Périgueux. Par l’entremise d’un interprète, j’ai pu apprendre que Pierre était à Azerat. Je suis repartie aussitôt à vélo et là on m’a indiqué qu’il y avait un fusillé au cimetière. Je m’y suis rendue et j’ai reconnu le corps de Pierre, gardé par un soldat allemand. Ce témoignage, je le fais, intentionnellement, sans commentaires, quoi qu’il m’en coûte, pour que l’on n’oublie pas que le dénonciateur de Pierre Khantine n’a été, jusqu’à ce jour ni connu, ni jugé. ».
Aujourd’hui, outre l’école publique, le nom de Pierre Khantine est gravé sur le monument aux morts de Rouffignac et sur les plaques apposées sur le mur du cimetière d’Azerat, ainsi qu’à l’École normale supérieure de Paris.
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Une boite, appelée « géocache » est à trouver quelque part dans Rouffignac, grâce aux indices mentionnés sur chaque page correspondant aux QR Codex placés sur les panneaux.
Une fois la boite trouvée, il faut l’ouvrir, inscrire son nom ou pseudo, sa région ou pays et la date de passage. Ensuite il faut bien remplacer la boite exactement où elle était et le tout en restant le plus discret possible.
L’indice de cette plaque est: La geocache est proche de la poste.

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