Publication de Dominique Eyraud Boucharel:
« En ce matin du 4ème jour du nouveau déconfinement, une série de cérémonie, sur les communes de Saint-Crépin-de-Richemont, Vieux-Mareuil et Mareuil, a permis de rendre hommage à 6 hommes, victimes de la barbarie nazie, en présence de plusieurs porte-drapeaux, dans le respect des règles sanitaires, en présence de M. Alain Ouiste, maire de Mareuil, de M. Jean-Paul Couvy, président de la communauté de communes du Val de Belle, de M. Christian Monceyron, maire délégué de Vieux-Mareuil, de madame Bernadette Van Den Driessche maire déléguée de Mareuil, du Capitaine de gendarmerie, des sapeurs-pompiers de Mareuil.
13 juin 1944, à Mareuil, un drame se prépare. Dès 8 heures du matin, des soldats allemands, arrivant d’Angoulême, patrouillent dans le bourg. Il semble que les troupes allemandes basées à Angoulême aient été averties par des éléments de la division Das Reich qui remonte vers la Normandie que certains panneaux routiers balisant la RN 139 aient été sabotés. Colère des troupes d’occupation !
La population effrayée se terre mais, en cours de journée, les Allemands arrêtent Roger Pinon, 24 ans, Marcelin Besse, 31 ans, Maurice Dufour, 37 ans et Marcel Descout, 18ans. Le jeune Marcel Besse, 28 ans, frère de Marcelin, tente de fuir mais il est abattu au-dessus du moulin du Lazarre, à la sortie du bourg. Son corps ne sera découvert que le lendemain.
Les 4 Mareuillais auxquels s’ajoute un cinquième homme, Albert Viaud (capturé en bord de la RN 139 ) sont chargés dans un camion et conduits à Périgueux. Près du lieu-dit La Forge, le long de la RN 139, sur la commune de Saint-Crépin-de-Richemont, les Allemands capturent et pendent le jeune Georges Voyer. Aujourd’hui, une stèle érigée à sa mémoire marque le lieu de son assassinat.
Les 5 hommes capturés, arrivent sous bonne escorte, dans la soirée, au siège du SD de Périgueux où ils sont très durement interrogés et malmenés.
Ils sont ensuite traînés place Montaigne par Hambrecht, le chef du SD et quelques éléments de la tristement célèbre « Brigade Nord-africaine ». Dans la nuit du 13 au 14 août, « ils sont achevés, témoigne Louis Feyfant ( délégué dans les fonctions de Maire de Périgueux le 19 août 1944) sans autre témoin, semble-t-il, que leurs bourreaux et sans autre lumière … que celle des étoiles »…
Le lendemain, la population de Périgueux découvre, avec horreur, la terrible tragédie. Les Allemands permettent, vers 8 heures, l’enlèvement des corps. Le sol reste marqué d’une large tache brune qui va disparaître sous un amoncellement de fleurs dès la libération de la ville, créant un premier cénotaphe spontané et naturel.
Dès le 23 août, la municipalité de Périgueux, en accord avec M. Pugnet, président du comité de Libération, demande à un architecte de réaliser rapidement un projet de monument. En quelques jours, ce monument, constitué d’une simple dalle de béton, est réalisé. Le samedi 26 août est inauguré ce Cénotaphe, en même temps que sont célébrées les obsèques des victimes fusillées à la caserne du 35ème RI.
Depuis 1944, ce cénotaphe a rassemblé, chaque année, des générations de Périgourdins lors des cérémonies du 8 mai. En 1987, il a été remanié et complété par 3 bas-reliefs de bronze créés par le sculpteur Louis Perrin.
Actuellement, dans le cadre de l’aménagement de la place Bugeaud, le cénotaphe a été démonté. Nous restons particulièrement attentifs à sa ré installation lors de la réfection de la dalle Montaigne.
Les cérémonies de ce matin 13 juin ont aussi permis de rendre hommage, sur la commune de Vieux-Mareuil, à madame Marie Hautier, arrêté, déportée politique, décédée à Bergen-Belsen, le 3 juin 1945, à Gabriel Parisien, jeune résistant engagé dans les FFI, mort lors des combats de la poche de Royan, et à Raymond Boucharel, inhumé au cimetière de cette commune, chef de la Résistance en Nontronnais. »