D’Alsace en Périgord, histoire de l’Evacuation, 1939-1940

D’Alsace en Périgord, histoire de l’Evacuation, 1939-1940

Il y a quelques semaines, le 7 mai dernier, Catherine et François Schunck nous faisaient l’honneur de présenter « D’Alsace en Périgord, histoire de l’évacuation, 1939 – 1940 », dans une conférence organisée par le Comité ANACR de Périgueux à la Filature.

Sud-Ouest rend hommage à leur travail, ce jeudi 8 mai, dans un article publié par Hervé Chassaing:

 

« Depuis des années, Catherine et François Schunck (elle est Périgourdine, lui est Alsacien) font vivre la mémoire de la grande évacuation des Strasbourgeois à Périgueux en septembre 1939. Pour l’année des 80 ans, ils multiplient leurs activités afin de rétablir la réalité: «Il y a eu trois vagues d’arrivées. En septembre, lors de la déclaration de guerre selon un plan prévu par les autorités. Puis l’exode face à l’avancée des Allemands en mai/juin 1940. Enfin, les expulsés fin 1940, après l’invasion allemande notamment de Moselle.» Ils racontent tout cela dans un nouveau livre (1). 80000 évacués sont arrivés en septembre 1939 dont 12 000 pour la seule ville de Périgueux. «Ils venaient de Strasbourg et de 19 communes des alentours. Ils avaient voyagé dans des conditions difficiles, souvent dans des wagons à bestiaux. En Dordogne, ils ont trouvé un mode de vie bien plus rudimentaire que chez eux, même en ville : « C’était l’ami Fritz chez Jacquou le croquant », sourit François Schunck. Curiosité Il est parfois difficile de se comprendre entre patois occitan et dialecte germanique, il faut trouver à se loger et s’occuper des nouveaux venus. L’administration strasbourgeoise s’installe partout où elle peut: à la Chambre de commerce (l’actuelle mairie de Périgueux), dans des bâtiments de l’ancien hôpital Sainte-Ursule – aujourd’hui démoli – et à plusieurs endroits dans la ville, dont un petit local rue Voltaire resté mairie dans la mémoire locale. Ils amènent leur religion avec des communautés juives et protestantes importantes, le grand sapin de Noël sur les boulevards, le football au pays du rugby, des magasins pittoresques, du foie gras sans truffe… Ce grand déplacement, alors que la France n’est pas encore touchée par la guerre, suscite la curiosité. « Match » et « L’Illustration » viennent faire des grands reportages des habitants des bords de l’Ill réfugiés sur les rives de l’Isle. François et Catherine Schunck ont recherché des témoins de cette époque : « Ils ont presque tous disparu aujourd’hui.» En septembre 1940, les Alsaciens sont incités au retour. 15% ne rentreront pas craignant les persécutions ou l’enrôlement dans l’armée allemande. Nombreux sont ceux qui rejoignent la Résistance avec l’idée d’aller un jour libérer leur région. Les liens distendus après guerre se sont retissés depuis les années 1970. Depuis 1984, Périgueux et Strasbourg sont villes sœurs. Pour les 80 ans de l’évacuation, on s’en souviendra. »

 » (1) «Strasbourg Périgueux, villes sœurs», de Catherine et François Schunck (Éditions Secrets de pays). 20euros.

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