Le 10 juin 1944, sur ordre des officiers d’un des éléments de la Division SS « Das Reich » aux abois et énervés par des accrochages répétés, des patrouilles parcourent les quartiers de la ville, afin de rassembler la population, pour la conduire de force et par groupes sur la place centrale du Pas-Bruat, rebaptisée aujourd’hui place des martyrs. Au total, plus d’un millier de personnes sont ainsi rassemblées. La place est aussitôt cernée par une rangée de soldats et de chars. Quand ceux-ci braquent leurs canons et leurs mitrailleuses sur la foule, toutes les têtes se baissent instinctivement.
Un jeune combattant du ler Bataillon FTPF, Fernand Limouzi, 22 ans, originaire de Marsac, près de Périgueux, grièvement blessé au cours d’un engagement à l’entrée de Terrasson, est capturé par les SS. Le jeune garçon qui perd son sang en abondance est hissé sur un véhicule blindé et transporté sur la place où il est brutalement jeté à terre, sous le regard horrifié de la population qui n’a pas encore été autorisée à quitter les lieux.
« Quels sont ceux qui connaissent ce brigand ? » interroge un officier, mais personne ne répond.
Les hommes et les femmes sont séparés, ce qui est un mauvais signe. On craint le pire. Finalement, au bout de longues heures, une partie de la population, principalement les femmes et les enfants, peuvent partir. Seuls 50 hommes resteront parqués dans un coin de la place.
A la demande du maire, le commandant SS accepte que ces otages soient autorisés à aller éteindre l’incendie provoqué par une bombe incendiaire qui ravage la mairie et le quartier Margontier.
La tragédie ne s’arrête pourtant pas là
Alors que le jeune combattant perd son sang en abondance et gémit «Maman, maman», la brute nazie hurle : «Oh! Tu peux l’appeler ta mère ». Malgré l’intervention du maire auprès du médecin-capitaine allemand pour qu’il abrège les souffrances du blessé, celui-ci répond : «Non c’est un terroriste, pas de pitié !».
Déjà une corde pend au balcon et, après la bénédiction du curé-doyen, Fernand Limouzi est «pendu pour l’exemple» dit un officier SS. L’agonie du jeune maquisard est terrible.