Plaque du cimetière

A.N.A.C.R. Dordogne Mémorial de la Résistance

1″ avril 1944:

Au cimetière d’Azerat, les Allemands fusillent plusieurs réfugiés d’origine israélite

KHANTINE Pierre, 27 ans, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur à l’Ecole Navale,(photo ci-dessous)

COHEN Joseph, 58 ans, ancien combattant de 14-18, amputé d’une jambe,

GRUNBAUM Tonias, 48 ans, réfugié au Temple Laguyon,

KALM René, 51 ans, réfugié à Hautefort, GRUN Nephtali, 51 ans, (stèle à La Bachellerie) SCHENREL Nathan, 48 ans, (stèle à La Bachellerie)

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CHEMINS DE LA MEMOIRE

Dans le bourg, quitter la RN 89 et prendre à droite, la direction de la Mairie et de l’église. Juste derrière l’église, à l’entrée du vieux cimetière se trouve une plaque en hommage aux six personnes de confession juive assassinées le 2 avril 1944 par les Allemands.

Les 31 mars, 1er et 2 avril 1944, dans l’enceinte du cimetière d’Azerat, la soldatesque allemande de la division « B » fusille plusieurs personnes d’origine israélite. Parmi eux, Pierre Khantine, réfugié à Rouffignac, 29 ans, professeur à l’Ecole Navale, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure ; Joseph Cohen, 57 ans, grand blessé de la guerre de 14-18, amputé d’une jambe, chevalier de la Légion d’Honneur ; Tobias Grumbaüm, 44 ans, réfugié au Temple de Laguyon ; René Kahn, 51 ans, réfugié à Hautefort ; Nephtali Grün, 57 ans et Nathan Schenkel, 46ans.

Engagé alors dans la Résistance au sein du mouvement des Eclaireurs Israélites de France (1940-1943), Pierre Khantine y rencontre Paulette Benroubi qui, sous la dénomination fictive « d’assistante sociale » et munie de faux papiers au nom de Paulette Beaumont, est rattachée à l’oeuvre de secours aux enfants (O.S.E.) de Lyon et chargée de rechercher des nourrices et des pouponnières dans les campagnes, chez lesquelles elle place des tout-petits, en danger de déportation. Après leur mariage à Moissac en juillet 1943, le couple s’installe en août 1943, à Rouffignac où Pierre est sollicité pour occuper un préceptorat auprès du fils de M. Delpeuch, propriétaire de Tourte.

Le Maire de Rouffignac, M. Lablénie, leur procure de fausses cartes d’identité au nom de « Cantine » et sans la mention « Juif ».

Le 31 mars 1944, une compagnie de l’armée allemande envahit Rouffignac et, à titre de représailles, rassemble les hommes sur la place du village. « Les femmes et les enfants, rappelle l’épouse de Pierre Khantine, pouvaient se déplacer et j’étais présente. Un officier sortit un document qu’il parcourut et s’adressa au Maire lui demandant de désigner la personne qui y était inscrite. Le Maire lui montra Pierre. Un Allemand l’obligea à se rendre à notre domicile et à se déshabiller pour vérifier s’il était circoncis. Ramené au lieu du rassemblement, il fut séparé du groupe. J’ai pu m’approcher de lui et lui parler. Il me raconta brièvement l’épisode ci-dessus. ».

Florentin Delpech, responsable de la Résistance locale, fait partie des hommes rassemblés sur la place de la mairie. Il nous raconte les événements : « Une heure après environ, on nous fit embarquer dans deux camions qui démarrèrent et partirent en direction de Thenon, puis d’Azerat.

Devant l’école de cette commune, on nous fit descendre et aligner sur trois rangs au fond de la cour. Nous semblions attendus car, en face, deux mitrailleuses étaient installées et au milieu il y avait une petite table, avec des gradés autour… qui commencèrent à interroger deux ou trois d’entre nous. Puis une vive discussion s’engagea entre deux de ceux-ci. Nous comprenions, avec la plus vive appréhension, que notre sort était en jeu… Enfin la discussion cessa. Parmi nous, il y avait un réfugié israélite, professeur à l’école navale nommé Pierre Khantine. Il s’efforçait de se dissimuler en se faisant tout petit au milieu du deuxième rang. Mais, après avoir consulté quelques documents, un des officiers vint à lui pratiquement sans hésitation… Il fut emmené. Peu après, à une certaine distance derrière nous, deux coups de feu furent entendus, puis un autre… Nous avons tous compris ce qui venait d’arriver à Pierre Khantine… ».

« Le lendemain matin, rapporte Mme Khantine, je suis partie à vélo, rechercher Pierre, interrogeant en chemin sur la destination des camions, partis la veille , avec les otages. J’ai enfin appris que ceux-ci avaient été emprisonnés au manège du 35ème d’artillerie à Périgueux. Par l’entremise d’un interprète, j’ai pu apprendre que Pierre était à Azerat. Je suis repartie aussitôt à vélo et là on m’a indiqué qu’il y avait un fusillé au cimetière. Je m’y suis rendue et j’ai reconnu le corps de Pierre, gardé par un soldat allemand. Ce témoignage, je le fais, intentionnellement, sans commentaires, quoi qu’il m’en coûte, pour que l’on n’oublie pas que le dénonciateur de Pierre Khantine n’a été, jusqu’à ce jour ni connu, ni jugé. ».

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