Plaque

A.N.A.C.R. Dordogne

…prenons la direction du cœur du Périgord Vert, dans la ville centre de la communauté de communes Périgord-Limousin, Thiviers, petite ville de 3000 habitants qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, un haut-lieu de la Résistance..
Gagnons la gare de la localité pour découvrir une plaque honorant la mémoire d’un Périgourdin peu connu du grand public, un des nombreux cheminots victimes de la répression menée par les autorités allemandes et le régime de Vichy au cours de la Seconde Guerre mondiale, Alexandre Rousseille.
Alexandre Rousseille, fils de Georges et de Marie Marcelaud, demeurant à La Meyze, canton de Nexon, dans la Haute-Vienne, est né le 8 novembre 1887 à Saint-Yrieix-la-Perche. Appelé sous les drapeaux le 1er octobre 1908, il est incorporé au 31e Régiment de Dragons. Mubi d’un certificat de bonne conduite, il est envoyé dans ses foyers me 25 septembre 1910. Quelques mois plus tard, le 4 juin 1911, il entre à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO) en qualité d’homme d’équipe. Il fonde un foyer en épousant, le 7 septembre 1918, Jeanne Tocheport avec laquelle il a deux enfants nés en 1919 et 1921. Facteur télégraphe en 1919, Alexandre devient facteur enregistrant en 1921, puis chef de station en 1924. En 1930, il est promu au grade de chef de gare de 6e classe à Allassac, en Corrèze. En 1944, on le retrouve chef de gare de Thiviers.
Engagé, dès le printemps 1943, au sein de Résistance-Fer, Alexandre, accusé d’être le responsable de sabotages de matériel et de lignes électriques, est arrêté sur son lieu de travail le 26 avril 1944 et interné à Limoges où il e st placé en détention de sécurité avant d’être transféré à Compiègne le 19 mai 1944. Il fait partie des 2004 hommes déportés par le convoi du dimanche 21 mai 1944, le premier des quatre grands transports de déportation entre Compiègne et le camp de concentration de Neuengamme où il arrive le 24 mai 1944 et devient le matricule n°30583.
« Près de trois-quarts des membres de ce transport sont arrêtés en 1944, peut-on lire dans le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression, publié en juin 2004, par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, et 57 % dans les trois mois (mars, avril et mai) qui précédent le départ du transport. En effet, au printemps, les actions de la Résistance montent en puissance, dans l’attente et l’espérance d’un débarquement qui ne saurait tarder. Dans toute la France, les sabotages d’usines, de transports ferroviaires et de voies ferrées, les opérations des maquis contre les troupes d’occupation se multiplient. Les parachutages d’armes sont de plus en plus nombreux. La répression de l’occupant s’accentue en conséquence. Le Sipo-SD et la Milice sont très actifs. »
Alexandre, après la période de quarantaine, est transféré, comme d’autres hommes de son convoi, dans un des trois Kommandos de Porta Westfalica, situés dans une région montagneuse de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à plus de 300 kilomètres au sud-ouest de Neuengamme, où les détenus travaillent dans des usines souterraines pour l’aéronautique. Atteint de furonculose, il aurait été renvoyé en septembre au camp central de Neuengamme, situé à environ 25 kilomètres au sud-est de Hambourg, sur la rive droite de l’Elbe. Il fait hélas partie des 4573 sur environ 11000 Françaises et Français passés au camp de Neuengamme qui n’ont pas survécu puisqu’il y décède, si l’on s’en réfère au Journal Officiel de la République Française en date du 27 janvier 1999, le 16 février 1945.
Le nom d’Alexandre Rousseille qui obtient la mention Mort pour la France en juin 1948 et le titre de déporté résistant en avril 1953, figure sur le Mur des Noms de Compiègne ainsi que sur le Monument aux Morts de Thiviers. Le conseil municipal thibérien, dans sa séance du 11 août 1946, décide que la rue Albert Theulier portera le nom de rue Rousseille Alexandre avec inscription 1887-1945, mort à Neuengamme. Une plaque est apposée dans le hall de la gare « à la mémoire de Rousseille Alexandre, chef de gare de 3e classe, tué par fait de guerre 1939-1945 ».
Le dernier dimanche d’avril, à l’occasion de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation, la municipalité rend hommage à Alexandre Rousseille, mort en déportation à Neuengamme, et à Léon Couzinou, mort à Buchenwald, en présence des porte-drapeaux, des familles et de Thibériens. Après le dépôt d’une plante par le maire, aux plaques du souvenir à la gare pour Alexandre Rousseille et à la mairie pour Léon Couzinou, le cortège se rend au monument aux morts où une gerbe est déposée par le maire, qui lit le message des associations de déportés.
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