Un roman-photo pour la mémoire

Un roman-photo pour la mémoire

L’association « Regards » de La Douze, se propose d’éditer un roman-photo relatant l’histoire de Jacqueline Garnier lorsqu’elle était agent de liaison du Groupe FTPF Gardette au début de l’année 1944. Le journal Sud-Ouest décrit ce projet dans l’édition de la Dordogne du 30 novembre 2022.

A noter qu’une introduction viendra replacer cette histoire dans le contexte de l’époque.

« Nous sommes le 14 février 1944, 17 h 10, au lieu-dit Les Rivières Basses, entre Niversac et Les Versannes. Le groupe Gardette de Francs-Tireurs et Partisans attaque une colonne de soldats allemands. Les 11 maquisards s’en sortent sains et saufs. Le bilan de l’embuscade est lourd pour les occupants : une quinzaine de morts, de nombreux blessés, dont le SS Hambrecht, chef du SD de Périgueux. Un fait d’armes, dans la campagne périgourdine, dont même RadioLondres se fait l’écho.

Quelques semaines plus tard, en représailles, les Allemands reviennent aux Rivières Basses avec 25 otages, des Juifs réfugiés ou des résistants. 23 d’entre eux meurent fusillés (1).

Une héroïne de 17 ans

Ces événements sont le point de départ du projet que porte l’association Regards, aux Versannes (commune de La Douze), « pour ne pas laisser cette mémoire disparaître ». Rassemblant « pas mal d’amoureux de l’image », elle a choisi une forme originale pour faire le récit de la journée du 14 février 1944 et raconter des faits réels, avec des personnages réels : le roman-photo. « Au départ, on voulait réaliser un film documentaire, raconte le président Yannick Maleville. Mais on s’est rapidement rendu compte que c’était trop cher. » Très vite aussi, la figure d’une jeune fille de 17 ans, agent de liaison du maquis, s’est imposée à l’équipe : Jacqueline, dite Jacotte, surnommée La Panique. Yannick Maleville et Alain Chastenet ont convaincu la vieille dame de 95 ans qu’elle est devenue de témoigner et ont enregistré ses souvenirs. Jacotte, qui habitait le bourg des Versannes avec sa famille, récupérait ses renseignements auprès du chef de gare, M. Chalpe, très bien informé grâce à son collègue de Niversac, et filait à vélo les transmettre aux combattants de l’ombre.

Ce fameux 14 février 1944, elle leur a ainsi annoncé le passage d’un convoi de soldats allemands. Parmi les maquisards, son frère aîné, alias La Puce. Elle a tenté de les dissuader d’attaquer. « Elle leur a dit qu’ils étaient fous », mais ils avaient obtenu le feu vert de leur chef, basé à Saint-Geyrac. « Ils n’étaient que 11. Ils se sont installés à couvert [NDLR : la forêt était plus avancée qu’aujourd’hui], au-dessus de la route, pour attendre le retour de la colonne depuis Rouffignac. En bas, M. Province a senti que ça allait chauffer et il a rentré ses vaches. »

Respecter les faits

Avec des « bouts de ficelle », dont un fusil-mitrailleur qui s’est enrayé et quelques grenades, les 11 résistants ont donc stoppé le convoi ennemi. Les Allemands se sont vite crus pris en étau avec l’arrivée dans leur dos de deux voitures et ont blessé par balle leurs conducteurs, en fait étrangers à l’attaque. Les maquisards ont pu filer dans les bois.

« Le roman respectera scrupuleusement les faits et les témoignages recueillis », insistent Yannick Maleville et Alain Chastenet. Ils ont épluché les archives et ont sollicité des « gardiens de la mémoire » comme Gilles Catard, de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr), ou Sylviane Ranoux, la fille du chef des FFI Hercule. « On veut raconter l’histoire d’une passeuse en devenant un peu des passeurs à notre tour. On ne veut surtout pas trahir Jacotte. » »

(1) L’obstination de Bernard Reviriego, chercheur archiviste, a permis d’ajouter les noms de cinq « inconnus » sur la plaque des Rivières Basses, en 2019. Laissés pour morts parmi les fusillés, deux miraculés ont pu s’échapper et être sauvés.

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