« 1070- Bernier Jean René, né le 20 janvier 1911 à Eygurande-et-Gardedeuil, fils d Jean Bernier et de Jeanne Blancheton, cultivateurs. Marié à Jeanne Jodeau, deux enfants. Cultivateur, domicilié à Minzac. FFI, F TPF. Martial Gaucher délivre une attestation comme quoi il a intégré, en juin 1944, le groupe François Hugon dans la Double. Le procèsverbal n° 556 dressé le 8 aoüt 1963 par la brigade de Montpon dans le cadre du dossier d’interné résistant rend compte de la situation, telle qu’elle est décrite plus haut. Mais le sort de Bernier est précisé dans le témoignage de Maurice Cabirol. Il dit que c’est Aux Massias qu’éclate la fusillade. Bernier roule encore une dizaine de mètres avant de stopper, sans pouvoir fuir. Il est arrêté puis violemment frappé à coups de crosses. Le lendemain matin, vers 6 heures, pouvant à peine marcher, il est vu par Marcelle Montant, née Jojou, qui raconte comment il a été placé dans un fossé et exécuté. Bernier obtient le statut d’interné résistant n° 120624024 en date du 16 juillet 1965. MPF. État civil Montpon-Ménestérol n° 25 dressé le 22 août 1944; acte de naissance; 16 P 52423; 21 p 707800 (consulté), 21 P 312281, AD 24, 1 W 1901 1 et 2, PV de gendarmerie n° 92, dressé par la brigade d’Échourgnac le 10 octobre 1944.
1071- Peyssard Raymond Maurice, né le 12 janvier 1920 à Ménestérol-Montignac (auj. Montpon-Ménestérol), fils de Gaston Peyssard et de Albanie Madeleine Delplanche, neveu de Jean Bernier Célibataire. FFI, 2 lasse. Inhumé à Montpon-Ménestérol. MD, le 26 février 1947 21 P 130400 (consulté) , état civil décès Montpon-Ménestérol ; AD 24, 1W 1901 1 et 2, PV de gendarmerie n° 92, dressé par la brigade d’Échourgnac le 10 octobre 1944″
« Le 21 août 1944, dans l’après-midi, Jean Bernier, agriculteur à Minzac fait régler le gazogène de son camion dans un garage de Lussac (Gironde). Il vient de livrer de la bruyère à un propriétaire de Montagne (Gironde} et transporte des bouteilles de vin cédées par ce dernier en prévision de la noce de Raymond Maurice Peyssard, son neveu, qui l’accompagne. Avec eux se trouve Arlette Cabirol la fiancée de Peyssard et Maurice Cabirol, le père d’Arlette, ainsi que Yvan Bessou, un évadé des chantiers Todt, hébergé par Bernier dans sa ferme de Minzac. Survient à motocyclette le capitaine de réserve Albert Roque qui requiert Bernier de transporter de Saint-Genès-de-Castillon (Gironde) à Ribérac huit déserteurs de l’armée allemande pour les remettre au maquis. Il s’agit d’une mission à l’initiative
de Roque pour le compte de la Résistance. Dans les bois de Saint-Genès, les armes et munitions des déserteurs sont chargées dans le camion. Cabirol et sa fille prennent place à côté de Bernier dans la cabine tandis que sur le plateau montent Peyssard, Bessou et Malabard, un jeune homme au service de Roque, ainsi que les huit soldats. Roque qui précède le camion ouvre la route à motocyclette sur laquelle il a fixé une croix de Lorraine. Depuis 18 heures solaires, la ville de Montpon-sur-l’lsle est occupée par un détachement avancé d’une colonne allemande qui bat en retraite en direction de Bordeaux. A 18 h 30, le petit convoi arrive par la RN 89 en vue de Montpon et débouche du virage situé à l’embranchement de la nationale et du CD9 (la route de Villefanche-de-Lonchat) à une centaine de mètres d’un barrage établi par les allemands à hauteur des « Massias ». (…) Roque abandonne sa machine et disparaît à gauche dans un champ en direction de la rivière Isle suivi de Malabard. Les passagers du camion courent a droite vers l’habitation Jambon qui offre une protection. Peyssard et l’un des déserteurs atteints tombent derrière la maison entre un massif de bambous et un champ de maïs. Les soldats allemands accourent, ils capturent Bernier à son volant et découvrent à côté de lui un révolver. La nuit tombe… Arlette Cabirol toujours cachée dans les bambous se réfugie chez Nancie Jambon. Cette femme jeune fait coucher la jeune fille dans un lit et la présente comme sa nièce aux allemands venus fouiller les lieux à la recherche des fugitifs. Abusés, les soldats ne décèlent pas la supercherie. Maurice Cabirol det Bessou quittent leur abri, atteignent la voie ferrée et se réfugient dans une maison tandis que la troupe s’enivre avec les bouteilles de vin trouvées dans le camion. Le 22 août à 6H00, les allemands après l’avoir torturé abattent Bernier. On le découvrira les mains attachées derrières le dos et l’oeil emporté par un coup de feu et les pieds brulés. Le déserteur blessé aura les deux bras sectionnés par ses compatriotes. Les autres membre du petit convoi échapperont à la fureur nazie. »
(Le 22 août, cette même colonne ennemie sera prise à partie quelques kilomètres plus loin depuis les rives de l’Isle à la hauteur du Pizou par le bataillon Violette de I’Armée secrète)