Hommage à Gérard de Commarque

Hommage à Gérard de Commarque

Dans son édition de la Dordogne du 5 juillet 2021, Sud-Ouest publie un article de Léna BADIN évoquant la pose d’une plaque en hommage à Gérard DE COMMARQUE et retraçant le parcours de ce Résistant décédé en déportation:

« « Je n’avais que quelques mois quand mon père est parti. Je ne l’ai pas connu. Pendant longtemps, j’ai refusé de savoir… ». Ces mots, ce sont ceux d’Hubert de Commarque et ceux de la préface du dernier ouvrage de l’historien Francis- André Boddart. Il est intitulé « D’Urval à Buchenwald, Gérard de Commarque (1903-1944), un résistant périgordin méconnu » (1). C’est en découvrant la lettre de dénonciation de son père qu’Hubert de Commarque a pris conscience qu’il était temps d’effectuer un travail de mémoire avant que le passé ne disparaisse, et de rendre hommage à cet homme à l’histoire remarquable.

Qui était Gérard de Commarque ?

Né en 1903 à Urval, en Dordogne, cet enfant unique, dernier du nom, fait partie d’une des plus vieilles familles du Périgord. Il habite alors au château de La Bourlie. Bien que protégé par son père qui lui porte une grande affection, le jeune Gérard est intégré à la vie sociale et entre en 1929 au Conseil municipal de son village, avant de devenir maire en 1931, comme le furent avant lui tous ses ancêtres, depuis 1808.

Premiers engagements

En 1937, il épouse Marguerite Pinel. Tout en reprenant l’exploitation agricole et forestière familiale et en menant des chantiers de carbonisation, il exerce sa fonction de premier magistrat. Il dirige, entre autres, des projets d’électrification rurale, d’adduction d’eau potable et d’amélioration des voies de communication.

Déjà à cette époque, il n’hésite pas à offrir des emplois dans sa propriété aux réfugiés espagnols. « Il était très aimé de tout le monde. […] Il était une sorte de grand frère pour les gens du pays. […] Il chantait tellement bien qu’il était invité les jours de fête à jouer du violoncelle et à chanter. » (Extrait de la préface d’Hubert de Commarque).

Membre des « légaux »

Puis la guerre éclate et, dès 1940, il entre dans la Résistance. Gé- rard de Commarque va faire par- tie des « légaux ». Sans quitter sa fonction – parfois en en usant, il va mener des activités clandestines et devenir membre de l’Armée secrète et du groupe Pistolet. Le maire d’Urval va fournir des renseignements, établir de fausses cartes d’identité, cacher des armes, héberger et nourrir des Italiens, des Français, des Espagnols, des juifs… Plusieurs lettres de dénonciation vont lui nuire, et le 5 janvier 1944, Gérard de Commarque va être arrêté par les autorités allemandes à Périgueux, alors qu’il se rendait, semble-t-il, à une convocation de la préfecture. Emprisonné à Limoges, il est transféré au camp de Compiègne-Royallieu puis entassé dans un wagon à bestiaux pour arriver à Buchenwald le 24 janvier 1944. Quand elle ap- prend son arrestation, Marguerite de Commarque, non moins héroïque que son mari, va le suivre jusqu’à Compiègne pour tenter de le libérer. Mais, détenu dans des conditions terribles et blessé suite à des coups qui lui sont portés, celui qui n’était plus que le matricule 42 152 va être emporté par une septicémie quatre mois après son arrivée à Buchenwald.

Après sa disparition, la famille de Gérard de Commarque va continuer à cacher des résistants dans ses propriétés. L’une d’elles, le château de La Poujade, servira par ailleurs de quartier général à un certain André Malraux.

Aujourd’hui, les descendants de Gérard de Commarque continuent de faire vivre le patrimoine familial. Son fils Hubert, avec sa femme Christine et désormais ses enfants Aude et Jean, se consacre depuis des années au château de Commarque, aux Eyzies, aspirant à le sauver de l’oubli. C’est pour ce combat que le nom de Commarque est connu aujourd’hui. »

« Le maire d’Urval
va fournir des renseignements, établir de fausses cartes d’identité, cacher des armes… »

 

(1) L’ouvrage est disponible dans plusieurs li- brairies du Périgord ou sur commande à contact.fabedit@gmail.com.

L’HISTOIRE PARALLÈLE

Après le décès de Gérard de Commarque, sa femme Marguerite va mener un combat pour faire reconnaître son engagement et ses faits d’armes. Des années après, il est reconnu Résistant par la commission départementale du 25 novembre 1956, reconnu Déporté politique par le ministère le 18 octobre 1957 et déclaré Mort pour la France le 14 novembre 1967. Le livre «D’Urval à Buchenwald» de Francis-André Boddart concourt ainsi à une réparation. Il a été présenté dimanche 4 juillet dans le village de Gérard de Com- marque où vivent toujours aujourd’hui ses fils, Godefroy et Hubert. Une plaque commémorative lui rend aussi hommage désormais : elle a pris place sur le mur de la mairie où il officiait jadis. Par ailleurs, les châteaux de La Bourgonie et de La Poujade, propriétés familiales, l’un au Buisson-de-Cadouin, l’autre à Urval, ont eux aussi joué un rôle dans la Seconde Guerre mondiale. En 1940, La Poujade devint quelques jours le siège du gouver- nement luxembourgeois et, pour quelques semaines, le refuge des représentants du Grand-Duché.

«Aux heures sombres et mouvementées de la guerre et de l’Occupation», les deux châteaux devinrent aussi des dépôts des musées nationaux.

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