Décès de Michelle Ranoux

Décès de Michelle Ranoux

Michelle Ranoux, née Puyrigaud en 1926, alias « Claude », nous a quittés au soir du dimanche 4 avril. Elle vécu au côtés de Roger Ranoux, le Lieutenant -Colonel Hercule, co-chef départemental des FFI, dont elle fit la connaissance dans le cadre de ses activités de résistance à la libération de Périgueux et qu’elle épousa en 1946. Pour ses obsèques, une cérémonie a été organisée à Montrem.

Après l’ouverture par la maire, Sylvie Bouton, un hommage lui fut rendu par Anne-Marie Cocula, professeur émérite d’histoire, qui replaça son parcours de résistante dans le contexte de ces années 1942 à 1944 et souligna son engagement précurseur pour la défense des droits des femmes.

Son fils aîné, Jacques prit ensuite la parole pour un adieu émouvant au non de tous ses enfants et petits-enfants.

Sylviane, sa fille cadette, conclu ces intervention en redonnant la parole à Michelle par la lecture de quelques passages de l’ouvrage « Michelle et Jeantin, deux jeunes de Pierrefiche pendant l’occupation. » (cf. ci-après)

Elle repose désormais au cimetière de Saint-Lazare auprès de son mari originaire de cette commune du Lardin-Saint-Lazare. Leurs quatre enfants, Jacques, Claudine, Patrick et Sylviane, mon épouse, nous livrent cette évocation de la vie de leur maman, du parcours d’une grande dame:

« Née le 23 août 1926 à Thiviers (Dordogne)

Fonctionnaire territoriale

Résistante : titulaire de la carte du Combattant n°115120 et de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance n°59.578

Responsable départementale des jeunesses communistes (JC) à la Libération de la Dordogne et membre du Comité national de l’Union de la Jeunesse Républicaine de France (UJRF)

Mère de quatre enfants

 

Michelle Puyrigaud naquit dans une famille paysanne du nord du département de la Dordogne. Elle est l’ainée d’une sœur et d’un frère beaucoup plus jeunes. Ses parents sont installés à Pierrefiche, un hameau situé à six kilomètres de Thiviers.

Un engagement politique et résistant précoce

 

La famille est engagée politiquement. Elle soutient en 1936 la campagne du député Gustave Saussot. Michelle elle-même participa toute jeune à des actions de solidarité avec les Républicains espagnols que sa famille est amenée à abriter. Aussi, en 1939, dès l’interdiction du PCF, elle se sentit impliquée dans le maintien de son expression clandestine. Cette famille fut ainsi d’entrée gagnée à la cause de la Résistance.

 

Michelle Puyrigaud, en 1940, est une jeune écolière de 14 ans. À la belle saison, elle va au collège de Thiviers en vélo et, l’hiver, elle est hébergée par une famille amie, les Galvagnon. Lorsque que les Allemands franchissent la ligne de démarcation et envahissent la zone libre, Michelle cessera peu après d’aller à l’école car l’ennemi est là. L’adolescente sait très bien ce que nazisme, fascisme, collaboration et tout ce qui a trait au contexte de son époque, veut dire. Son père, a participé aux grandes grèves de 1934 contre le pouvoir en place. Aussi, dans la famille, on parle aisément de politique. Confrontés quotidiennement à la difficulté de vivre, bon nombre de voisins se sont ralliés à son opinion, d’autant plus que l’occupant se met à leur voler les récoltes. L’union sacrée prend corps dans les villages. Après la débâcle, le Parti Communiste clandestin s’est très vite réorganisé. La famille Puyrigaud est totalement en accord avec les mots d’ordre qui en émanent et l’action à mener contre Vichy et l’occupant. Nous étions révoltés contre le fascisme et contre les conditions de vie du peuple français, explique Michelle.

 

Sa réputation de meneuse de jeunes et son caractère bien trempé attirèrent sur elle l’attention des responsables résistants. André Bonnetot organisateur départemental des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), la sollicita en juin 1943, dans le but d’organiser un premier maquis. Il lui fut proposé de s’occuper du recrutement de jeunes, de leur organisation clandestine et de la prise en charge des réfractaire du STO â l’échelle de sa région du nord du Périgord. Elle s’engagea avec énergie et détermination à la tâche, avec l’approbation et le soutien vigilant de son père, tout en poursuivant la préparation du Brevet Elémentaire qu’elle obtint à la session de septembre 1943. Les jeunes de 20 ans avaient pour obligation d’aller travailler en Allemagne pour le Service du Travail Obligatoire (STO). Certains faisaient semblant de partir et dès qu’ils avaient quitté la ville, explique Michelle, ils venaient voir mon père pour entrer en Résistance. Les premiers réfractaires sont allés se cacher dans un bois à proximité de chez nous pour y construire un abri. Ce bois marécageux avait pour nom « Le pré pourri ». Vincent Bonnetot, vient les encadrer pour assurer leurs premiers pas de résistants. Parmi eux, deux jeunes du village se révèlent aux postes de responsables : Alphonse Puybareau (dit Marius) et Maurice Ouzeau (alias Olive). Michelle les ravitaille, leur procure des vêtements, un vieux fusil de guerre, un revolver et des mots réconfortants. Ils sont restés là près de trois mois, avant de rejoindre un autre groupe, à Sarlande, où ils ont été pris en main par un ancien de la guerre d’Espagne, « Rico ». Ils ont été les artisans d’un des premiers groupes FTP de la contrée.

 

Gavroche de la Résistance

 

Michelle, l’air de rien, toujours écolière aux yeux de tous, circule à vélo, récolte et diffuse moult informations, apportant ici et là nouvelles et instructions, mots d’ordre d’appels à la résistance et à la rébellion. Elle tape sur une machine à écrire des textes contre les réquisitions des produits agricoles et des incitations à l’entrée en Résistance et aux sabotages en tout genre pouvant nuire à l’occupant. Elle a des rendez-vous avec des responsables dans les rues de Thiviers avec lesquels elle discute naturellement tout en marchant, quand ils ne viennent pas jusqu’à la maison, devenue PC de Résistance. Son activité s’accentue. Les contacts à assurer augmentent en nombre et en distance. Il lui faut répartir, distribuer le matériel, mettre en garde, convaincre, communiquer la confiance et l’ardeur en vue de la victoire finale. Cela n’est pas toujours facile car la répression s’amplifie et rend les divers déplacements et actions de plus en plus risqués. Je savais ce que j’avais à faire. Je prenais beaucoup de précautions. Parfois, l’élan de ma jeunesse me faisait sous-estimer le danger. J’ai eu de la chance aussi. Mon allure de paysanne innocente et mon sourire (apparemment) naïf passaient bien. Pour alibi, j’avais toujours mes livres d’école dans les sacoches de ma bicyclette. Je n’en avais pas envie, mais il me fallait faire l’innocente amusée, pas du tout concernée par ce qui se passait, alors que j’étais informée de tout, y compris des nouvelles internationales diffusées par la radio. Je transmettais beaucoup d’informations orales. Lorsque je portais des documents, je les glissais entre les pages de mes livres d’école et quand il s’agissait de matériel, je le cachais dessous. Je me suis faite arrêtée trois fois par la milice et ils ne les ont pas fouillés. Ils se contentaient de regarder la couverture du livre.

Lorsque les miliciens se rendent à la ferme des Bappel, au lieudit Les Verderies, mais n’y trouvent aucune âme guerrière mais embarquent Albert, le jeune fils de 15 ans et l’emprisonnent au siège de leur groupe à Thiviers, un hôtel réquisitionné. Il appartient à la famille Moulinier, des amis de la famille Puyrigaud. Dans les caves de la grande bâtisse, Albert est torturé. Malgré les brutalités, il ne parle pas. Michelle, n’ayant peur de rien, profite de connaître les propriétaires de l’Hôtel réquisitionné pour voir Albert. Elle ne manque pas d’aplomb et explique aux geôliers qu’il n’a rien à voir avec la Résistance. Albert est libéré deux jours plus tard. L’adolescent ne rentre pas chez lui et rejoint aussitôt les autres, dans les bois. Il est le plus jeune résistant du secteur.

 

Jeune et responsable

 

Elle n’a donc que 17 ans lorsqu’elle accepte de prendre une part active dans la Résistance. En fin d’année 1943, nous étions plus de quatre-vingt formés et organisés, répartis en groupes de trois. Outre ces jeunes clandestins, il y avait aussi de nombreux groupes de résistants dits légaux, qui continuaient à mener une vie ordinaire, tout en participant aux actions de Résistance, propagande et sabotages.

 

Pour Michelle, dans son secteur, il fallait se méfier plus de la milice que des Allemands. Ils sont venus à plusieurs reprises à Pierrefiche, mais sans résultat. Ils n’ont pas trouvé la machine à écrire et les armes cachés dans le foin. Une autre fois, il n’y a personne pour les recevoir. Avertie par l’armée secrète d’un encerclement imminent du village, Michelle s’en va illico presto à vélo se réfugier quelques jours chez des commerçants à Thiviers, son père et d’autres résistants actifs ayant rejoint les bois. Sa maman, Élise, décide de rester à la ferme. Une dernière fois, la milice est revenue chez nous et, à leur demande, ma mère leur a fait des casse-croûtes. J’étais à l’extérieur et le chef, me voyant arriver, est venu à ma rencontre. Il m’a fait la démonstration du bon fonctionnement de son fusil mitrailleur. J’ai fait mine d’être vraiment intéressée. Il m’a expliqué qu’il voulait nettoyer le village d’à côté qu’il pensait être un nid de résistants.

 

Durant toute cette période, Michelle est aussi très sensible à la lutte du peuple espagnol contre Franco. Elle le soutient en menant de multiples actions en sa faveur. Le père Dupuy, cheminot et responsable communiste de Thiviers, nous a amené, un jour José Gonzalvo Ùson, jeune républicain antifasciste, âgé d’à peine une vingtaine d’années. Il devait se cacher. Nous l’avons hébergé quelque temps avant qu’il ne rejoigne Sarlande, étape transitoire pour accéder à la Haute-Vienne où il devint un grand résistant. Son nom de guerre était « Petit Pierre ».

 La population alentour qui connaissait bien sa famille et qui était largement ralliée à la cause qu’elle défendait sans toujours manifester un soutien ostensible, lui évita, ainsi qu’à son père, plusieurs perquisitions de la part des autorités vichystes, de groupes de légionnaires pronazis ou de miliciens locaux. Son allure feinte de jeune paysanne naïve, si elle lui permit d’échapper à des fouilles fatales lors de ses tournées à bicyclette, elle dénombre néanmoins pas moins de vingt-trois victimes, maquisards ou civils, tués dans son secteur pendant sa période d’activité. À partir du débarquement et jusqu’à la libération du département, ce sont quelques 450 résistants FTPF qui étaient organisés dans son secteur, celui des cantons du nord de la Dordogne, pour combattre l’ennemi.

 A la Libération de la Dordogne, elle fut, compte tenu de son activité résistante et militante, tout naturellement appelée à la direction départementale des Jeunesses Communistes. Elle fut responsable proposée pour la première école centrale des JC, qu’elle suivit en janvier 1945 en région parisienne, et à la fondation de l’UJRF. Elle y fut désignée parmi les cinquante-et-un membres du Comité national. Ce niveau de responsabilités politiques donné à une toute jeune femme à cette époque était totalement inédit. Il fait d’elle une des femmes politique marquante de la Dordogne au XXème siècle.

 

Liberté et Amour

 

C’est à l’automne 1944, lors d’un défilé sur les boulevards de la capitale périgourdine, qu’elle fait la connaissance d’un chef FTPF et FFI auréolé d’une réputation de rigueur et de droiture, Roger Ranoux, servi de plus par un physique avantageux qui lui avait valu le surnom d’Hercule au maquis. Elle le connaît de nom et de réputation. Nous avons fait connaissance et nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre dira-t-elle. Nous étions très heureux. Il régnait un tel enthousiasme, un tel bonheur d’être libre à nouveau. La situation était totalement nouvelle. Une fois démobilisé en octobre 1945, Roger Ranoux demanda au sourcilleux père Puyrigaud la main de sa fille, il accepta, mais des problèmes de santé différèrent la vie conjugale et militante de Michelle Puyrigaud. Elle venait de subir, durant ces cinq dernières années, des privations alimentaires en nombre, une vie intensément physique avec des tournées en vélo incessantes dans un pays accidenté et un lot d’inquiétudes finalement traumatisantes. La jeune femme, très éprouvée, et épuisée par le surmenage dû à ses responsabilités connut une grave crise d’anémie qui repoussa le mariage.

 

Les deux jeunes résistants se marient le 15 juin 1946 à Thiviers et, pied de nez à l’histoire, dans l’hôtel réquisitionné par la milice qui en avait fait son siège ! Ce jour-là, à cet endroit, parmi les invités, se sont retrouvés plusieurs responsables périgourdins de la Résistance.

 

Une vie à deux indissociable

 

Par la suite, Michelle se dévouera entièrement à sa famille et élèvera au mieux ses quatre enfants tout en soutenant Roger, son époux, dans sa carrière d’homme politique. Leur fils aîné, Jacques, naquit en 1947, puis Claudine en 1952. Le ménage habitait alors dans un deux-pièces en face de la gare de Périgueux. Sur le plan militant, Michelle Ranoux se contenta désormais d’animer une cellule de quartier. Mais Roger était devenu secrétaire fédéral, et ses maigres subsides ne suffisaient pas à faire vivre sa famille. Aussi décida-t-il de renoncer à ses responsabilités politiques et il obtint peu après la responsabilité d’un centre de vacances de la Ville de Saint-Denis, implanté dans de la commune de Montrem. Les Ranoux devaient y vivre l’essentiel de leur vie professionnelle. Michelle Ranoux, pourtant accaparée par ses taches professionnelles et maternelles, suivit une formation de sténodactylo aux cours Pigier à Périgueux. Elle n’en fit jamais son métier, mais cela lui fut utile puisqu’elle put ainsi sans rétribution, assister Roger Ranoux devenu député de la Dordogne en 1956 (à cette époque, les députés ne disposait ni de secrétariat ni d’attachés parlementaires). Ces trois années furent pour elle assez difficiles. Ils durent quitter le centre de vacances, et après une période de transition, ils s’installèrent dans une HLM à Chamiers, en banlieue de Périgueux, son mari étant la semaine à Paris.

 

Deux autres enfants, Patrick et Sylviane naquirent en 1958 et 1960. Passé le mandat d’élu national de Roger Ranoux, ils reprirent leurs fonctions de gestionnaires des centres de vacances de la région. Roger s’occupa aussi pendant plusieurs décennies à gérer les affaires communales en tant que conseiller municipal puis maire de Montrem.

 

Toute leur vie, Michelle et Roger, sont restés très attachés aux valeurs de l’idéal communiste de leur jeunesse : de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins, comme elle aimait à le rappeler.

 

Fidèles aux valeurs de la Résistance

 

Parvenus à la retraite, Hercule bâtit une maison à Montrem, avec l’aide de ses enfants, où ils se sont installés pour vivre une retraite pas toujours paisible. En effet, Roger Ranoux militait très activement dans les associations d’Anciens combattants de la Résistance, désireux de faire vivre auprès notamment des plus jeunes, les valeurs de la Résistance. Jusqu’au bout de sa vie il dénonçât avec détermination, soutenu par Michelle, les auteurs d’articles et d’ouvrages fantaisistes voire malhonnêtes sur la Résistance départementale.

 

A ce titre, Roger Ranoux avait eu eut à cœur la réalisation d’un ouvrage collectif sur la Résistance en Dordogne au titre de l’association Nationale des Anciens Combattants et amis de la Résistance. L’ambition était de permettre à chaque organisation présente en Dordogne, d’y relater la contribution qui lui revenait et d’illustrer l’union de la résistance à laquelle tenaient tant nos anciens. Ce fut d’une réussite.

 

Michelle, si elle s’effaça sur le plan militant, contribua largement à l’ouvrage « Francs-Tireurs et Partisans Français en Dordogne », également collectif. Dès 1985, un tout petit groupe d’anciens responsables des F.T.P. avait, à l’initiative de Roger, lancé l’idée de la publication d’un tel ouvrage. Et, en juin de la même année, une bonne quarantaine de représentants de l’organisation de combat se réunirent et constituèrent une Association loi 1901 ayant pour but sa réalisation et sa diffusion. Celle-ci chargea Martial Faucon, compte tenu de son expérience dans la presse acquise aux rédactions en chef des « Nouvelles » à Bordeaux puis de « L’Echo du Centre » à Limoges, de narrer lui-même des épisodes marquants de la lutte libératrice dans le département, de centraliser et d’adapter les récits et témoignages des très nombreux acteurs de celle-ci qui ne manqueraient pas de se manifester. Un travail considérable fut réalisé sous le contrôle régulier de l’Association présidée par Roger Ranoux, travail qui fut concrétisé par l’impression de la première publication, en 1966, suivie, dix ans plus tard, en 2006, par une réimpression enrichie de nouveaux apports, en particulier ceux de Michelle concernant la région de Thiviers.

 

Quand elle repense à son histoire, Michelle confie : Un jour, j’ai eu une prise de conscience doublée d’une certitude. Il fallait tout donner pour qu’Hitler ne gagne pas. La bataille de Stalingrad nous en a apporté la preuve et nous a donné confiance. Il est très difficile, voire impossible, d’arrêter un peuple qui se révolte. Elle poursuit : Je souhaite insister sur le rôle oh combien important de ces jeunes filles, de ces femmes, amies, sœurs, épouses, mères, de ces combattantes, courageuses et dévouées. Elles ont apporté une aide considérable à la Résistance. Au cœur même de ce combat, elles ont été une force, mais aussi les garantes de la confiance et de l’espoir.

 

Michelle nous laisse un témoignage inestimable d’authenticité sur sa Résistance dans un petit ouvrage dans lequel elle associe son ami d’enfance: Michelle et Jeantin, deux jeunes de Pierrefiche pendant l’occupation. »

 

Sources : Notice du MAITRON et témoignages de ses enfants.

 

Le Bureau du CDM adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

Une communication de Flavien Groyer sur le site de France Bleu Périgord nous permet d’entendre un témoignage de Michelle Ranoux recueilli en 2019:  Article France Bleu

Voici l’article publié par Anne-Marie Siméon dans l’édition Dordogne de Sud-Ouest le mardi 6 avril:

« Le monde de la Résistance est de nouveau en deuil. Dimanche 4 avril au soir, Michelle Ranoux, née Puyrigaud, est décédée. Elle aurait eu 95 ans le 26 août 2021. Comme son mari, Roger, dit Hercule, décédé en 2015, Michelle s’est engagée très tôt dans la Résistance. Native de Thiviers, elle a grandi dans une famille de paysans communistes installés dans le hameau de Pierrefiche, à six kilomètres du bourg.

Une vie d’engagement

À 17 ans à peine, alors qu’elle est encore scolarisée pour décrocher son brevet élémentaire, elle s’engage, enfourchant son vélo, distribuant des tracts. Repérée par les FTP en juin 1943, elle est chargée du recrutement de jeunes pour monter un maquis. Michelle les ravitaille, leur procure des vêtements… Son nom de guerre est Claude. Elle a raconté tous ces souvenirs dans un livre publié en 2019 avec l’aide de ses deux fils, Jacques et Patrick. À la Libération, elle est appelée à la direction départementale des Jeunesses communistes.

Les valeurs de la Résistance

C’est en septembre 1944 qu’elle rencontre, lors d’un défilé à Périgueux, le fameux Hercule, alors chef FTP et FFI. Leur mariage a lieu le 15 juin 1946. Dès lors, elle se dévoue entièrement à son foyer et à l’éducation de leurs quatre enfants : Jacques (qui succédera à son père à la mairie de Montrem-Montanceix), Claudine, Patrick et Sylviane (qui œuvre aujourd’hui à la mémoire de la Résistance au sein de l’Anacr). Michelle Ranoux a toujours assisté son époux, notamment lorsqu’il a été élu député en 1956 et lorsqu’il s’est retrouvé à la tête du centre de vacances de la Ville de Saint-Denis basé à Montrem. C’est à quelques centaines de mètres de ce site que le couple bâtit sa maison, à la retraite de Roger. Elle l’aida également à la réalisation de l’ouvrage collectif « Francs tireurs et Partisans en Dordogne », édité en 1996.

Un hommage sera rendu à Michelle Ranoux jeudi 8 avril à 11 heures à Montrem, dans la salle de la Rivière. Elle sera ensuite inhumée à 15 h 30 auprès de son époux au cimetière Saint-Lazare au Lardin. »

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