Commémoration de la libération de Périgueux et de Bergerac
Dès le lendemain de la défaite en 1940, alors que l’opinion porte encore majoritairement sa confiance en Pétain, des pionniers organisent les premiers noyaux de Résistance en Dordogne. Les premiers maquis se constituent au printemps de 1943. L’instauration du STO va pousser de nombreux jeunes gens à les rejoindre. Après le débarquement des forces alliées le 6 juin 44, la guérilla s’intensifie, les allemands subissent une pression de plus en plus importante.
En ce début de mois d’août 1944, du côté de la Résistance, trois grandes familles combattantes sont organisées au sein des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.) : L’Armée Secrète (A.S), les Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F.)., et l’organisation de Résistance de l’Armée (0.R.A), soit approximativement 20.000 hommes en armes, tous volontaires, qui ont en commun, le courage et la volonté de combattre pour chasser l’occupant.
Du côté ennemi, environ 2000 hommes de différentes nationalités, disposant d’un armement très performant, encadrés par les allemands, tiennent garnison à Périgueux, Bergerac, St Astier. A cela, il faut ajouter les supplétifs de Vichy : milice, Gardes Mobiles de Réserve (les GMR), une légion Nord-Africaine, la Hilspolizei, dont le comportement fut particulièrement odieux.
La situation va évoluer très vite au cours de la deuxième semaine d’août. Le 12 août, la milice quitte Périgueux, elle redoute la libération qu’elle sent proche. Le 13 août, on se bat aux portes de Périgueux. De nouveaux groupes de résistants renforcent, les 15 et 16 août, les forces qui encerclent la ville. L’objectif est d’obtenir la reddition des Allemands. Mais ceux-ci ont reçu l’ordre d’évacuer la Dordogne et de se replier vers les poches de l’Atantique.
A Périgueux, comme à Bergerac, le 19 août 1944, les résistants entrent en ville sans rencontrer la moindre opposition.
Commémoration le 19 août à 11H00 à la Caserne Daumesnil, rue du 5ème Régiment de Chasseurs à Périgueux:
C’est ce que rappellera La maire de Périgueux, Madame Delphine Labails, dans son allocution, après la montée des couleurs et « Le chant des marais ».
La maire rendra un vibrant hommage à toutes ces femmes et ces hommes qui s’engagèrent dans ce combat face à un ennemi mieux équipé et entrainé, ainsi qu’aux otages fusillés en ce lieu par les Allemands avant leur départ.
Après « Le chant des partisans« , les autorités civiles et militaires et les associations ont déposé les gerbes au pied du monument où figurent les noms des 45 otages fusillés entre le 5 juin et le 17 août 44.
Après une minute de silence et « La Marseillaise », les familles des fusillés se rendues devant le mur des exécutions pour déposer une gerbe et se recueillir.
Pour clôturer cette cérémonie, les autorités ont remercié les porte-drapeaux venus nombreux pour appuyer ce bel hommage rendu à celles et ceux qui risqué, et souvent donné, leur vie pour notre liberté.
Commémoration le 22 août à 11H00 à Bergerac, Place Gambetta, annoncée par Grégoire Morizet dans un article publié le 20 août dans l’édition de la Dordogne du journal Sud-Ouest:
« Depuis 1942 et l’occupation de la zone libre, les Allemands étaient installés à la caserne Chanzy de Bergerac et avaient pris possession de l’aérodrome de Roumanières. En parallèle, le maquis s’était organisé, notamment l’Armée secrète (AS) dont Maurice Loupias, dit « Bergeret », était le chef en Sud Dordogne.
L’année suivante, la création du Service du travail obligatoire (STO) avait amplifié le mouvement avec la formation de plusieurs groupes : Bayard, François Ier, Loiseau, Pistolet et Collic du côté de l’AS ; la compagnie Gabriel Chaverou pour les Francs-tireurs et partisans (FTP).
Les derniers combats
Dès le début de l’année 1944, les opérations se sont multipliées : dynamitage d’un dépôt de cinq locomotives, sabotages à la Poudrerie, déraillement d’un train… De leur côté, les Allemands ont intensifié la répression, surtout après le débarque- ment du 6 juin 1944. Un exemple tristement célèbre est la bataille de Mouleydier suivie de son incendie, qui ont fait de nombreuses victimes.
Pour les occupants, la situation est intenable, malgré l’arrivée d’un renfort de 1 800 grenadiers cosaques début août. Pour mémoire, ce sont eux qui, le 8 août, ont mené une sanglante opération de répression contre le maquis à Saint-Julien-de-Crempse, causant des dizaines de morts.
C’est le 19 août que le lieutenant Betz, de la Wehrmarcht, qui dirige la place de Bergerac, reçoit l’ordre de quitter les lieux. Débutent alors leurs sabotages, avec la destruction du camp de Roumanières ou encore l’incendie des réserves d’alcool de la Poudrerie. Le lendemain, le regroupement a lieu place Gambetta, non sans avoir au préalable mis le feu à la caserne Chanzy où sont entreposées des munitions, et au château des Termes qui abrite les archives de la Luftwaffe de Mérignac (33).
Le top départ de l’évacuation est donné en fin d’après-midi. Deux colonnes quittent la ville: le gros des troupes en direction du Fleix, le reste vers Mussidan.
À la nuit tombée, les Allemands ont définitivement déserté Bergerac. Les résistants peuvent enfin faire leur entrée dans la sous-préfecture.
La prise d’une ville déserte
Bien renseignés sur les mouvements ennemis, ils se sont organisés. Bergeret a pris contact avec des chefs francs-tireurs et partisans afin de coordonner les actions. Tandis que les Corps francs de la Libération tiennent la rive droite de la Dordogne et le sud-est de la ville, les FTP doivent opérer depuis le sud- ouest. Pour sa part, l’AS pénètre dans Bergerac par le nord.
Quand l’ordre d’attaquer est donné à 3 heures du matin, le 21 août, différents points clés sont déjà tenus : la Poste, afin de surveiller les transmissions, tandis que la Résistance-Fer sur- veille la gare. Le groupe Anic est le premier à arriver, par le faubourg de La Madeleine. De son côté, le groupe François Ier, surnom de Marceau Feyry, qui dirige l’AS de Bergerac, fait son entrée sur deux axes : la route de Périgueux et celle de Liorac. Quand le groupe Demorny rejoint le centre-ville, Bergeret fait son entrée avec le corps-franc de Dagréou, suivi des groupes Regain et Lecamp. Bergerac est délivrée sans coup férir.
Retour des autorités civiles
Immédiatement, les libérateurs sont salués par une population nombreuse. Mais derrière cette joie sincère, couvent aussi quelques rancunes qui se sont exprimées un mois plus tard : le 27 septembre, dans une mise en scène macabre, des femmes compromises avec l’occupant sont tondues devant le palais de justice, puis conduites à travers la ville sous les huées de la foule.
En attendant, rien de tout cela le 21 août 1944. Sorti de la clandestinité, Bergeret reprend son nom de Maurice Loupias et s’installe dans la sous-préfecture en tant que président du Comité de libération de Bergerac. Immédiatement, il fait placarder des avis à la population proclamant la République et demandant le retour au calme.
Dans la foulée, le préfet homologue un nouveau Conseil municipal dirigé par Maurice Moulinier, qui avait été révoqué en 1941 par le maréchal Pétain. Il retrouve son fauteuil de maire occupé entre-temps par Auguste Jaulin de Seutre. Une page d’histoire se referme.
Dès le 3 septembre 1944, les premières commémorations officielles de l’événement débutent, avec des grands défilés célébrant la Libération de Bergerac. »
Les sources
Cet article s’appuie sur quelques-uns des nombreux ouvrages qui évoquent l’événement : « Histoire de Bergerac », sous la direction de Michel Combet, 2017, éditions Fanlac ; « Messages personnels », de Bergeret et Herman Grégoire, 1945, éditions Bières ; « 1944 en Dordogne », de Jacques Lagrange, 1993, éditions Pilote 24 ; « La Résistance en Périgord », de Guy Penaud, 1985, Fanlac ; « La Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale », dirigé par Bernard Lachaise et Anne-Maris Cocula, 2020, Fanlac. L’ensemble des photos provient du très vaste fonds Bondier-Lecat, consultable sur photo-bondier-bergerac.fr.