Stèle des 33 femme et enfants

Les chemins de la mémoire

30 mars 1944 :

Avant la sortie du bourg de La Bachellerie, dans un grand virage, sur la droite de la route, à proximité du monument aux morts, une stèle a été érigée en 2008 à la mémoire des 33 femmes et enfants juifs arrêtés le 30 mars 1944 par les soldats de la division « B » et déportés à Auschwitz-Birkenau d’où cinq seulement sont revenus.

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CHEMINS DE LA MEMOIRE

En fin de journée, vers 18 heures, toutes les personnes rassemblées dans le pré sont chargées dans un camion. Direction : la caserne du 35e régiment d’artillerie à Périgueux.

Parmi elles, le sénateur M. Michel et M. Lauwick, propriétaire du château de Rastignac. Certains retrouvent la liberté après un mois de détention.

Plus d’une quarantaine de personnes – en grande majorité des Juifs – sont déportées le 13 avril 1944. Les Israélites prennent le chemin d’Auschwitz par le convoi n° 71

 

 

Comme on peut le lire dans « Résistance », bulletin pédagogique annuel édité par le CDDP Val-de-Marne et le musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne dans le cadre de la préparation du Concours national de la Résistance et de la Déportation 2009, pendant longtemps, « la mémoire de la Déportation portée par les résistants déportés maintient cette vision globalisante des victimes, d’autant plus que les survivants sont pour leur quasi totalité des adultes plus ou moins âgés. ».

Ce n’est qu’avec la montée en puissance d’une mémoire juive de la Déportation dans les années 1970 que le sort des enfants et des adolescents prend plus d’importance. Le massacre des innocents est mis en avant. La réalisation du Mémorial des enfants juifs déportés de France sous la direction de Serge Klarsfeld permet le rappel de la déportation d’enfants parce que nés juifs.

C’est grâce au travail mené sous sa responsabilité et à l’avancée de la recherche historique dans ce domaine, notamment à l’ouvrage de Bernard Revi-riego, « Ça m’est arrivé… – Être Juif en Dordogne entre 1939 et 1944 » que nous avons pu reconstituer le parcours de ces Juifs déportés de Dordogne.

C’est grâce à ce travail que, complétant la stèle de La Genèbre érigée en 1945 à la mémoire des 10 hommes arrêtés et fusillés par la Division Brehmer, une stèle a pu être érigée en mai 2008 au village de La Bachellerie, à la mémoire des 33 femmes et enfants juifs arrêtés le 30 mars 1944 par les soldats de la division « B » et déportés à Auschwitz-Birkenau d’où 5 seulement sont revenus.

  1. ACSEL Hesel Suzanne, née Wachtel, épouse du docteur Marcus Acsel, née le 31 mars 1909 à Jasi (Roumanie), domiciliée à La Bachellerie, arrêtée le 30 mars 1944, arrivée à Drancy le 6 avril 1944,
  2. ACSEL René Salomon, fils de Marcus et de Hesel Acsel, né le 23 juillet 1932 à Paris, domicilié et arrêté à La Bachellerie le 30 mars 1944, interné au 35e RA à Périgueux,
  3. APELGOT Hinda, née Tenenbaum, épouse de Mendel Apelgot, née le 24 juin 1898 à Irena (ou Frena), arrêtée à La Bachellerie,
  4. APELGOT, Elisabeth, née le 12 juin 1930 à Ligny-en-Barrais (Meuse), fille de Hinda et de Mendel Apelgot, arrêtée à La Bachellerie, le 30 mars 1944, internée à Périgueux,

 

5. APELGOT Sonia, née le 13 juin 1924 à Nancy, fille de Hinda et de Mendel Apelgot, arrêtée à La Bachellerie, le 30 mars 1944. Emprisonnée à Périgueux, du 28 mars au 7 avril 1944 puis à Drancy, du 7 au 13 avril 1944, convoi n° 71. Elle est déportée à Auschwitz, puis à Bergen-Belsen, à partir de janvier 1945. Elle est rapatriée en France le 11 juin,

6. BORENSZTEIN Golda, née le 28 janvier 1917 à Varsovie, entrée en France en mars 1928, évacuée de Strasbourg, employée de bureau, domiciliée à La Bachellerie,

 

7. BORENSZTEIN Laja, née Grajcer, née le 8 octobre 1895 à Varsovie, épouse de Szulin Julien Borensztein, en France depuis mars 1928, réfugiée de Strasbourg, domiciliée à La Bachellerie, arrivée à Drancy le 6 avril 1944,

8. BORENSZTEIN Jochwer Jeannette, née le 2 octobre 1918 à Varsovie, en France depuis mars 1928, évacuée de Strasbourg, employée de bureau, domiciliée à La Bachellerie,

 

  • GERST Liliane, née le 30 janvier 1942 à Brive, domiciliée et arrêtée à La Bachellerie, le 30 mars 1944, internée à Périgueux,
  • GERST Régine, née Gold, née le 13 mars 1915 à Kolbuszowa, domiciliée à La Bachellerie, arrêtée le 30 mars 1944, arrivée à Drancy le 6 avril 1944,
  • GOLD Mina Mirla, née Bielfeld, épouse de Rubin Gold, née le 12 mars 1876 à Kolbuchowa, entrée en France en décembre 1926, mariée, deux enfants, domiciliée à La Bachellerie,
 

12. GRÜN Isidore, née le 10 avril 1930 à Strasbourg, fille de Marie Grün, née Reinhold et de Nephtali Grün, domiciliée à La Bachellerie, internée à Périgueux,

13. GRÜN Marie, née Reinhold, née le 31 décembre 1887 à Novy Sacz (Pologne), mère d’Isidore et épouse de Nephtali, naturalisée française le 12 décembre 1928, réfugiée de Strasbourg, domiciliée à La Bachellerie,

14. KRIEGER Colette, née le 28 mai 1938 à Colmar (Haut-Rhin), fille d’Isaac et de Sarah Krieger, domiciliée à La Bachellerie, internée à Périgueux,

15. KRIEGER Rosette, née le 30 décembre 1934 à Colmar, fille d’Isaac et de Sarah Krieger, domiciliée à La Bachellerie, internée à Périgueux,

16. KRIEGER Sarah Suzanne, née Gold, épouse d’Isaac Krieg, née le 7 février 1905 à Cholbukowa, domiciliée à La Bachellerie,

17. LICHTENSZTEJN Chana Ève, née le 2 février 1909 à Cholbukowa, entrée en France en décembre 1926, mariée avec Isaac, russe, né le 7 février 1901 à Pultusk qui résidait, en juillet 1941, à Granat (Lot), un enfant, domiciliée a La Bachellerie (sans doute Maurice, qui suit), arrivée à Drancy le 6 avril 1944,

18. LICHTENSZTEJN Maurice, né le 15 mars 1937 à Strasbourg, domicilié à La Bachellerie, interné à Périgueux,

19. NETTER Adrienne, née Meyer, née le 13 décembre 1903 à Valenciennes, épouse de Charles Netter et mère, de Monique et Yves qui suivent, domiciliée à La Bachellerie,

20. NETTER Monique, née le 8 novembre 1936 à Valenciennes, fille de Charles et Adrienne, domiciliée à La Bachellerie,

21. NETTER Yves, né le 22 novembre 1932 à Anzin, fils de Charles et d’Adrienne, domicilié à La Bachellerie,

22. SCHENKEL Alfred, né le 4 juin 1937 à Strasbourg, domicilié à La Bachellerie, interné à Périgueux,

23. SCHENKEL Cécile, née le 28 septembre 1930 à Strasbourg, domiciliée à La Bachellerie, internée à Périgueux,

24. SCHENKEL Esther, née Silbermann, née le 14 juin 1898 à Radomysl, épouse de Nathan, mère d’Alfred, Cécile, Isaac, Jacques, Maurice, naturalisée française le 2 septembre 1930, domiciliée à La Bachellerie,

25. SCHENKEL Isaac, né le 1′ janvier 1932 à Strasbourg, domicilié à La Bachellerie, interné à Périgueux,

26. SCHENKEL Jacques, né le 25 janvier 1933 à Strasbourg, domicilié à La Bachellerie, interné à Périgueux,

27. SCHENKEL Maurice, né le 12 juin 1935 à Strasbourg, domicilié à La Bachellerie, interné à Périgueux,

28. SCHER Sala, né le 8 février 1936. Arrêté en mars (le 31 sans doute), à La Bachellerie. Déporté en avril 1944,

29. SCHUPAK Ida, née Gold, née le 2 décembre 1902 à Kolbuchowa (Pologne), naturalisée française le 16 juin 1929. Elle a trois fils, Paul, qui suit, Joseph, né le 8 avril 1926 à Strasbourg et Benjamin, né le 13 juin 1929 à Strasbourg. Elle est mariée avec Jacques, né le 14 novembre 1901 à Bâle (Suisse). Arrêtée à La Bachellerie le 30 mars 1944, arrivée à Drancy le 6 avril 1944,

30. SCHUPAK Paul, né le 3 mars 1935 à Strasbourg, fils d’Ida qui précède. Arrêté, à La Bachellerie, le 30 mars 1944, interné à Périgueux

Tous sont déportés par le convoi n° 71 du 13 avril 1944 pour Auschwitz. Seules cinq des trente-deux personnes arrêtées à La Bachellerie ont survécu à l’enfer concentrationnaire nazi : Sonia Apelgot, rapatriée en France le 11 juin 1945, Jochwer Jeannette Borensztein, Golda Borensztein , Bella Vogelhut, elles aussi rescapées et Sabina Krenik Vogelhut, rapatriée en France le 20 mai 1945.

L’inauguration du monument, en mai 2008, au centre du village, a permis de rappeler la sauvagerie des opérations qui se sont déroulées en ce lieu et de réparer l’oubli dans lequel elles sont tombées. Cela a été aussi l’occasion de souligner que, si la division Brehmer avait pour objectif premier la répression du maquis mais aussi de son soutien rural, elle avait également pour mission de traquer systématiquement les Juifs en s’appuyant, très souvent, pour ce faire, sur des listes préétablies et des auxiliaires dévoués.

« Ce déchaînement de violence, point culminant de la persécution des Juifs en Dordogne, écrit Bernard Reviriego, ne peut s’expliquer, selon nous, que par référence à la Solution finale appliquée par le général Brehmer en Dordogne durant 7 jours. »

 
 

Cette colonne en pierre a été réalisée par l’entreprise Galinat et les enfants de l’école ont été associés à sa réalisation. Chacun d’eux a écrit le nom et l’âge d’un déporté, puis ce texte a servi à M. et Mme Djerbi, potiers, pour confectionner les plaques de céramique qui ornent désormais cette « pierre de la mémoire ». La directrice, Madame Beaussard, les a aussi fait travailler sur ce thème et ils ont participé activement à la cérémonie, notamment en lisant un poème.

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