Le retour de Popeye à Pouymas Bas

Le retour de Popeye à Pouymas Bas

C’est lors d’une belle journée hivernale, le 18 décembre dernier, que Popeye a repris le chemin de Pouymas Bas et redécouvert ce paysage sauvage au coeur de la forêt corrézienne.

Le 21 octobre 1943, une douzaine de maquisards du groupe Lucien Sampaix évacuent Pouymas Bas, par mesure de sécurité, pour édifier un nouveau camp, à La Vialatte, à six kilomètres de là. Les autres devaient terminer le démontage du camp et les rejoindre le lendemain. Chacun vaquait à ses occupations quand l’alerte est donnée suivie aussitôt d’une fusillade. Pendant de longue minutes le camp subit un tir nourri. Popeye et Le Frisé revenu sur leurs pas pour récupérer la seule mitraillette de groupe se sont plaqués au sol et n’ont pas pu s’enfuir. Il seront cinq, avec  Sako, Lafleur et Le Coiffeur, à être capturés ce jour là par les GMR.

Il y a quelques années, Bernard Ruaud dît « Popeye », a entrepris de raconter ces évènements dans « Né un vendredi treize », un ouvrage rédigé avec son fils Serge et sa petite-fille, Marion, aux éditions du Trèfle. Tout commence à Bordeaux, quand, employé par l’occupant à la base sous-marine, il se met au service du Mouvement France combat et pratique le renseignement et le sabotage. Craignant qu’il soit repéré, ses chefs lui conseillent la clandestinité et lui indiquent un hôtel-restaurant à Hautefort en Dordogne pour un premier contact. Le jeune Bernard enfourche son vélo et parcoure d’une traite les cent soixante dix kilomètres de ce premier trajet. Il lui faudra ensuite encore deux jours pour atteindre la maison de « l’Ancien », son deuxième contact, à Tulle. L’Ancien le conduit au campement du groupe Lucien Sampaix, à proximité des cascades de Gimel. Dans un vallon encaissé, des trous creusés dans la pente et recouverts de branchages, une plate-forme étroite étroite où la bande devise autour d’une table en bois, une pierre plate au pied d’un rocher où fument encore quelques braises; Bernard découvre un camp de maquisards des Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF) et fait connaissance avec ses nouveaux compagnons, Hercule, leur chef, Mimile son adjoint, Le Crainque, Mickey, Caid, Le Frisé, l’Intrépide…, pas loin d’une trentaine de jeunes gars qui le regardent arriver avec circonspection dans son pantalon de golf, chaussé de ses mocassins. Le lendemain le groupe se déplace vers Saint Priest de Gimel, à Pouymas Bas. Deux mois plus tard, après un accrochage avec des gendarmes, Hercule décide de déménager à nouveau, mais les GMR, conduits par un délateur, attaquent le camp et capturent Popeye.

Quelques semaines plus tard, quatorze membres de ce groupe rejoindront la Dordogne ou selon les propres mot d’Hercule « il y avait tant à faire ».

Pour Popeye, s’ensuit un long parcours, de la prison de Tulle à celle de Limoges jusqu’au camp de Royallieu à Compiègne. Mais le 18 juin 1944, les SS prennent possession des prisonniers et les transfèrent à Dachaü. Peu survivront de ces « convois de la mort » et, ensuite, de ces épouvantables conditions d’internement. Le Frisé, Sako, Lafleur et Le Coiffeur et Popeye seront de ceux-là, ceux qui, malades, amaigris, parviendront, après bien des épreuves encore, à retrouver leur pays et leurs proches.

Il aura fallut un bien grand hasard, et la redoutable complicité de Nicole, la fille du Crainque, François Géraudie, et de Sylviane, la fille d’Hercule, Roger Ranoux, pour que l’on retrouve le lieu exact du campement de Pouymas Bas et pour que cette expédition s’organise.

De gauche à droite: Eliane Marot, fille de François Géraudie (Le Crainque) et son fils Fabien, Marion Ruaud, petite fille de Bernard Ruaud (Popeye), Marie-Claude, belle-fille, et son mari, Serge Ruaud, fils de Popeye et derrière eux, Jean-Claude Laval, dit « Moustache » qui nous a guidé, Sylviane Ranoux, fille de Roger Ranoux (Hercule), Popeye, derrière eux, Jacqueline, belle-fille et Jacques, fils de Eyrolles (Le Frisé), Monsieur Puydebois, le propriétaire des lieux, avec devant lui Madame Laval, Léon Bordas, notre  autre guide, Nicole Freygefond, fille du Crainque et son mari, Michel.

Et votre serviteur, reporter/photographe pour cette occasion.

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