Plaque Jacquou le Croquant

CHEMINS DE LA MEMOIRE

Prendre la route communale C3 et prendre le CR vers La Poularie. Faire 800 m pour rencontrer le panneau indicateur du Posadou, puis arriver 1,5 km plus loin par cette même voie (non goudronnée ) en haut du plateau boisé, à un carrefour de chemins de randonnées.

C’est dans le bois de chênes, à droite, au-dessus des étangs de la vallée du Turançon, qu’a vécu, la plupart du temps, de juin à décembre 1943, le premier maquis du Montignacois. Il devient, en janvier 1944, le detachement « Jacquou le Croquant ».

C’est dans le bois de chênes, à droite, au-dessus des étangs de la vallée du Turançon, qu’a vécu, la plupart du temps, de juin à décembre 1943, le premier maquis du Montignacois. Il devient, en janvier 1944, le detache-ment « Jacquou le Croquant ».

Les jeunes résistants trouvaient un abri dans une grotte naturelle située à 400 mètres environ du croisement des chemins, sur le flanc de la colline.

L’accès à cette grotte par l’itinéraire indiqué plus loin est possible mais il faut savoir qu’il emprunte un sentier à forte pente et sur un terrain privé.

Le noyau de militants communistes de Montignac qui avait manifesté une solidarité active envers les internés du camp du Sablou durant l’année 1940 (cf. plus haut) est à l’origine, dés 1942, d’une première organisation de résistance formée de « légaux ».

Ces derniers qu’on appelle aussi « statiques », sont des gens qui, tout en participant directement constamment ou occasionnellement – à l’action menée par la Résistance (réunions, fabrication et distribution de tracts, fleurissement des monuments lors des fêtes nationales, etc.), n’ont rien changé, au moins en apparence, à leur vie professionnelle et familiale (cf. introduction).

On y retrouve le duo Louis Ravidat-Léo Peyrat, artisans menuisiers, auquel vont se joindre bien d’autres Montignacois, parmi lesquels notamment le docteur Eugène Raymond, arrêté et déporté en mars 1944 avec son épouse Jane et Léo Peyrat. Le pas entre cette activité de « légaux » et la lutte armée contre l’occupant et le gouvernement de Vichy est franchi lorsqu’un certain nombre de jeunes requis par le Service du Travail Obligatoire ( STO ), au printemps 1943, choisissent la clandestinité et sont accueillis par les premiers maquis. C’est ainsi qu’au début du mois de juin, dans les collines boisées de La Chapelle Aubareil, à l’écart des routes principales, parmi une population majoritairement sympathisante, le premier groupe de maquisards s’installe au hameau de La Peyre.

Ce groupe, dont les trois premiers arrivants sont Jacques Boudy ouvrier boulanger, Pierre Brégégère dit « Zoé », et Lucien Roussignol, s’organise tant bien que mal avec la complicité de Sanfourche, maire de la commune, qui pourvoit à son ravitaillement.

Vu l’augmentation des effectifs (une vingtaine début septembre), et pour des raisons de sécurité, le camp change de lieu, passant de La Peyre aux bois de Roudoux, prés d’un moulin, puis au Posadou, sur un plateau très boisé situé à la jonction des trois communes de La Chapelle, Montignac et Valojoulx.

Les légaux de Montignac prennent le relais du ravitaillement. Le pain est fourni gracieusement par les boulangers Gatinel et Pradelou de Montignac, Delord de Thonac. Mais bientôt les maquisards peuvent présenter en échange des tickets récupérés auprès des mairies. Celle de Thonac est la premiere sollicitée. Il faut signaler ici, à propos de l’aide apportée au maquis par les « légaux », le travail considérable accompli par l’un d’entre eux, Julien Roussignol dit « Joseph », le frère de Lucien déjà cité, ancien ouvrier de la verrerie du Lardin, puis de l’usine Chaux, qui prenait ses consignes au café Ravidat, quai Mérilhou à Montignac, le premier « QG » de la résistance locale.

Un détachement FTP se forme ainsi, doté d’un chef venu de Meymac en Corrèze appelé « André ». Un peu plus tard, devenu « Jacquou le Croquant », il est placé sous l’autorité supérieure de Roger Ranoux dit « Hercule ».

Au début d’octobre, il reçoit le renfort de cinq soldats géorgiens, les premiers évadés de la « Légion géorgienne, l’Ost Bataillone 799 », unité spécialisée dans la répression des maquis, commandée par le capitaine Schmitt et installée depuis peu dans la caserne du 35e d’Artillerie de Périgueux.

Un affrontement du maquis de La Chapelle avec la troupe allemande a lieu le 12 novembre, alors que le camp vient d’être transféré dans le bois de Bobelier. C’est un détachement de « l’Ost Bataillon 799 » qui intervient et qui contraint les résistants à la fuite, seule issue pour eux compte tenu de leur armement sommaire ( un vieux fusil Mauser, quelques fusils de chasse et pistolets ). Ils se séparent en trois groupes, l’un part à La Vignolle prés de Saint-Amand de Coly qui sera aussi un refuge important pour les réfractaires au STO, les deux autres restent dans les bois de La Chapelle et se regroupent finalement au Posadou.

A l’origine de cette intervention des « forces de l’ordre », se trouve la délation d’un certain « Jacques », prétendument alsacien qui, se disant rescapé d’un maquis de l’Indre démantelé par les Allemands, réussit à infiltrer l’entourage local de la résistance.

Forts de leurs renseignements, les nazis visent aussi un certain nombre d’arrestations, parmi lesquelles celle de Julien Roussignol – dont on a souligné l’activité clandestine – qui a la chance de quitter à temps son domicile et l’usine Chaux où il travaille et celle de Gervais Juille 45 ans, habitant de La Chapelle, également proche du maquis qu’il ravitaille et renseigne.

Malheureuse victime de son hospitalité et du traître qu’il avait hébergé, il meurt à Mauthausen le 23 avril 1945.

Après cette chaude alerte, en décembre, les maquisards du Posadou prennent contact, au château de La Filolie, avec Roger Ranoux, chef du détachement « Lucien Sampaix » arrivant de Corrèze, et vont « émigrer » sur la rive droite de la Vézère où ils occupent successivement plusieurs campements.

Début janvier 1944, le groupe s’accroît de plusieurs jeunes de la classe 1944 menacés par le STO. Le chef , « André », malade, ayant rejoint la Corrèze, est remplacé par Albert Lafon dit « Toto » qui vient d’achever un stage à l’Ecole des cadres des FTP créée en octobre 1943, sur la commune de Fanlac.

C’est alors que le détachement prend officiellement le nom de « Jacquou le Croquant », avec une direction à trois têtes : « Toto », commandant aux opérations militaires, Marius Dupuy dit « Rodolphe », commissaire aux effectifs, Jean Besse dit « Bébé », commissaire technique.

Ce dernier s’efforce d’améliorer son armement, en particulier en réceptionnant, à la fin du mois de janvier, un parachutage d’armes et de munitions venu d’Angleterre, sur le terrain du Bos de Plazac. Il « recrute » aussi, fin février, un cuisinier qui fut fort apprécié et qui se fit appeler « Lustucru ». Ancien officier de la marine anglaise lors de la première guerre mondiale, Archibald Douglas était membre du Consulat de Grande Bretagne à Strasbourg, avant d’être « replié » en Dordogne, en septembre 1939, avec la population alsacienne. Demeurant avec sa famille à Montignac, il est sur le point d’être arrêté sur dénonciation, lorsqu’il est sauvé par un groupe « Jacquou le Croquant », alors installé au Petit Lac, sur la commune de Bars.

 

Les FTP de « Jacquou le Croquant » ont marqué la Résistance en Périgord par leurs actions de harcèlement des troupes nazies et de leurs alliés. Après la répression sanglante perpétrée par la division Brehmer en mars et avril 1944, une réorganisation des maquis est lancée.

C’est ainsi que le détachement « Jacquou le Croquant », de nouveau cantonné prés de La Chapelle Auba-reil, au Baradis, devient la 222e compagnie, du ter bataillon du sous-secteur A de la Dordogne, elle compte 111 hommes.

Cette compagnie participe activement à la libération de Périgueux le 19 août; certains de ses combattants s’engagent alors dans les régiments issus de la Résistance pour libérer définitivement le territoire, soit sur le front de l’Atlantique (Bordeaux-La Rochelle), soit dans l’est de la France.

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