Pont Lasveyras

Pont Lasveyras

Pont Lasveyras

Emplacement

moulin de la résistance
Beyssenac
Corrèze

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Le 16 février 1944, au petit matin, un détachement allemand surprend de jeunes réfractaires au STO au Moulin du pont Lasveyras, situé sur les bords de l’Auvezère, à Beyssenac. Au total, 34 hommes sont exécutés sur place, 12 faits prisonniers et transférés à la prison de Limoges puis dans les camps de concentration en Allemagne ; 5 d’entre eux n’en reviendront pas. Cette exposition est complétée par des objets ayant appartenu aux résistants. Chemin de la Mémoire : années 1940 à 1945, Sentiers pédestres et sentier botanique sur le site.

Exposition ouverte les vendredis, samedis et dimanches après-midi en juillet, août et septembre, de 13h30 à 18h30. Entrée libre et gratuite.

ANACR Dordogne:

« … prenons la direction du nord-est du département de la Dordogne et rendons-nous en Périgord vert, pour rejoindre Payzac, une des pointes du fameux triangle L.S.P. (Lanouaille, Sarlande, Payzac) dans lequel cohabitaient résistants affiliés à l’Armée secrète (AS) ou aux Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF).

Une fois le bourg atteint, prenons la la D 75, direction Pompadour. 3.6 km plus loin, tournons à gauche et empruntons le C. 208, direction Moulin de la Résistance de Pont-Lasveyras. Après 2 km, avant le pont, tourner à droite et remonter le chemin sur 1 km jusqu’au Moulin de Pont-Lasveyras. La stèle se trouve sur la droite, en allant vers le moulin.
« Les exploitations agricoles étant saturées, note-t-on dans le document édité par l’Amicale des Anciens maquisards du bataillon Violette, Brigade Rac, 50e R.I., à l’attention des maires des communes sur lesquelles des stèles ont été érigées, M. Devaud et ses camarades, membres du réseau local de la Résistance, cherchèrent un lieu où installer la centaine de jeunes qui était arrivée à Payzac. Ils choisirent, malgré l’opposition d’Audrerie, le moulin de la forge de Pissac ou du Pont Lasveyras : c’était un bâtiment désaffecté au bord de l’Auvézère qui n’avait comme seul moyen d’accès (côté Payzac) qu’un sentier et un chemin de charretier vers le moulin des Deux Eaux. Le moulin du Pont Lasveyras appartenait à un médecin de Limoges qui, malheureusement, était en contact étroit avec la Milice. Cette dernière, fondée le 30 janvier 1943, atteindra jusqu’à 20 000 volontaires. Elle était au départ chargée de compléter le service d’ordre de la gendarmerie mais eut bientôt la mission de lutter contre les maquis (maquis militaires des Alpes, d’Auvergne puis de nos régions) en association avec les troupes allemandes.
Audrerie commença alors à former militairement ces jeunes grâce aux parachutages d’armes par les réseaux anglais implantés en France, en particulier en Limousin-Périgord. Ceux-ci dépendaient du S.O.E. (Special Operations Executive) fondé par Winston Churchill, en juillet 1940, dont la mission était d’être parachutés sur place et de porter le désordre dans les pays d’Europe occupés ; en France, ils couvraient pratiquement toute la zone libre. Chaque groupe de base comprenait au minimum un chef, un opérateur radio, un spécialiste du sabotage, du monitorat de l’armement et du combat clandestin. Ces groupes subissaient un entraînement intense et de nombreux Français en faisaient partie. C’est par leur intermédiaire que passaient les ordres de parachutages d’armes, de munitions et autres matériels nécessaires à leur action et qui fixaient les lieux et codes. Au début de 1944, les réfractaires étaient embrigadés suivant leur point de chute ou leur lieu de résidence, car la grande majorité était de la région proche, dans deux formations : l’AS et les FTP.
Au moulin du Pont Lasveyras, il y avait deux sections, ce qui représentait une centaine de jeunes de 16 à 20 ans. L’une des sections venue d’Excideuil était commandée par Raymond Pivert dont le nom de guerre était Guy Lachaud ; l’autre était commandée par Jean Delage, dit Jeantou, un jeune homme de 22 ans originaire de Pompadour.
Ce 15 février 1944, Pivert était parti à l’hôpital de Clairvivre se faire opérer, il avait emmené avec lui quelques fiévreux; d’autres étaient au loin en mission. Il ne restait qu’une quarantaine de jeunes ce soir-là.
Comme d’habitude, deux sentinelles placées en dehors du camp, dans les bois, gardaient le sentier d’accès ; elles étaient relayées dans la nuit. Tout était calme et Audrerie rentra à Payzac après avoir donné les dernières instructions à Jeantou. Il faisait très froid et la neige commençait à tomber.
Au petit matin, un groupement allemand, fort de quatre compagnies, bouclait les accès des environs. Un détachement, accompagné de trois ou quatre miliciens en civil, encercla le moulin et se mit à tirer, après avoir égorgé les sentinelles.
Nous avons appris plus tard, grâce aux archives de la Gestapo de Limoges, que deux jeunes les avaient guidés jusqu’au moulin. Ils s’y étaient infiltrés quelques jours avant avec des jeunes réfractaires et auraient quitté le moulin la veille.
Quelques temps après leur forfait, ils se sont engagés chez les F.T.P. en Charente. L’un deux, démasqué, fut fusillé, l’autre a disparu et l’on n’a jamais su ce qu’il est devenu. »
Inauguré à la fin de l’été 2013, en présence de plusieurs élus dont Jean-Michel Lamassiaude, conseiller général et maire de Payzac, un chemin de la mémoire comprenant dix stations réparties sur le site, retrace en lettres rouges sur fond bleu l’histoire de ce bout de terre, aux confins de la Corrèze et de la Dordogne, et aborde, par des textes et un cheminement, oeuvre de Pierre Thibaud, adjoint au maire de Payzac et historien local, la Résistance, les années 1940 à 1945, l’Appel du Général de Gaulle, les hommes célèbres de cette époque tels que Churchill, Moulin ou Michelet, les parachutages, le massacre du 16 février, la France libérée… De plus, des informations relatives à la nature, à la faune et à la flore locales permettent de mieux connaître ce site boisé, calme et propice aux balades grâce à plusieurs sentiers pédestres et au sentier botanique du Moulin de la papeterie.
Trente-quatre hommes furent exécutés sur place : Paul Bitard, 20 ans ; Albert Borderie, 21 ans ; Albert Brun, 20 ans ; André Cadet, 20 ans ; Pierre Charazin, 21 ans ; Yves Crouzy, 22 ans ; Maurice Damis, 22 ans ; René Daubisse, 21 ans ; Robert Delage, 20 ans ; Jacques Duboué, 20 ans ; André Dupuy, 23 ans ; André Enault, 23 ans ; Enault Francis, 21 ans ; Jean Eveine, 20 ans ; Adrien Farout, 20 ans ; Jean Gardes, 19 ans ; Raymond Gatinel, 20 ans ; Hermann Gelberger, 19 ans ; Roger Girardeau, 20 ans ; Raymond Granger, 20 ans ; Edmond Lagorce, 20 ans ; Albert Lavaud, 20 ans ; Joseph Le Jalu, 22 ans ; Jean Loseille, 20 ans ; François Machefer, 20 ans ; Pierre Madronnet, 20 ans ; Pierre Missegue, 20 ans ; Henri Peyramaure, 20 ans ; Joseph Pompognat, 20 ans ; Noël Pouyadou, 23 ans ; Paul Schneider, 21 ans ; Raymond Simon, 23 ans ; Robert Soudeix, 25 ans.
Cinq sont morts en déportation : André Bartou, 20 ans ; Jean Pierre Delage, 24 ans ; René Laguionie, 20 ans ; Max Madronnet, 22 ans ; Léon Marsaleix, 22 ans.
Sept ont survécu à la déportation : Honoré Birolet, 20 ans ; Alexandre Bossavit, 21 ans ; Roger Delon, 20 ans ; Pierre Marchat, 20 ans ; Robert Maury, 20 ans ; Léon Promit, 20 ans ; Jean Rémy, 20 ans. André Cubertafon, Roger Joubertie, Audor alias Parigot figurent parmi les rescapés du massacre.
Chaque année, à la date anniversaire, une émouvante cérémonie qu’organise le syndicat mixte du Moulin de la Résistance, que préside Francis Comby, le maire de Beyssenac, réunit, aux confins de la Dordogne et de la Corrèze, entre 500 et 1000 participants, dans les gorges de l’Auvézère.
Celle du 70e anniversaire qui a soulevé quelques polémiques s’est déroulée en présence notamment de Hans-Werner Bussmann, consul d’Allemagne à Bordeaux, Fritz Körber, ancien vice-président de Moyenne-Franconie, à l’origine de différents jumelages avec le Limousin et de son ami Robert Hébras, dernier rescapé d’Oradour-sur-Glane, dans la dignité et le recueillement. Francis Comby, le seul à prendre la parole, s’est efforcé, dans une allocution très consensuelle, de rapprocher les mémoires, tant franco-allemandes que franco-françaises, insistant sur le nécessaire devoir de mémoire en direction des générations futures.
La stèle érigée en ce lieu honore la mémoire de ces 34 jeunes résistants ayant, ce jour-là, trouvé la mort et des 12 autres arrêtés avant d’être déportés dont cinq ne revinrent pas de l’enfer concentrationnaire nazi.
« Mortuorum sorte discant viventes »
Que le destin des morts soit un enseignement pour les vivants… »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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