80e anniversaire de l’évacuation des Alsaciens en Dordogne

80e anniversaire de l’évacuation des Alsaciens en Dordogne

« Après 3 jours de voyage, nous arrivons à Eymet, puis nous sommes acheminés vers Saint-Aubin. Un repas copieux et chaud nous est servi dans un restaurant à côté de la gare. Quel réconfort ! Nous passons la première nuit, tous les six chez le garde-barrière, heureux de ne pas être séparés. Le lendemain, nous rejoignons les autres familles alsaciennes dans le bourg. Là, des paysans viennent avec des charrettes pour nous emmener chez eux, à Saint-Aubain, puis à Rouquette ; une autre vie commence ici pour nous.  »                 
Fernand Klethi, Mon enfance en Alsace annexée, fiches pédagogiques de l’AMAM

Il y a quatre-vingt ans, près de 100 000 Alsaciens ralliaient la Dordogne dans des trains spéciaux ou par leurs propres moyens, à la suite de la déclaration de guerre avec l’Allemagne. Cette vaste évacuation avant que soit tiré le moindre coup de feu, touchant en priorité Strasbourg et le Bas-Rhin, avait été préparée de longue date. La Dordogne a été choisie pour son éloignement d’un éventuel front. Cet épisode a laissé des traces dans les mémoires aussi bien en Périgord qu’en Alsace.

Le Conseil départemental et la Ville de Périgueux se sont associés pour ce 80ème anniversaire en recevant une délégations des élus de ces communes alsaciennes évacuées.

Accueillie vendredi 5 décembre en Mairie de Périgueux, la délégation a pu assister le soir au spectacle « D’Ill en Isle. 1939-1940. Un train pour Périgueux » de Jean Bonnefon & Christophe Voltz, des personnages, des histoires et des chansons d’Alsace et du Périgord, vendredi 6 décembre 2019 à 21 h au Palace, 15 rue Bodin à Périgueux:

La délégation, après une rapide visite de la vieille ville de Périgueux et de son marché de Noël, s’est rendue le lendemain matin à la gare pour une cérémonie de dévoilement d’une plaque qui commémorera ces évènements:

Le soir, une réception en l’honneur de ces visiteurs a été organisée par le Conseil départemental au sein de Lascaux IV à Montignac avec:

  • Projection du documentaire « Strasbourg-Périgueux, un destin commun »;
  • Conférence de Richard SEILER « L’évacuation des Alsaciens et populations civiles de l’Est de la France en 1939 »;
  • Concert de l’ensemble instrumental de la Dordogne
  • Intermède conté par Daniel L’HOMOND

 

Voici le compte-rendu que nous en fait Hervé Chassain dans l’édition de Périgueux de Sud-Ouest le dimanche 8 décembre:

«Dans cette gare, près de 80 000 personnes sont arrivées d’Alsace, du 6 au 25 septembre 1939, avec parfois 4 500 personnes à accueillir par jour», raconte Antoine Audi, maire de Périgueux. Il vient de dévoiler une plaque en commémoration « de l’amitié entre deux villes »: la capitale du Périgord et Strasbourg. Au lendemain de la déclaration de guerre entre la France et le IIIe Reich, de nombreux Strasbourgeois avaient dû être évacués vers le sud de la France en prévision des futurs combats. Catherine Bergdolt, venue avec son costume alsacien, fait le bonheur des photographes. Elle le porte en hommage à sa mère, âgée de 90 ans, qui ne peut plus faire le voyage pour retrouver les familles qui l’ont hébergée en pays vernois après l’évacuation.

Dans la France de l’intérieur

«Ce fut un choc pour les habitants de notre ville », rappelle Nicole Dreyer, adjointe au maire à Strasbourg, venue passer deux jours en Dordogne, avec 130 Alsaciens pour célébrer cet anniversaire. « C’était un voyage dans l’inconnu de la France de l’intérieur pour beaucoup de gens qui n’étaient jamais partis de chez eux… Et quand ils sont rentrés, un an plus tard, ils ont retrouvé leur ville hérissée de croix gammées ». Laurence Muller-Bronn, vice-présidente département du Bas-Rhin rappelle l’engagement des Alsaciens qui sont restés aux côtés de Périgordins dans les maquis, partis ensuite ensemble libérer leur territoire. Après les cérémonies à Périgueux, c’est à Lascaux que se sont retrouvés, hier, autour de Germinal Peiro, les représentants des villes évacuées, dont 13 sont jumelées avec des communes de Dordogne. Au fil des étapes Catherine et François Schunck ont savouré ces moments. Par leurs recherches, et leurs livres (1), ils ont largement contribué à raviver la mémoire de cet événement. »

(1) «Strasbourg Périgueux, villes sœurs» (Éditions Secrets de pays), par Catherine et François Schunck (20euros).

ET celui de la Dordogne Libre:

« Les cérémonies des 80 ans de l’évacuation de l’Alsace et de la Moselle se sont poursuivies, samedi. Entre le dévoilement d’une plaque à la gare et le recueillement au cimetière de l’ouest, l’émotion était grande. En particulier pour la délégation alsacienne venue se souvenir.

Après une journée de vendredi placée sous le signe de la découverte, avec balade aux flambeaux dans la ville et pièce de théâtre au Palace (lire DL de samedi), la délégation alsacienne et les élus ont poursuivi samedi la commémoration du 80e anniversaire de l’évacuation des populations alsaciennes en Dordogne, avec une journée consacrée cette fois au recueillement et au souvenir.
Première escale au cimetière de l’Ouest, près de la gare, où plusieurs gerbes ont été déposées à l’ossuaire des 305 Alsaciens « déplacés et décédés à Périgueux » en 1939-1945 comme l’indique l’épitaphe. Un moment de recueillement s’en est suivi, comme à l’ossuaire israélite.

La délégation a ensuite pris le chemin de la gare, où une plaque a été dévoilée sur la façade ; puisque c’est là, que, en septembre 1939, « sont arrivés 80 000 Alsaciens habitants de Strasbourg et des communes du Ried, proches de la ligne Maginot, transférés en Dordogne sur ordre de l’état-major français, en application d’un plan d’évacuation préparé de longue date ». »

Retrouver le reportage sur France Bleue en suivant ce lien: France Bleu Périgord

Et Sud-Ouest, à nouveau, le 12 décembre dans les pages locales:

« Une nouvelle fois, le hall du centre international d’art pariétal, Lascaux IV, est devenu une salle de concert pour les cérémonies du 80e anniversaire de l’évacuation des Alsaciens en Dordogne. L’ensemble instrumental du département, dirigé par Patrick Hilliard, a interprété des œuvres de Peter Watlock, Wolfgang Amadeus Mozart et de Marie-Joseph Erb. Visite et concert Ils ont joué «En Dordogne» de MarieJoseph Erb, compositeur alsacien évacué à Périgueux où il a composé cette œuvre en trois parties alors âgé de 81ans et c’est la première fois que l’on pouvait entendre sa musique. L’après-midi a débuté par une visite de Lascaux, une projection, puis une cérémonie officielle et chaleureuse, avant une conférence de Richard Seiler, historien strasbourgeois. Ce dernier a suggéré de s’intéresser au ressenti des Périgourdins face à l’afflux massif des réfugiés alsaciens et mosellans, mais également espagnols, italiens et français d’autres régions. Une Alsacienne en tenue typique, comme l’Arlésienne, n’est jamais venue et l’assistance l’a longuement attendue. »

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